Le Gouvernement a annoncé que le projet de loi de Finances initiale (PLFI) pour l’année 2026 intègre désormais de manière plus claire les attentes de la population et du secteur privé. Le ministère de l’Economie et des Finances précise que la préparation du texte a débuté dès le mois de mars 2025 et qu’elle a donné lieu à des concertations approfondies avec les différents acteurs concernés.
Lors d’une conférence de presse tenue hier au Plan à Anosy, le ministre Herinjatovo Ramiarison a rappelé que l’un des piliers du PLFI 2026 repose sur une « fiscalité responsable et une mobilisation accrue des ressources », tout en mettant en avant les objectifs d’un Etat mieux géré, d’une réponse concrète aux attentes des citoyens et d’un soutien à la relance économique. Le taux de prélèvement fiscal, actuellement estimé à environ 11 % du produit intérieur brut (PIB), reste inférieur à la moyenne régionale, ce qui pousse le Gouvernement à chercher de nouveaux leviers de financement.
Pour y parvenir, le projet prévoit une réforme ciblée de l’impôt sur les revenus salariaux : les hauts revenus seront désormais imposés à un taux de 25 %, contre 20 % auparavant. Parallèlement, la masse salariale de la fonction publique devrait augmenter de 26 %, pour atteindre près de 4 852 milliards d’ariary. Le ministre a justifié cette hausse par le retard accumulé dans la revalorisation des salaires. « Ce niveau de 14 % d’augmentation globale des salaires est, pour l’heure, ce que nous sommes en mesure d’assurer », a-t-il indiqué. Selon Herinjatovo Ramiarison, cette mesure vise surtout à compenser trois années sans réajustement des rémunérations publiques.
Indemnités revalorisées
Les nouvelles dispositions prévoient également une revalorisation progressive des indemnités, notamment celles de logement, de craie et de risque, qui concernent surtout les enseignants et le personnel médical. L’Etat souhaite que la hausse des salaires entre en vigueur dès le début de l’année prochaine, tandis que l’application des nouvelles indemnités est prévue pour juillet 2026. Cependant, le ministre a précisé que la mise en œuvre dépendra du rythme des rentrées fiscales : « Nous finalisons encore certains détails. Tout dépendra de la capacité de l’Etat à encaisser ses recettes dans les délais ».
Sur le plan plus global, le PLFI 2026 met l’accent sur le redémarrage économique à travers un dialogue renforcé entre le secteur public et le secteur privé. Ce cadre de concertation a pour objectif de rendre les mesures plus cohérentes avec la réalité du terrain et d’encourager la création d’entreprises locales. « Le recours à une fiscalité élargie et à des dépenses mieux ciblées permettra de financer le développement tout en soutenant les acteurs économiques », a résumé le ministre.
Pour certains économistes, cette politique reste toutefois un pari risqué dans un contexte où l’économie informelle représente encore une grande part de l’activité nationale. Comme le souligne un membre du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar : « Si les travailleurs formels supportent seuls l’effort fiscal, cela risque d’accentuer le déséquilibre et de freiner la compétitivité ». L’enjeu pour l’Etat sera donc de concilier relance, justice fiscale et soutenabilité budgétaire, dans une période où les marges de manœuvre financières demeurent étroites.







