Publié dans Editorial

Francophonie

Publié le dimanche, 23 mars 2025

Madagasikara a célébré ce jeudi 20 mars la « Journée mondiale de la francophonie ». Etant un  pays qui, avec d’autres, partage partiellement ou entièrement l’usage de la langue française, la Grande île a organisé des cérémonies officielles et ce en présence, une première à Madagasikara, de Mohamed Thani Soilihi ministre délégué chargé de la francophonie et des partenaires internationaux auprès du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères. Le tout dans le cadre d’un préambule de la venue du Président français Emmanuel Macron à Madagasikara, présent pour le V ème sommet de la Commission de l’océan Indien le mois prochain. En 2016, lors du XVI ème sommet de la francophonie, à Madagasikara, le Président français François Hollande participait à la cérémonie et y prenait la parole. En 2004, le Président Jacques Chirac effectuait une visite-éclair à Madagasikara. Mais c’est une grande première pour le pays où l’on s’apprête à recevoir un Chef d’Etat français, en exercice, en visite d’Etat et en même temps de prendre part au  sommet de la COI ce mois prochain. 

Toutefois, quand on évoque l’usage du français dans un pays qui est le nôtre, il est impossible de ne pas revisiter l’histoire relative à l’usage de la langue de Molière au pays. Madagasikara avait déjà sa langue, le malagasy, avant que les colons aient mis les pieds au pays et imposent la langue des conquérants sinon des dominants. Le malagasy, une langue parlée et comprise du nord au sud, d’est en ouest de la Grande île. Une langue maternelle qui peut varier en déclinaison d’une Région à l’autre mais on peut très bien le comprendre dans tout Madagasikara. A l’époque où Gallieni, le gouverneur général, prenait quartier dans le pays, la première préoccupation qu’il se fixe c’est d’imposer la langue de son pays, le français. « Il faut franciser les Malgaches », disait-il. A la fin  du XIX ème siècle, l’élite naissante maîtrisait, à part le malagasy, l’anglais, la langue des missionnaires. Ainsi, Gallieni à l’aube de la colonisation s’efforçait comme sa priorité d’effacer l’usage de la langue de Shakespeare et imposer la langue de Molière. Très vite, les élèves dans les écoles officielles maîtrisent le français qui, au final, devient une mode pour les jeunes. Les critères définissant la posture des « gens cultivés » se mesurent en fonction de la maîtrise du français. Nous-mêmes, nous étions moulés sur le modèle de la culture de la mère patrie. Ce fut une référence sociale ! Ayant mon baccalauréat avant 1972, j’ai fait tout l’enseignement primaire et secondaire dans le système français. En terminales, dans un grand lycée de la Capitale, tous les professeurs furent des ressortissants français sauf évidemment celui qui nous a enseignés le malagasy.

La problématique que la Grande île se doit d’affronter réside sur le fait que les Malagasy d’aujourd’hui ont perdu la maîtrise du français. Le niveau du français, en tant que langue d’enseignement, baisse considérablement dans les écoles à tous les niveaux. Parallèlement, on ne sait pas ni écrire ni lire correctement le malagasy. Un défi épineux auquel les responsables de l’éducation nationale doivent obligeamment relever.

La « Journée mondiale de la francophonie » s’inscrit dans la ligne de la mobilisation générale pour soigner l’image de la langue de Molière en simultané celle de Rabearivelo. 

Ndrianaivo

 

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Editorial

  • Vandalisme légal ?
    La Grande île «retombe de nouveau » dans l’implacable piège de la crise politique. L’image flagrante de quelqu’un qui marche sur le fil d’un rasoir, d’un fil-de-fériste ou d’un équilibriste qui joue au prix de sa vie à une altitude proche de la pointe de la Tour Eiffel colle sur les réalités du pays à ce moment précis. La moindre maladresse sinon d’inattention, on risque le pire !

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