Publié dans Editorial

Laïcité !

Publié le mercredi, 16 janvier 2019

« Pas de bible, pas de culte ! » Une déclaration choc de Jean Eric Rakotoarisoa, président de la Haute Cour constitutionnelle (HCC), autour de la cérémonie d'investiture du samedi 19 janvier à Mahamasina qui créa des vagues auprès de l'opinion. Et pour répondre à ses « détracteurs », le professeur de Droit constitutionnel persiste et signe à ceux ou celles qui veulent l'entendre qu'il s'agit d'une cérémonie républicaine. Pour une fois, le principe de la laïcité de l'Etat, nettement mis en valeur dans cette nouvelle disposition, est respecté. En fait, le président de la HCC n'a fait que remettre les pendules à l'heure !

En droit, la laïcité est le « principe de séparation dans l'Etat de la société civile et de la société religieuse » et « d'impartialité ou de neutralité de l'Etat à l'égard des confessions religieuses ». Depuis des siècles, l'Eglise (Rome), la « Mère incontournable », régnait en maître sur tous les régimes en Occident tandis qu'en Orient, d'autres structures religieuses pesèrent sur l'Etat. Les choses ont bougé depuis. En 1881, Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique fait voter la loi sur l'école gratuite, obligatoire et laïque. Ce ne fut que le début d'un chantier qui devait, d'ailleurs, aboutir à la séparation de fait de l'Etat à l'Eglise en 1905. Mais, la discussion tournant autour du concept de la laïcité reste toujours vivace en France. Récemment, le 29 janvier 2015, le président François Hollande devait se plier à des échanges d'idées sur le « Thème de la laïcité » avec différents interlocuteurs.

A Madagascar, le sujet sur le principe de la laïcité de l'Etat reste problématique. Alors que la Constitution de la République est plus claire que jamais voire limpide concernant ce thème ... dérangeant, les tenants du pouvoir continuent de le nier.Dans son Préambule, en tout début, la Loi fondamentale affirme que le Peuple malagasy croit en Andriamanitra Andriananahary. Cependant, selon le Titre Premier « Des principes fondamentaux »Art. I - « Le peuple constitue une Nation organisée en Etat souverain, unitaire, républicain et laïc ». Des précisions s'ajoutent dans l'Art. 2. En substance, toute immixtion de l'Etat dans les affaires de l'Eglise et vice versa est strictement interdite. Ainsi dès l'entame, la Constitution annonce la couleur sur la laïcité irrévocable de l'Etat. Seulement voilà, tous les régimes successifs, en particulier les deux derniers, TIM et HVM, s'arrogeaient le droit de le piétiner, notamment, en ce qui concerne la laïcité de l'Etat. Des entorses à répétion malmènent la Constitution. L'Etat utilise l'Eglise à des fins bassement politiques et l'Eglise se permet de moraliser les dirigeants politiques. Le geste du président de la FJKM, peu avant la proclamation officielle du scrutin du deuxième tour, en est l'illustration.

Il est grand temps que les choses se normalisent. L'Etat républicain de Madagascar mérite de retrouver sa lettre de noblesse. Une cérémonie républicaine n'est pas une cérémonie religieuse. Pasteurs, prêtres ou « mpiandry » de tout acabit doivent se limiter ou se cantonner dans leurs paroisses respectives. Qu'ils ne s'ingèrent plus dans les affaires publiques sinon de l'Etat. Et inversement, que l'Etat sache se conduire vis-à-vis de l'Eglise. Les dirigeants politiques doivent mettre un terme à ce clientélisme religieux ! Que l'Etat et l'Eglise s'interdisent de toute immixtion.

Vive la République laïque !

Ndrianaivo

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Editorial

  • La fin d’une présence ! 
    L’USAID ferme définitivement ses portes. Présente à Magasikara depuis 1984, l’Agence américaine pour le développement quitte pour de bon le pays. Fondée le 3 novembre 1961 par l’administration américaine du temps de John Fitzgerald Kennedy, le 35 ème Président des Etats-Unis, l’United States of America Agency for international Development (USAID), présente dans la Grande île depuis 40 ans, fut un pilier de l’aide internationale américaine. A Madagasikara, les domaines d’activités privilégiés par l’USAID tournaient autour des secteurs sociaux prioritaires comme la lutte contre la pauvreté, assistance pour la consolidation de la résilience de la population, amélioration de la santé publique, la sécurité alimentaire, etc.

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