Le bout du tunnel. Sauf incident de parcours de dernière minute, c’est ce qu’on ne leur souhaite pas, des centaines de patients mis en quarantaine pourront de nouveau humer l’air libre cette semaine.
« Après une quinzaine de jours de confinement à l’hôtel sans le moindre contact avec ma femme, ma mère et le reste de ma famille, j’entrevois maintenant la fin de cette période d’isolement » clame Alain (prénom d’emprunt), un des 500 derniers passagers malagasy venant de l’extérieur et débarqués à Madagascar avant la fermeture des liaisons aériennes entre le pays et le reste du monde. Alain a accepté de nous envoyer par email ses impressions avant et pendant son confinement.
Arrivé de Paris à bord d’un des derniers vols de la compagnie Air France à destination d’Antananarivo, Alain a été de suite emmené et placé dans un hôtel avec d’autres passagers. « Une fois à l’hôtel et seul dans ma chambre, j’ai eu un sentiment d’injustice envers nous tous, privés de retrouvailles avec la famille. Pourquoi ceux qui sont arrivés quelques jours avant ont pu rejoindre de suite leurs proches et pas nous », a fait –il remarquer. Toutefois, continue –t-il, au vu des résultats de ces derniers jours, la mise en confinement est légitime. « Seulement dommage que cela ne soit pas fait une semaine auparavant pour éviter les ravages des pérégrinations du touriste qui a fait le tour de la région sans savoir qu’il était malade », avance le patient qui a fini tout de même par accepter la situation dans laquelle il se trouve avec des centaines de passagers dont certains sont hébergés dans le même hôtel que lui.
L’angoisse était à son comble en attendant la visite médicale et les résultats des prélèvements effectués par les contrôleurs, narre Alain. Elle s’est manifestée à l’issue du premier test quand une dame a été contrôlée positive et récupérée dans la nuit pour être transférée à l’hôpital. « Sans la prévenir, des médecins sont venus à 22 h30 et l’ont embarquée dans une ambulance. La dame pleurait à chaudes larmes comme si elle était coupable de quelque chose. Il régnait un silence de cathédrale dans l’hôtel durant le transfert nocturne de cette dame. Depuis ce soir-là, c’est l’angoisse totale pendant deux jours à l’issue de chaque test pour savoir s’ils vont passer ou non », raconte Alain qui était testé négatif deux fois. Il espère de même pour le troisième qu’il devra passer d’ici peu et qui lui permettra enfin de retrouver ceux qui lui ont manqué depuis 15 jours.
La journée de chaque confiné se résume au réveil, aux repas, au passage des médecins et au coucher. « Chacun reste dans sa chambre et s’occupe comme on peut en écoutant de la musique ou la radio s’ils en ont la possibilité, en lisant, en travaillant car beaucoup sont des actifs et qui doivent gérer leur travail malgré une connexion internet poussive. Nous faisons nous -mêmes la lessive et la vaisselle ainsi que le nettoyage de notre chambre. Chacun garde ses couverts et les nettoie pour éviter toute contagion. Nous suivons les informations locales par le biais de l’internet car il n’y a qu’une seule chaine de télévision (France info). Pour nos besoins quotidiens comme le crédit téléphonique, savons, mouchoirs ou autres, une personne fait le tour des chambres dans la matinée pour avoir la liste des courses à faire pour chaque pensionnaire. Après le déjeuner et quand les gendarmes nous l’autorisent, on prend un bain de soleil individuel d’une heure dans le hall de l’hôtel.
Alain reconnait que le confinement est une bonne idée bien qu’il soit un peu tardif. « C’est une aventure humaine qui nous a permis de faire connaissance et de vivre en communion avec des gens qu’on ne connaissait pas avant », avoue ce patient qui attend impatiemment sa sortie à l’issue du test rapide collectif de cette semaine annoncé par le Président de la République.
« Croisons tous les doigts pour que l’épidémie au niveau de notre pays s’arrête là et que les cas contacts soient réduits au minimum pour que le COVID- 19 soit circonscrit rapidement », souhaite Alain en guise de conclusion.
La rédaction
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