Les Etats-Unis et l'Europe représentent le plus grand débouché pour la vanille malagasy. A titre indicatif, 80% de la vanille naturelle consommée au pays de l'Oncle Sam vient de la Grande île. Pourtant, l'industrie agroalimentaire de l'Ouest est au ralenti à cause du coup dur infligé par le virus à son système socioéconomique. La situation impose nécessairement une nouvelle dynamique de concurrence entre les exportateurs qui se bousculent pour écouler le plus de produit possible malgré le rétrécissement du marché.
Madagascar exporte chaque année entre 2 000 et 2 500 tonnes de vanille générant quelque 5 700 milliards d'ariary. Ces produits occupent environ 65% du marché international, le pays étant le premier producteur mondial de la vanille naturelle. Les trois dernières années étaient une période de vache grasse pour les acteurs de la filière. Tout le monde, depuis les producteurs, y trouvait son compte car le prix du kilo avait grimpé jusqu'à 2,4 millions d'ariary en 2017. Pourtant, une baisse vertigineuse du prix est inévitable cette année en raison de la crise mondiale.
Les mauvaises pratiques mettant en jeu la qualité de la vanille malagasy ne sont pas encore totalement maîtrisées. Des organismes internationaux comme le département américain du Travail (USDOL) en partenariat avec le Bureau international du Travail (BIT) interviennent pour appuyer le pays dans la promotion d'une filière vanille durable, en particulier par la promotion du travail décent et l'éradication du travail des enfants dans le secteur vanille. Mais des cas qui vont dans le mauvais sens ont toujours été rapportés.
Bien avant l'ouverture de la campagne en cours, des vols de gousses de vanille verte non encore arrivées à maturité a fait rage dans la brousse. La corruption et la lacune du contrôle sur les axes routiers permettent aux produits illicites de circuler librement. Des quantités clandestines sont parvenues à s'insérer dans des cargaisons envoyées à l'étranger. Les soi-disant propriétaires échappent ainsi au paiement des ristournes pour les collectivités et les impôts pour l'Etat.
Hier, le chef de Région Analanjirofo a rappelé la nécessité pour les acteurs de la filière de bien se conformer à la loi en vigueur. Si jamais la campagne se déroule mal, Madagascar risque gros pour l'avenir, qui reste encore incertain, car tout dépendra de l'évolution de la situation sanitaire mondiale. Entre temps, chaque pays producteur déploiera sûrement des efforts pour trouver les meilleures astuces pour rester compétitif eu égard à l'accroissement de la concurrence.
M.R.