Les intéressés ont le cœur lourd. Force leur est de verser de chaudes larmes en entendant la mauvaise nouvelle les concernant. Des noms des enseignants fraîchement recrutés ont été effacés de l’Application unique pour la gestion uniforme des ressources humaines de l’Etat (Augure) ou le logiciel conçu pour gérer les ressources humaines de l’Etat. Mais même le ministère de l’Education nationale (MEN) a perdu son latin face à la situation.
Contrairement à leurs pairs, des enseignants recrutés pour le compte de la 6e vague de cette année ont vainement attendu de recevoir leurs contrats de travail depuis mars. Finalement, après moult vérifications, leurs dossiers sont déclarés introuvables. Ils ne sont ni au ministère titulaire ni au ministère de la Fonction publique ni au ministère de l’Economie et des Finances (MEF). En principe, tous les dossiers passent par ces trois différents départements.
Postes budgétaires
La liste-mère des recrues ayant rempli les critères contiennent bel et bien les noms des intéressés. Le MEN leur a attribué des postes budgétaires. Si c’est ainsi, leurs dossiers ne souffrent d’aucune anomalie lors de leur étude. Le processus s’est d’ailleurs déroulé en toute transparence, toutes les candidatures ayant été traitées au niveau du guichet unique sous la responsabilité de la direction des ressources humaines dans l’enceinte de l’Institut national de formation pédagogique à Mahamasina.
Il y a aussi des cas qui paraissent inconvenants. Les noms des enseignants recrutés ayant reçu leurs contrats en bonne et due forme sont aussi supprimés dans les bases de données gérées par le MEF. Des postes budgétaires leur ont été attribués. Mais Antaninarenina refuse d’émettre les mandatements en leurs noms. Il leur est donc impossible de toucher leurs salaires mensuels. Du coup, ils ressemblent à leurs camarades non recrutés.
Solution proposée
Selon une source auprès du MEN, seul le MEF a accès à l’Augure. Ce département reste le seul à être habilité à manipuler le logiciel. Les suppressions sont donc effectuées au niveau d’Antaninarenina sans pour autant que personne en sache les raisons effectives. Ce qui est triste dans l’histoire est que le recrutement pour la 6e vague a été clôturé.
Il n’est plus possible pour le MEN de revenir sur le cas des calés, le recrutement pour la 7e vague au titre de l’année 2021 étant déjà en cours. La solution proposée par le ministère est de faire prioriser les dossiers des enseignants recrutés lors de la 6e vague dans l’établissement de la liste des recrues pour le compte de la 7e vague. Entre temps, les chanceux jouissent déjà de leurs avantages numéraires.
Selon une source bien informée, environ 7 500 agents de l’Etat seraient identifiés comme des fonctionnaires fantômes. Les effectifs annoncés lors d’un Conseil des ministres en octobre ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Le MEF aurait procédé à la suspension de leurs soldes dès la première semaine d’octobre. Des embauchés du MEN auraient été traités comme s’ils étaient des fonctionnaires fantômes également, semble-t-il.
Politisation à outrance
L’utilisation de l’Augure marque une étape décisive dans la gestion des ressources humaines de l’Etat. Elle est rendue possible grâce, entre autres, au recours à la version améliorée du logiciel. Le software aide les autorités, en collaboration avec l’Union européenne, à assainir et à améliorer les ressources humaines de l’Etat. Le Gouvernement réceptionnait en janvier les équipements informatiques pour l’application du logiciel Augure.
Le foisonnement des fonctionnaires fantômes est le fruit de la politisation à outrance de l’administration publique. Les politiciens qui parviennent à s’installer au pouvoir placent aussi des personnes de leur choix à différents postes de l’appareil d’Etat.
Après le départ des « placeurs » passagers, elles continuent à percevoir des salaires et avantages même en n’étant pas embauchées définitivement. Il y a lieu de reconnaître que les dépenses allouées aux fonctionnaires non répertoriés dans la liste officielle coûtent cher au budget annuel de l’Etat.
M.R.