Publié dans Politique

Trafic d’or aux Comores - 11 opérations en 4 mois !

Publié le dimanche, 09 janvier 2022

Ahurissante ! La révélation faite par le procureur de la République des Comores, Ali Mohamed Djounaid sur le trafic d’or sur l’axe Madagascar-Comores- Dubaï dépasse l’entendement. Au lendemain du placement en détention préventive des 10 personnes incriminées, dont les deux Malagasy, à la tentative d’exportation  à Dubaï  de 49kg de lingots d’or, le 28 décembre dernier, le premier responsable de l’enquête a fait face à la presse comorienne pour livrer des informations, ô combien importantes et intéressantes tant pour les Comoriens que pour  les Malagasy.

Selon le procureur de la République, les auditions des présumés coupables ont fait sortir qu’entre le mois de septembre et décembre de l’année dernière,  11 opérations de ce genre ont eu lieu avec le même mode opératoire. « L’or qui provient de Madagascar emprunte la voie maritime et dissimulé dans des glacières comme étant des poissons. Les marchandises sont ensuite récupérées au large des côtes anjouanaises par de vedette rapide avant d’être expédiées dans la partie sud de la Grande Comore dans l’attente du départ vers Dubaï par des vols réguliers d’Ethiopian Airlines », a détaillé le procureur de la République des Comores. Une dizaine d’opérations réussies qui équivalent à des centaines de kg de métaux précieux sortis illicitement  de la Grande île et vendus à Dubaï… 

 C’est toujours le circuit utilisé par ce réseau avant la découverte à l’aéroport international de Moroni où le 28 décembre 2021, les deux Malagasy, Azaly Pacheco et Pierre Stenny, ainsi qu’un Comorien, Elhad Ibrahim Halifa, ont été appréhendés dans le salon VIP avec 49 kg de lingots d’or à embarquer à bord d’un jet privé pour Dubaï. Les trafiquants ont dû affréter cet aéronef pour leur destination finale suite à la suspension de la liaison aérienne entre Addis-Abeba et les Emirats arabes unis. Deux parmi les Comoriens cités dans l’affaire possédaient effectivement des vedettes rapides en l’occurrence Elhad Ibrahim Halifa et l’ancien receveur des douanes, Fardi Abodo. Une somme de 85 000 euros aurait été découverte par la Gendarmerie comorienne lors de la perquisition du domicile de l’ancien receveur des douanes. Celui-ci, quand il était encore en activité en 2012,  a pourtant réussi par au moins deux fois de déjouer de tentative d’exportation d’or de Madagascar en transit aux Comores avant de rallier Dubaï. 40 kg sur deux Mauriciens voyageant à bord d’un jet privé et 15kg sur un Malagasy arrivé sur le vol régulier d’Air Madagascar…

De ce mode opératoire des trafiquants, des complices, en bas et en haut de l’échelon,  jouent le rôle de facilitateur en contrepartie d’une somme conséquente en fonction de leur qualité qui varie entre 40 à 250 euros par kg. Un des Malagasy arrêté, lors de son audition, a désigné le directeur général des aéroports des Comores « comme un type gourmand qui demande 20 millions de francs comoriens à chaque cargaison ». Un aveu et une délation qui confirment les révélations faites par le procureur sur l’existence des multiples envois illicites de lingots d’or  avant la découverte du mois de décembre et la complicité de haut niveau que les trafiquants ont bénéficié. Mais des petits employés de l’aéroport ont eux aussi apporté leur contribution dans le trafic expliquant le non- déclenchement, par exemple, des portiques de sécurité au passage des  passagers avec leurs lingots d’or. Selon toujours le procureur de la République, des hauts responsables de l’aéroport donnaient des instructions aux différents employés afin de faciliter le passage des trafiquants.

La partie comorienne a accompli sa mission de surveillance aboutissant à cette découverte et au placement en détention préventive des membres du réseau. Quid alors des actions des autorités malagasy sur les éventuels complices à Madagascar de ces trafiquants. A l’heure actuelle, les Malagasy se concentrent sur la demande d’extradition de leurs ressortissants impliqués dans l’affaire ainsi que le rapatriement des 49 kg de lingots d’or dont leur provenance, à savoir Madagascar, n’est plus un sujet de discussion suite à cette sortie médiatique du procureur de la République des Comores. Notons qu’une délégation malagasy, dirigée par le ministre de la Justice, serait attendue sur place demain, selon la presse comorienne.

La rédaction

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Editorial

  • L’oiseau rare !
    Le mandat de Sahondra Rabenarivo, présidente du Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI) touche à sa fin. Nommée en février 2019 pour un mandat de trois ans et reconduite en 2022, Sahondra Rabenarivo ne pourra plus faire l’objet d’un renouvellement à la tête de ce poste très stratégique mais à la fois tant sollicité ou convoité également tant redouté. Après six ans passé à la direction de cette institution censée militer pour la bonne gouvernance, essentiellement contre la corruption et l’impunité, Rabenarivo ne cache pas son sentiment d’avoir quelque peu raté sa mission. Etant donné l’âpreté et la complexité de la tâche, une vague impression de fatigue l’assaille. Normalement sauf contretemps du dernier moment, la passation avec le ou la remplaçante à ce poste délicat devrait avoir lieu bientôt, vers mi-février. Mais avant tout, il faudra identifier la personne voulue répondant aux critères imposés. Ce qui n’est pas évident…

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