Publié dans Politique

Morarano-Gara, Moramanga - La prison brandie devant des paysans

Publié le mardi, 08 mars 2022

Litige foncier. La société d’Etat Fanalamanga s’apprête à emprisonner de pauvres paysans du District de Moramanga. Cette information a été communiquée par un responsable communal à Morarano- Gara (MLA). Selon la source, un représentant de cet organisme rattaché au ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) lui a transmis le message.

Si cette société dirigée par un juge financier mettra à exécution son intention, plusieurs dizaines voire des centaines de paysans iraient en prison. La direction générale de la Fanalamanga prévoit de dépêcher sur le terrain une délégation qui discutera de la situation avec les responsables locaux.

Le projet d’emprisonnement massif en perspective concerne les membres de l’association paysanne dénommée FITAFAM ou Fikambanan’ny Tantsaha Faritra Alaotra-Mangoro. Créée en juillet 2017 et présidée par Rodolphe Rasamoeliarisoa, un ancien fonctionnaire du ministère de la Pêche, cette entité compte plus de 17 000 membres répartis dans les cinq Districts d’Alaotra-Mangoro.

Premiers essais

Les membres résidant dans la Commune rurale de Morarano- Gara s’opposent de façon catégorique à un projet de plantation de paulownia au lieudit Ambolomborona, à environ 10 km à l’ouest du Chef-lieu de la Commune. La société Paulownia Forest Madagascar (PFM) en partenariat avec la Fanalamanga s’en occupe. C’est un projet présidentiel, affirment les responsables de ces deux entités.

Sa mise en œuvre touche des terrains d’une superficie totale de 500 ha compris dans le périmètre de reboisement de la Fanalamanga. Les premiers essais nécessitent un domaine d’une cinquantaine d’hectares à Ambolomborona tout juste à côté d’un site d’expérimentation forestière du Centre national de recherche appliquée au développement rural (FOFIFA) dans les années 70 et 80.

Le problème est qu’il s’agit de zone habitée. Depuis des décennies, les résidents locaux ont procédé à la mise en valeur des terres en y plantant des eucalyptus pour leur source de revenus au travers la production de charbon. Ils savent de plus que les terres qu’ils habitent sont des terrains domaniaux. Elles ne sont pas immatriculées à la Fanalamanga qui, de son côté, en réclame la propriété de droit en vertu des documents établis avant le début du projet de reboisement dans le haut bassin du Mangoro dans les années 70.

Détruits

La société d’Etat a justement autorisé la PFM à s’installer à Ambolomborona. En décembre, le promoteur du projet est effectivement venu occuper le terrain et le travailler sans passer par la démarche nécessaire en pareille circonstance.

Il ne s’est même pas donné la peine de se présenter aux autorités communales ni d’engager avec les riverains un dialogue selon le principe du « consentement libre, préalable et éclairé » ou CLIP, ce qui est un droit fondamental des communautés dont le respect est fortement recommandé avant l’exécution de tout projet d’envergure affectant les populations locales.

Une fois en place, la PFM a commencé à labourer les parcelles tout autour même jusqu’à quelques mètres des maisons d’habitation. Les parcelles reboisées à titre privé par d’anciens employés du FOFIFA et de leurs descendants sont touchées. Les jeunes arbres plantés par les résidents locaux ont même été détruits par les charrues et les herses.

Se sentant menacés et jaloux des terres qui les ont fait vivre depuis des décennies, les paysans locaux, soutenus par leurs pairs au sein de la FITAFAM, ont alerté des organisations de la société civile. En vue de trouver le moyen terme, des descentes sur le terrain et des rencontres ont eu lieu depuis janvier. Au final, les résidents locaux ont pris la décision de s’opposer fermement au projet.

« 29 mars bis »

Ils ont alors demandé son arrêt ou son transfert à d’autres endroits du périmètre de la Fanalamanga. Entre temps, la PFM continue son travail. Vexés et pour montrer leur solidarité, les membres de la FITAFAM sont venus en masse jeudi dernier pour planter des centaines de pieds d’eucalyptus sur des parcelles déjà préparées par la PFM.

« Ceci aura sûrement une suite. Nous nous tenons prêts à nous battre pour défendre les terres des paysans malagasy s’ils ne veulent pas nous entendre », a lâché le président de la FITAFAM. Selon ses précisions, il a par trois fois adressé une lettre de demande de rencontre au directeur général de la Fanalamanga afin de régler ensemble le litige. Mais aucune réponse n’a été obtenue.

A juste titre, la réplique ne s’est fait pas attendre longtemps. Mais, au lieu d’y aller en douceur, voilà que la Fanalamanga brandit la menace d’emprisonnement à l’encontre des paysans qui sont déterminés à l’affronter. « Ce serait un 29 mars bis s’ils le veulent. Nous n’accepterons jamais. Par ailleurs, 2023 n’est plus loin pour le voir », s’emporte un membre fervent.

M.R.

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Editorial

  • Quid de la précampagne !
    La CENI réagit. L’institution d’Alarobia tire la sonnette d’alarme. Elle rappelle à l’ordre et met en avant la règle du jeu sinon la loi relative à la précampagne, le moment précis avant la campagne électorale proprement dite. Mais d’emblée, une question pertinente se pose « quelle loi ? »Le décret d’application n° 2018 – 640 de la Loi organique n° 2018 – 008 du 11 mai 2018 relative au régime général des élections et référendum et le Code électoral, en particulier, ne fait pas état de manière précise sur les tenants de la précampagne notamment par rapport à la campagne électorale. La délimitation nette entre la précampagne et la campagne manque de visibilité. Le flou et le vague qui prédominent dans le cadre légal donné offrent, de fait, une occasion à certains candidats, apparemment malins, de jouer entre les mailles. Face au laxisme qui prévaut sur terrain de la précampagne…

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