Célébrée hier, la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté se situe au cœur des préoccupations de la Banque mondiale. Pour l’institution de Bretton Woods, les perspectives de développement pour la Grande île demeurent entravées par le faible potentiel de croissance du pays et son exposition à des crises fréquentes, profondes et persistantes. « La croissance de Madagascar reste structurellement limitée par un déficit du capital humain et des infrastructures, la forte prévalence de l’informalité et de l'agriculture d'autosubsistance, ainsi que par la faiblesse de la gouvernance et des institutions. Le capital humain de Madagascar est l'un des plus faibles au monde », expliquent les responsables de l’institution. En effet, le pays a le quatrième taux de malnutrition chronique le plus élevé au monde. Soit 97% des enfants malgaches âgés de 10 ans sont incapables de lire et de comprendre un texte court et adapté à leur âge. Madagascar dispose d'un système de protection sociale qui ne couvre que 6% des personnes extrêmement pauvres. De plus, depuis près d’une décennie jusqu’à l’avènement de la pandémie mondiale, la croissance a été plus ou moins notable. Cependant, elle a été suivie d'une récession environ trois fois plus profonde que dans la plupart des autres pays d'Afrique subsaharienne, avec la forte contraction de l'économie à cause de l'impact économique de la pandémie sur les secteurs minier, touristique, des transports et des services de Madagascar.
Constat amer
En conséquence, la crise de la Covid-19 a annulé plus d'une décennie de gains en termes de revenu par habitant et ayant plongé le taux de pauvreté à un nouveau record de 81%. Un taux mesuré par rapport au seuil de pauvreté international de 2,15 dollars/habitant/jour. Les projections de croissance pour 2022 ont été ramenées à la baisse dernièrement mais selon les estimations de la Banque mondiale, la croissance devrait s'accélérer pour atteindre 4,2% en 2023 et 4,6% en 2024. En plus, Madagascar est également l'un des pays africains les plus sévèrement touchés par les impacts du changement climatique. Cependant, malgré ce constat amer, la Banque mondiale de souligner le succès prometteur dans le domaine de la lutte contre le retard de croissance des enfants, qui est le principal obstacle au développement du potentiel de l’enfant, au développement humain à long terme du pays et à sa croissance économique. A Madagascar, le retard de croissance a diminué de 42% à 40% au niveau national entre 2018 et 2021, et spécifiquement de 51% à 48% dans les neuf régions ciblées par le projet de Nutrition utilisant l'approche programmatique multiphase. Un projet qui a été mis au-devant de la scène internationale récemment à l’occasion des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du FMI.