Ironie du sort, le département ministériel chargé de veiller sur la santé de l’environnement intègre le groupe de mots « développement durable » ou le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD). Pourtant, à voir l’état de destruction de l’environnement à Madagascar, accéléré par ces omniprésents feux sur toute l’étendue du territoire, le développement durable serait une notion vide de sens, une coquille vide.
L’actuel contexte de ravage de grande ampleur par les feux est potentiellement frustrant dans la mesure où le Gouvernement, représenté par le MEDD, a toutes les informations pour mieux prévoir les feux dans chaque Région. Ses techniciens sont au fait des renseignements à même d’aider à mieux gérer les feux à l’ère du changement climatique.
A considérer les faits actuels, les budgets consacrés aux voyages à l’étranger pour assister à d’importantes retrouvailles comme les Conférences des Parties (COP) annuelles et à l’organisation des concertations au niveau national, régional et local sont de l’argent jeté par la fenêtre. Les fonctionnaires du MEDD sont prompts à être présents à ces différents rendez-vous. Pourtant, ils semblent incapables de sauver la biodiversité malagasy de la fournaise dans laquelle elle est précipitée.
Le ministère est certes doté d’un maigre budget de fonctionnement qui ne lui permettrait pas de remplir adéquatement sa mission. En quelque sorte, ceci dénote que la protection de l’environnement est reléguée au second plan des priorités nationales. Jusqu’à preuve du contraire, les contributions étrangères sont d’une aide précieuse à la protection de l’environnement et à la conservation de la biodiversité à Madagascar.
Depuis les années 1990, la communauté locale est associée à la protection de la richesse naturelle suivant le principe de gestion locale sécurisée ou de gestion contractualisée des forêts. La Grande île a plus de 9 millions d’hectares d’aires protégées, soit 15 % du territoire, plus de 4 millions d’hectares sous l’autorité du transfert de gestion des ressources naturelles et plus de 2 millions d’hectares de zones humides selon la Convention Ramsar.
L’implication des organisations non gouvernementales dans ce cadre est indispensable. Les gestionnaires des aires protégées disposent de moyens pour aider le ministère. Mais comme la gestion interne de ces entités associées à la protection de l’environnement et à la conservation de la biodiversité malagasy relève du business social, les communautés de base sont plus souvent lésées. Voilà pourquoi les membres, frustrés, se montrent indifférents aux feux de forêt ou de brousse qui se déclarent autour d’eux.
Les habitants de Madagascar ont une longue tradition liée aux feux. Ce sont de pyromanes déclarés. Selon des chercheurs, les feux peuvent avoir plusieurs sources : feux pastoraux, chasse, feux d’exploitation, feux d’origine criminelle, feux d’origine naturelle, feux de cultures, feux sauvages, feux de pacages et de pâturages, feux de charbon et feux inconnus. Les techniciens du MEDD en sont bien au courant.
Au plan opérationnel, la situation d’aujourd’hui dépasse un peu l’entendement. Depuis 2008, le ministère a exploité des données satellitaires en matière de surveillance des feux. L’exploitation des données ainsi obtenues revient au Centre de coordination et d’opérationnalisation pour la lutte contre les feux de brousse et de forêt auprès du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC). Elles sont aussi accessibles au public. Mais pourquoi en est-on encore arrivé là en 2025 ?
La rédaction