Publié dans Politique

Hausse des tarifs douaniers - Madagascar opte pour un dialogue constructif avec les Etats-Unis

Publié le jeudi, 03 avril 2025

Coup de massue. L’annonce par l’administration Trump d’une hausse drastique des droits de douane sur les importations malagasy, atteignant désormais 47 %, a provoqué une onde de choc à Madagascar. Cette décision place le pays parmi les plus touchés par ces mesures protectionnistes, aux côtés du Cambodge (49 %), du Vietnam (46 %) et du Sri Lanka (44 %). Pour rappel, la Grande île qui exporte principalement des textiles, des produits agricoles comme la vanille et le litchi, ainsi que des objets artisanaux vers les Etats-Unis, bénéficiait jusqu’ici d’un droit de douane oscillant entre 10 et 15 %. 

Cette augmentation soudaine constitue une menace directe pour les industries locales qui dépendaient largement du marché américain. En 2023, Madagascar a exporté pour environ 420 millions de dollars de biens vers les Etats-Unis, dont plus de 250 millions de dollars issus du secteur textile. Avec cette hausse des tarifs, les produits malagasy deviendront moins compétitifs, mettant en péril plusieurs milliers d’emplois. « Cette décision est un coup dur pour notre secteur. Nos marges sont déjà faibles et une telle augmentation des droits de douane pourrait nous exclure du marché américain », explique le directeur d’une entreprise textile d’Antananarivo. 

La filière textile, qui représente plus de 100 000 emplois directs dans les zones franches, est la plus exposée. De nombreux industriels s’inquiètent des conséquences à court terme de cette politique protectionniste. « Si nos clients américains doivent payer près de 50 % de taxes supplémentaires, ils iront voir ailleurs, et nous devrons réduire notre production », alerte la gérante d’une entreprise d’exportation de textile. Certains acteurs redoutent même des fermetures d’usine, ce qui aggraverait le chômage dans un contexte économique déjà fragile. 

Diplomatie économique

Mais au-delà du textile, les exportateurs de produits agricoles sont également en difficulté. La vanille, dont 80 % de la production est destinée aux Etats-Unis et à l’Europe, pourrait subir une forte baisse de compétitivité sur le marché américain. « Nous sommes déjà confrontés à des fluctuations de prix, si en plus on nous impose 47 % de taxes supplémentaires, nous risquons de perdre nos acheteurs », se désole un exportateur de vanille à Sambava. 

Ainsi, conscients des enjeux, une réunion d’urgence s’est tenue hier au ministère des Affaires étrangères, réunissant plusieurs membres du Gouvernement, dont la ministre des Affaires étrangères Rasata Rafaravavitafika, la ministre de l’Economie et des Finances Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison et le ministre de l’Industrialisation et du Commerce David Ralambofiringa. L’objectif était d’évaluer l’impact de cette nouvelle mesure sur l’économie nationale et de définir des stratégies pour défendre les intérêts du pays.

« Le Gouvernement malagasy entend mobiliser tous les leviers diplomatiques et commerciaux pour obtenir une révision de ces mesures et garantir un accès équitable des produits malagasy au marché américain dans le respect de la réciprocité souhaitée par le Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique », rajoute un communiqué publié hier dans la soirée par la porte-parole du Gouvernement Mara Donna Volamiranty. 

Le même communiqué rajoute que par ailleurs, une démarche diplomatique a immédiatement été engagée auprès de l’ambassadrice des Etats-Unis à Madagascar pour demander des clarifications sur ces nouvelles mesures. « Aussi, le Gouvernement malagasy entend mener un dialogue constructif entre les deux pays », y lit-on. 

« Tout dépendra de notre capacité à renégocier les termes de l’AGOA », confie un responsable au sein du ministère du Commerce. L’AGOA (African Growth and Opportunity Act) permettait jusqu’ici aux exportateurs africains, dont Madagascar, de bénéficier de conditions préférentielles sur le marché américain. Si les négociations échouent, les entreprises locales devront se tourner vers d’autres débouchés, notamment l’Europe et l’Asie, pour compenser la perte du marché américain.

 Ainsi, dans l’attente d’une issue favorable, les opérateurs malagasy restent suspendus à l’évolution de la situation. « Nous espérons une révision rapide de ces mesures, sinon c’est tout un pilier de l’économie nationale qui risque de s’effondrer », conclut notre industriel du secteur textile.

 

 

 

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Editorial

  • La faucheuse
    Fossoyeuse ou faucheuse, qu’à cela ne tienne, elle abat allègrement ! La Compagnie nationale d’eau et d’électricité, Jiro sy Rano Malagasy (JIRAMA), tue et abat sans autre forme de procès. En fait, pour le compte du premier quart de siècle de l’An 2000, la JIRAMA fauche tout ce qui bouge sur son passage. Créée dans la foulée et la folie de l’arrivée au pouvoir en 1975 du jeune capitaine de Frégate Didier Ratsiraka, par les avalanches de nationalisations, la JIRAMA voit le jour le 17 octobre 1975. Elle résulte de la fusion de la Société Malagasy des Eaux et Electricité (SMEE) et la Société des Energies de Madagasikara (SEM). Son rôle se concentre sur la distribution des services essentiels dont l’eau et l’électricité à travers le pays. La vague d’étatisations depuis 1975 se manifeste par des initiales « ma » (malagasy) à toutes les nouvelles marques des entités commerciales et…

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