Doit-on également rappeler que, en ce qui concerne le calendrier scolaire, si au départ aucune hostilité n’a été manifestée à l’encontre de celui institué par le PSE, c’est lors de sa mise en application que les critiques sont apparues, ledit calendrier ayant vite montré ses limites (ou plutôt ses excès). « Anti-pédagogique », le mot est entendu systématiquement dans les discussions sur la longueur démesurée de l’année scolaire instaurée par la réforme et dont élèves, enseignants et parents ont commencé à faire l’ (amère) expérience à partir de cette année. Les effets sont en effet particulièrement dévastateurs: des potaches complètement lessivés, aux facultés de concentration et de rétention diminuées, entraînant une baisse de niveau, voire un début d’aversion vis-à-vis de l’école pour certains, et pas toujours les moins assidus. Pour une réforme censée améliorer la qualité de l’éducation, on aurait pu tout de même faire mieux.
Génération sacrifiée
Si on va encore un peu plus au fond de la question, on remarquera que l’argument climatique apporté par les partisans du calendrier scolaire du PSE repose sur une vision assez réductrice de la question, celle opposant les conditions en milieu urbain et en milieu rural. Or, si on s’en tient strictement à cet argument, étant donné les différents climats observés aux quatre coins de l’île, force est de conclure qu’il devrait donc y avoir plus d’un calendrier scolaire à Madagascar. Il y a bien, certes, les coupures de voies de communication en saison de pluies ou celle cyclonique empêchant de joindre l’école ou entraînant la fermeture de celle-ci qui relèvent bel et bien de la réalité dans bon nombre de régions à l’heure actuelle. Mais il faut se demander s’il ne s’agit pas d’un problème qu’il faudra songer à remédier d’une autre manière et non en y adaptant un programme appelé à être pérenne. Envisager de construire des « écoles de proximité » ou dans des endroits accessibles au plus grand nombre et en toutes périodes aurait été la solution que le PSE aurait dû proposer, et non une mise en conformité avec une situation anormale en elle-même.
Outre les doléances émises par les parents d’élèves sur la longueur exagérée de l’année scolaire 2018-2019, force est de reconnaître que la décision ferme de l’ensemble des établissements privés - y compris les écoles confessionnelles - de revenir à l’ancien calendrier scolaire a pesé lourd dans la balance. Maintenir celui institué par le PSE pour l’enseignement public aurait conduit inévitablement à la coexistence de deux systèmes éducatifs différents à Madagascar. La réponse à la question de savoir lequel des deux est le plus bénéfique pour les jeunes Malagasy n’aurait pu être obtenue qu’au bout de plusieurs décennies. Ce n’est qu’à ce moment qu’on aurait su laquelle des deux générations mises au banc d’essai a été sacrifiée.
La Rédaction