Publié dans Société

Le mouvement de 1991 - De la grève illimitée à la chute de l’amiral

Publié le dimanche, 17 mai 2020

Comme en mai 1972, la chute de l’ex-président, ou l’amiral Didier Ratsiraka a été occasionnée par une révolte populaire se déroulant essentiellement sur la Place du 13 Mai à Analakely. A l’époque, la grève générale illimitée fut orchestrée  par les Forces vives ou le « Hery velona Rasalama » à la tête desquelles se trouvait le professeur Zafy Albert,  et a duré plusieurs mois après son éclatement en juin 1991, sans oublier bien sûr le carnage du 10 août à Iavoloha. Après cet épisode sanglant, il y eut l’installation, d’abord d’un Gouvernement transitoire, enfin l’écartement définitif de l’amiral  du pouvoir lors des élections de décembre 1992…

Sans conteste, les manifestations d’envergure des « Forces vives » de Zafy Albert et consorts en 1991, ont  notamment pris racine au malaise,  qui a perturbé la haute sphère politique du pays en 1989. Sous le couvert d’une volonté à instaurer à tout prix la démocratie au pays, elles traduisaient plutôt une sorte de règlement de compte que les adversaires de l’amiral Ratsiraka lui ont infligé deux ans après leurs brouilles. Car c’est cette même mouvance politique, en s’inspirant des autres changements  survenus en Roumanie, à Berlin, à Pretoria ou dans l’Union soviétique qui a incité ses partisans à se liguer contre Didier Ratsiraka. Et pourtant, ce dernier a déjà engagé le pays sur la voie d’un libéralisme et d’un pluralisme prudent depuis 1986.

Mais revenons d’abord sur la genèse du malaise de 1989, qui allait plus tard coûter son fauteuil présidentiel à Didier Ratsiraka. Ce dernier fut accusé par ses concurrents, en particulier Monja Jaona, son grand rival, d’avoir truqué les urnes pour être réélu lors des présidentielles du 12 mars 1989. Mais le résultat des élections législatives du 28 mai 1989 où le parti présidentiel AREMA a  également remporté la majorité des sièges,  allait pousser les adversaires de l’amiral à radicaliser leur contestation sous différentes formes.

La tentative de celui-ci d’engager le pays sur la voie du libéralisme dans le domaine de la politique n’a pas apaisé le courroux de ses principaux ennemis. Un an plus tard, précisément le 13 mai 1990, cette colère des Forces vives  allait se matérialiser par une tentative de coup d’Etat menée par Zafy Albert et le Général Jean Rakotoharison, alias Voaibe. Le pouvoir en place l’avait réprimée. Pendant un an, le pays a connu un calme trompeur. Mais déterminé à en finir avec Ratsiraka, le « Hery velona  Rasalama » était repassé à l’offensive. En juin 1991, il a cherché à débarrasser le pays de la Constitution socialiste de 1975. Dès lors, la  révolution a promis la chute rapide de Ratsiraka en suivant  l’adage biblique  « Faire tomber les murs de Jericho », (Arodana ny mandan'i Jeriko) .

Mais  comme le mouvement a patiné et piétiné, les Forces vives ont adopté une autre stratégie. Le 8 juillet 1991, elles ont décrété la grève générale illimitée. Leurs ténors se vantaient d’avoir réussi à bloquer totalement la machine administrative. Huit jours plus tard, Voaibe et Zafy Albert allaient faire reparler d’eux en annonçant l’installation d’un Gouvernement parallèle dont le premier est le Président, l’autre Premier ministre.  Devant cette situation, l’amiral décrète l’état d’urgence. Le 8 août 1991, Guy Willy Razanamasy est nommé  Premier ministre. Ce qui a pour effet d’accroître la colère des meneurs de grève de la Place du 13 Mai.   Le 10 août 1991,  ils ordonnent la « Grande marche de la liberté » (« Diaben’ny Fahafahana »). Elle s’est terminée  par un carnage dans le périmètre du Palais d’Etat à Iavoloha et a conduit le pays à une période transitoire de 18 mois. Le 31 octobre 1991, la convention dite du Panorama est  signée entre toutes les forces politiques du pays. Le professeur Zafy Albert sera nommé président de la Haute autorité de l’Etat ou HAE.

 Franck R.

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Editorial

  • Post – pillage
    Le redressement post-pillage s’organise. Une cellule du genre comité de pilotage se met en place pour étudier au cas par cas et évaluer le cas échéant les besoins en collaboration avec les représentants directs des « sinistrés ». Constatant les dégâts potentiellement dévastateurs et les ruines subies en un coup de vent par les opérateurs, le Gouvernement prend ses responsabilités. Dans les faits, l’Etat va agir en tant que facilitateur dans toutes les démarches auprès des banques ou autres institutions dispensatrices de crédit. Il (l’Etat) prendra en charge en totalité les intérêts bancaires. L’objectif étant de permettre aux opérateurs ou propriétaires victimes de vandale, de braquage ou de pillage de se remettre dans les meilleurs délais.

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