Publié dans Société

« Fady zaza kambana » - Davantage de parents récupèrent leurs enfants

Publié le jeudi, 23 juillet 2020

Un des facteurs d’exclusion des femmes au sein de la communauté. Le « fady zaza kambana » ou tabou des jumeaux maudits fait partie des pratiques néfastes nuisant aux droits des femmes à Madagascar, notamment dans une partie de la Région Sud-est. Ce phénomène d’abandon et de rejet d’enfants jumeaux, considérés comme source de malheur dans la famille, persiste encore dans les ethnies Antemoro et Antambahoaka. Toutefois, la Grande- île note des évolutions significatives quant aux fléchissements de cette pratique.

Cette évolution se constate notamment au centre d’accueil « Fanantenana » localisé à Mananjary, l’un des établissements accueillant les enfants jumeaux reniés ou  encore ceux orphelins. « Les enfants de ce centre ne sont plus donnés en adoption puisque de plus en plus de parents, soit plus de la moitié, reviennent chercher leurs enfants ces dernières années. Ceci après 3 mois, 6 mois ou 1 an de placement. Après avoir rempli les critères requis, les parents peuvent récupérer l’un ou leurs jumeaux mais seulement durant les vacances, afin d’éviter la perturbation de la scolarité des enfants », fait part Estelle Razanadrakoto, secrétaire générale du Conseil national des femmes de Madagascar (CNFM). « D’un autre côté, le centre accueille 10 à 12 enfants par an, y compris les orphelins. Un chiffre qui a beaucoup baissé ces 5 dernières années grâce aux actions de sensibilisations ou encore au soutien matériel et financier auprès des parents qui acceptent de garder leurs enfants jumeaux chez eux », ajoute notre source. Actuellement, le centre recense 86 enfants qui y bénéficient d’une prise en charge complète, grâce au parrainage des bailleurs et bénévoles français. 

Des « Ampanjaka » plus ouverts

Le tabou des jumeaux maudits reste vivace à Mananjary, malgré quelques fléchissements. Les familles ayant un niveau élevé d’instruction, celles chrétiennes ou celles qui ont dépassé la tradition ne le suivent plus. A cela s’ajoutent les familles aisées, les seules acceptées dans le « Tranobe » ou la résidence traditionnelle. Des « Ampanjaka » (notables ou leaders traditionnels) ont toutefois osé braver cette tradition néfaste, en donnant leur bénédiction aux parents qui veulent garder leurs jumeaux. C’est le cas dans la Commune de TanyVelona, à NosyVarika, où la levée des tabous régionaux a été célébrée en grande pompe en 2012. Actuellement, toutes les familles ayant des jumeaux sont acceptées dans le « Tranobe », qu’elles soient riches, modestes, chrétiennes ou autres. Mais dans certaines localités, les rares personnes qui ont essayé de convaincre les « Ampanjaka » ont reçu soit un refus catégorique, soit ni acceptation ni interdiction, à en croire la secrétaire générale du CNFM. Aussi, les difficultés économiques pourraient expliquer la persistance de cette coutume. Dans ce cas, le respect de la tradition devient un alibi pour expliquer l’acte d’abandon des jumeaux. 

Face à la persistance de cette pratique, notre source recommande la mise en place d’un comité villageois, intégrant les leaders traditionnels et religieux, afin de renforcer les capacités de sensibilisation pour y mettre un terme. La poursuite, voire l’intensification des dialogues communautaires, dans le but de rejeter les pratiques traditionnelles néfastes aux femmes et aux filles, constitue également une solution. Une stratégie globale pour éliminer les pratiques traditionnelles discriminatoires envers les femmes sera aussi une issue.

Recueillis par Patricia Ramavonirina

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Editorial

  • Entre deux bourdes
    Etre le fils d’une ancienne « célébrité politique » et tenter d’exhiber le nom de son père, d’une part, s’aventurer à devenir le premier magistrat de la ville des Mille, de l’autre, relèvent de deux erreurs voire deux bourdes. Entre ces deux erreurs grossières, il faut savoir en profiter pour se frayer le chemin de la victoire. Trois candidats parmi les sept en lice pour conquérir le fauteuil de l’Hôtel de ville d’Antananarivo tentent de « vendre » le nom de leurs pères. Point n’est plus besoin de les citer nommément, on les connait. Ils ont un point commun, aucun d’entre eux n’a eu ou effectué un rôle électif ou une responsabilité quelconque à Antananarivo. Leurs pères respectifs ont été déjà d’une manière ou d’une autre responsables soit étant élus ou étant nommés à Antananarivo-Ville, président du Fivondronampokontany, député ou maire ou au-delà Premier ministre, Chef d’Etat.

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