Le taux de représentation des femmes au Parlement a baissé de 4%, passant de 19% à 15%. De plus, le pourcentage de femmes élues maires en novembre 2019 a passé de 5% à 3%, selon les statistiques officieuses, à en croire ledit conseil. « Cette faible représentation féminine aux postes de décision pourrait s’expliquer par l’hésitation, voire le manque de confiance des partis politiques aux femmes. Cependant, la plupart des femmes motivées n’ont pas les moyens de se présenter aux élections en tant qu’indépendants », constate Estelle Razanadrakoto, secrétaire général du CNFM. Quant au manque de motivation des femmes, leurs formations pour le renforcement des capacités visent à la fois à les informer de leurs responsabilités et à les pousser à toute participation ou visibilité, que ce soit aux élections ou aux diverses nominations. La journée internationale de la femme africaine, célébrée chaque 31 juillet depuis 1962, est une occasion de renforcer la lutte pour une meilleure représentativité des femmes dans les instances de prise de décision. Cette année, la célébration a servi de rappel aux communautés respectives que les valeurs, les ambitions et les combats en faveur des femmes sont restés intacts à la pandémie de Covid-19 qui a grandement perturbé les vies et les agendas.
Protocole de la SADC à appliquer
Parmi les acteurs engagés, le CNFM mène des plaidoyers auprès des autorités compétentes pour renforcer la représentation des femmes aux instances de prise de décision à Madagascar. Ceci sans oublier les activités entreprises pour essayer de casser les traditions et stéréotypes, parmi les freins de la participation des femmes à ces postes. Les interpellations se font à partir des diverses conventions internationales que le pays a ratifiées. Récemment, ledit conseil a lancé un appel au Gouvernement sur la nécessité de la mise en application du protocole de la SADC sur le genre et le développement, censé « prévoir la responsabilisation des femmes, éliminer la discrimination et réaliser l'égalité et l'équité entre les hommes et les femmes par le biais du développement ». « Les nombreuses femmes regroupées au sein du CNFM souhaitent une politique plus volontariste d’égale représentation des femmes et des hommes à Madagascar. De ce fait, la nomination de femmes aux cinq postes de gouverneurs qui restent à pourvoir pourrait constituer un premier geste fort dans ce sens », communique le conseil.
Pour information, certains pays africains à l’instar du Rwanda ont largement pris les devants à ce jour. Ce pays a réussi à se hisser au premier rang mondial de la représentativité au Parlement selon un classement de l’ONU, avec 63% des femmes à l’Assemblée nationale en 2017. Le pays a adopté une série de lois pour favoriser la parité et la place des femmes dans le débat politique. Cette présence des femmes se retrouve au Parlement, au Sénat et aussi au Gouvernement. Elles sont aussi près de 40 % dans les sphères judiciaires et dans les administrations locales. Cela a d’ailleurs permis de réelles avancées dans la cause des femmes rwandaises, comme la réforme de l’héritage, qui place les filles sur le même pied que leurs frères, ou encore sur le droit à la propriété foncière.
Recueillis par Patricia Ramavonirina