Située à Ampasimazava, le tout premier quartier créé dans la ville de Toamasina, cette belle bâtisse témoin de l'histoire du grand port de l'Est a été laissée à l'abandon depuis la décolonisation. Et ce malgré qu'en face de ce patrimoine historique ont été plantés des arbres majestueux, appelés banians, mesurant chacun jusqu'à 30 mètres de haut et 3 mètres de diamètre, et qui pourraient vivre jusqu'à plus de 1 500 ans. En dépit de tout, l'endroit a été délaissé, la maison est devenue infréquentable et personne n'osait s'y aventurer. Tombé en ruine, le patrimoine est quasiment assuré de disparaître jusqu'au jour où l'actuelle ministre de la Communication et de la Culture se rendait sur place pour visiter le lieu, le 9 novembre 2019. Choquée par l'état désastreux de la bâtisse rattachée en 2003 au service provincial de la culture de Toamasina, elle a pris la décision de la réhabiliter complètement avec le fonds propre de son département et de la transformer en musée. Beaucoup de personnes riaient sous cape de cette promesse.
11 mois après, l'ancienne maison Nathan a retrouvé son lustre d'antan ainsi que son architecture. « On ne croyait pas du tout à ce qu'avait dit la ministre. C'est une belle surprise pour nous et on la félicite d'avoir réussi son pari », s'exclame un jeune bouliste qui assouvit sa passion à l'ombre des banians chaque week-end. Bien qu'il ait pu suivre l'évolution de la réhabilitation, il n'a pas cru qu'elle arrive à son terme. « C'est en voyant les gens qui s'affairaient autour pour apporter les dernières touches et préparer l'inauguration d'aujourd'hui qu'on était persuadé que le musée promis voit le jour », renchérit une dame âgée qui avoue sa peur de fréquenter la ruelle longeant l'ancienne maison Nathan, réputée comme hantée, devenue depuis hier le musée Vavitiana. Vavitiana, c'est le nom d'une prophétesse renommée et respectée par les ancêtres de la population tamatavienne. Enterrée à Ampasimazava même, elle était exhumée pendant la période coloniale et transférée au cimetière municipal. Pour son honneur et aux bienfaits qu'elle avait faits aux habitants d'Ampasimazava à l'époque, le nouveau musée porte son nom.
Le musée Vavitiana fera connaître aux visiteurs les richesses culturelles, économiques et humaines de la Province de Toamasina. Mais pendant le premier mois de son inauguration, il abrite une exposition inédite des œuvres photographiques de Jacques Faublée. Ce photographe français avait immortalisé son passage dans la Grande île, de 1938 à 1941, pour le compte du Musée de l'homme à Paris. Il a réuni 7 200 images en noir et blanc que sa fille a remises au Musée d'ethnographie de Genève. C'est ce dernier qui a offert une partie de ces œuvres, à travers l'ambassade suisse à Madagascar, à la partie malagasy. Des photos inédites à découvrir pendant un mois au Musée Vavitiana dont l'accès est gratuit durant ce mois inaugural.