Publié dans Société

Témoignage d’une enseignante - « Je dors dans une salle de classe, faute de logement »

Publié le jeudi, 07 octobre 2021

Elle fait partie des 8 enseignants recensés au Collège d’enseignement général (CEG) de Betsako. Cet établissement se trouve à une quarantaine de kilomètres de la ville de Mahajanga, dont 14km de route secondaire. Affectée en milieu rural, elle doit survivre avec les moyens du bord, loin du confort dans sa maison. Cette enseignante nous raconte sa semaine d’enseignement dans la brousse !

 

Mariée et mère d’une fillette de 3 ans. Verosoa Bonicia a été affectée au CEG de Betsako, dans la circonscription scolaire de Mahajanga II depuis 2020. Cette enseignante fonctionnaire est diplômée du Centre régional de l’institut national de formation pédagogique (CRINFP) de Mahabibo Mahajanga. « Je ne m’attendais pas à une affectation en milieu rural, loin de Mahajanga où j’ai vécu depuis mon enfance. Mon mari et ma petite fille y vivent encore, sans moi. Comme les autres enseignants, j’essaie de survivre ici, mais j’avoue que c’est difficile. Outre l’absence d’eau et d’électricité, il n’y a pas de logement pour nous. Je dors dans une salle de classe, avec 2 autres enseignantes, toutes les nuits, du lundi au vendredi. Je ne peux me permettre de louer un studio avec mon salaire. Je prends ma douche derrière le bâtiment, très tôt le matin et le soir avant de dormir », nous confie cette prof de physique-chimie. « De plus, nous ne pouvons pas nous nourrir convenablement, faute de marchands et de moyens. Ainsi, nous devons emmener des vivres depuis Mahajanga pour survivre pendant une semaine. Je mange souvent de la mangue crue vinaigrée pour accompagner mon plat de riz au déjeuner ou au diner préparé dans la cour même », ajoute-t-elle. Verosoa se munit également de vêtements et accessoires pour les 5 jours de « pensionnat » au CEG.

Des heures de marche à pied

Verosoa rentre à Mahajanga pour rejoindre son mari et sa fille, chaque samedi matin. « Je quitte le CEG à 4h du matin et effectue 3h de marche à pied pour atteindre la RN4. Là, je prends le bus pour Mahajanga si j’ai les moyens, sinon je continue encore la marche à pied pendant quelques heures. Pour surmonter la fatigue, penser à ma famille qui attend mon arrivée en ville me motive », relate notre interlocutrice. « Ma fille est scolarisée à Mahajanga depuis cette année scolaire puisqu’il n’y a pas de préscolaire à Betsako. C’est son père et sa grand-mère qui s’occupent d’elle dans la semaine, avant que je vienne les week-ends », poursuit-elle.

Verosoa n’est pas la seule enseignante qui vit une pareille situation, mais qui continue à pratiquer le métier. « Depuis toute petite, j’ai toujours aimé et rêvé d’éduquer les enfants. Je vis ma passion depuis l’époque où j’ai déjà enseigné dans un établissement privé pendant quelques années. J’ai ensuite eu la chance d’être admise au CRINFP de Mahajanga par voie de concours, pour être recrutée en tant qu’enseignant fonctionnaire », confirme-t-elle.  Elle souhaite que les enseignants soient considérés à leur juste valeur, d’autant plus que l’éducation des élèves repose sur eux…

Patricia Ramavonirina

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Editorial

  • Et après ?
    Après avoir réussi avec éclat particulier le pari d’accueillir la visite d’Etat d’un Chef d’Etat qui n’est pas des moindres et d’avoir pu organiser solennellement et presque en simultané sur le territoire national le rendez-vous au sommet des cinq îles de l’océan Indien, les observateurs s’interrogent « et après, c’est quoi ? » Une légitime question dans la mesure où le vrai travail ne fait que commencer. C’est beau d’avoir eu l’honneur de recevoir chez soi des invités de marque ou de prestige mais c’est mieux de pouvoir le transformer en réussite durable. Il s’agit effectivement de deux « rendez-vous » d’une portée exceptionnelle et d’une opportunité rare qu’il faudra parvenir à viabiliser.

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