Hier, les membres de la famille de la victime ont manifesté leur colère sur le parvis du palais de la Justice à Anosy, en brandissant des banderoles. Sur celles-ci, on peut lire le motif de leur revendication à savoir exiger l’énonciation d’un ordre de poursuite à l’endroit des militaires mis en cause, bien entendu, si leur implication dans l’affaire s’avère juste. Puisque la balle est dans le camp du ministère de la Défense, qui serait le plus habilité à apporter les éléments de réponse nécessaires à cette requête des manifestants, nous nous enquérons alors auprès de ladite entité. Mais c’est là où le bât blesse : le ministère reste injoignable et les portes des autres services rattachés à ce dernier, entre-autres ceux des ténors de la BANI elle-même, et qui sont censés fournir quelques explications sur l’affaire, demeurent hermétiquement closes.
Mais cela ne fait pas baisser les bras aux proches du défunt. Ils restent inflexibles et campent sur leur position : celle d’obtenir à tout prix un procès ! Les propos d’une sœur de Valimbavaka montrent cette farouche volonté de la famille de rejeter tout compromis pour dénouer l’affaire. « Certains cherchent à nous faire pression afin que nous retirions notre plainte, quitte à accepter d’affranchir ces militaires de toute responsabilité dans la mort de notre frère. C’est le cas d’une association qui a proposé de régler l’affaire à l’amiable moyennant un paiement. Mais il n’en est pas question. Nous ne voulons qu’une chose : que l’affaire soit portée devant la Justice ! », clame la jeune femme, visiblement très remontée contre certains responsables de la BANI.
Visiblement, elle semble être la plus affectée par l’agression mortelle de son jeune frère, et se souvint de son premier combat afin de tenter de trouver la lumière, quelques jours même après l’éclatement de l’affaire.
« Valimbavaka n’était pas du genre à rentrer tard le soir. Mais ce dimanche du 6 juin dernier, notre inquiétude augmentait lorsque vers 19h, il ne s’est toujours pas manifesté. Nous avons dû alors le chercher partout, mais sommes rentrés bredouilles vers 23h », relate-t-elle.
Le lundi matin suivant, elle s’est rendue auprès de deux officiers de la BANI. Après que ces derniers expliquent qu’il n’y avait que deux suspects gardés à vue à la base, les officiers reconnaissaient finalement devant leur interlocutrice qu’ils ont dû évacuer d’urgence un mineur à l’hôpital à la suite de son lynchage par le Fokonolona dans la base. Et qu’après vérification, photo à l’appui, la victime qui a été évacuée à l’HJRA Ampefiloha, pour graves blessures, était bel et bien Valimbavaka. « J’ai trouvé bizarre que des civils ont été autorisés à faire une vindicte populaire dans une base militaire », s’indigne notre interlocutrice. Mais là aussi, un autre problème attendait la famille : l’hôpital niait avoir fait admis un blessé correspondant au signalement de Valimbavaka. Puis pendant une semaine, les proches de la victime s’estimaient être menés en bateau, sinon devenus comme des balles de ping-pong lesquelles se sont renvoyés le camp militaire et la Gendarmerie à Ivato, sans qu’ils n’aient trouvé une explication valable, encore moins la moindre information sur le jeune homme. Et on connaît la suite. Il y eut une enquête menée au niveau de la Gendarmerie d’Ankadilalana, sans que celle-ci ne débouche pour autant sur le déferrement des militaires mis en cause. Enfin, la famille n’a pas croisé les bras et a donc intenté un recours judiciaire sur lequel elle mise dans l’espoir d’obtenir gain de cause.
Franck R.