« Certaines sont gens de mer, d’autres techniciennes, juristes, comptables ou encore entrepreneures. Toutes évoluent dans un secteur encore largement masculin », a-t-elle déclaré. « Cependant, les inégalités persistent. Sur terre, les femmes représentent 19% des effectifs. En mer, leur part chute à 5%. Au niveau mondial, elles ne représentent que 1% des effectifs embarqués », a-t-elle ajouté. Ces chiffres reflètent des réalités complexes. En outre, plusieurs obstacles entravent leur progression selon elle. D’abord, les stéréotypes restent ancrés. La force physique est souvent associée aux métiers maritimes. Les femmes sont perçues comme moins adaptées à ces fonctions. Ensuite, la vie personnelle est un frein. Partir en mer pendant plusieurs semaines n’est pas compatible avec certaines responsabilités familiales. Il devient alors difficile de concilier travail, vie de couple et parentalité. De plus, les postes à responsabilité restent rares. Et les perspectives d’évolution sont limitées. « Les formations exigées sont souvent coûteuses. Certaines ne sont même pas accessibles à Madagascar. Il faut alors se former à l’étranger. Ce qui représente un obstacle de plus », a souligné Rakotondramboa Sandra.
Echange et apprentissage
Malgré ce contexte, les choses commencent à changer. Des actions concrètes sont menées. WOMESA se mobilise sur plusieurs fronts. En effet, cette organisation met en place des formations techniques et comportementales. Ce réseau renforce les compétences et développe l’estime de soi. Par ailleurs, il propose des programmes de mentorat. Les femmes expérimentées accompagnent les nouvelles arrivantes. Ce lien intergénérationnel permet de briser l’isolement et d’accélérer l’intégration. L’association mène également des actions dans les écoles. Ainsi, des campagnes de sensibilisation sont organisées. Et les jeunes filles découvrent les métiers du secteur maritime. Cette approche vise à déconstruire les préjugés dès le plus jeune âge. En parallèle, le réseau développe des partenariats avec les institutions et les entreprises. Ces collaborations facilitent l’accès à l’emploi. Selon Sandra Nirina Rakotondramboa, les premiers résultats sont visibles. Entre 2023 et 2024, le nombre de femmes marins a augmenté de 75% à Madagascar. Cette progression est encourageante. Elle traduit l’efficacité des initiatives en cours. Mais également montre que les femmes sont prêtes à relever le défi, dès lors qu’on leur en donne les moyens. WOMESA Madagascar est aujourd’hui reconnue pour son dynamisme. Elle participe aux grandes rencontres régionales. L’organisation échange avec les autres sections de l’organisation. Ce dernier partage ses expériences et apprend des autres pays membres. Sa visibilité ne cesse d’augmenter.
Evolution
Le 18 mai, à l’occasion de la Journée internationale des femmes dans le secteur maritime, le message était clair avec le thème choisi : « Un océan de possibilités pour les femmes ». A cette occasion, plusieurs portraits de femmes leaders ont été diffusés et des témoignages partagés. Des messages d’encouragement ont donc circulé. L’objectif était d’inspirer les jeunes générations et valoriser les parcours déjà accomplis a annoncé l’organisateur. Rakotondramboa Sandra Nirina reste optimiste. Pour elle, Madagascar dispose d’un potentiel énorme. Le pays est une île et a tout à gagner pour développer son secteur maritime. La demande mondiale en main-d’œuvre qualifiée continue de croître. Les femmes peuvent y répondre, à condition d’avoir les compétences requises. Parler anglais est devenu indispensable. La rigueur, la curiosité et la capacité à travailler en équipe sont également essentielles. Le soutien d’un réseau comme WOMESA est un atout considérable. Ce type de structure ouvre des opportunités. D’ailleurs, un tel accompagnement offre un espace d’échange et d’entraide. Une appartenance à ce réseau permet aussi de renforcer la confiance et la visibilité. Selon toujours cette responsable, « les mentalités évoluent. Les femmes osent de plus en plus. Elles veulent prouver leur valeur. Certaines deviennent des modèles. D’autres poursuivent discrètement leur parcours. Toutes participent à transformer le paysage maritime ». Et de rajouter « La route reste longue. Les défis sont nombreux. Mais l’élan est là. Le mouvement est lancé. Les femmes prennent leur place. Elles construisent une nouvelle réalité ». Une réalité où la compétence prime sur le genre. Une réalité où la mer devient un espace de liberté et d’égalité.
Carinah Mamilalaina