Colère généralisée. La grogne enfle au sein des auto-écoles et des usagers du permis de conduire à travers tout Madagascar. Plusieurs Régions, dont Morondava, Toliara, Fianarantsoa, Antsiranana, tirent la sonnette d’alarme. Le permis biométrique et le Certificat de capacité provisoire (CCP), imposés depuis 2023, provoquent une crise sans précédent, alimentant corruption, retards, exclusion professionnelle et pertes financières massives.
Dans de nombreuses localités, des employeurs refusent catégoriquement le CCP. Certains chauffeurs, dont le permis est arrivé à expiration puis remplacé par un document provisoire, se voient remerciés du jour au lendemain, alors même qu’ils sont les principaux soutiens de famille. « On remplace le permis expiré par un certificat provisoire, mais ensuite les employeurs rejettent ce document. Résultat, bon nombre de chauffeurs sont mis à la porte (…) Pourtant, ce sont des pères de famille”, déplore un responsable au sein d’une auto-école.
A Toliara, la dernière véritable distribution de permis biométriques remonte à 2024. Ailleurs, l’imprimante biométrique est souvent en panne, obligeant les candidats à attendre des mois, sans aucune garantie. Pourtant, selon les professionnels, ce système ne fait qu’encourager les petits arrangements au sein du Centre immatriculateur. « Le permis biométrique nourrit la corruption. On préfère revenir au permis carton traditionnel, plus rapide et plus fiable », martèle les dirigeants de l’association des travailleurs au sein des auto-écoles. A Morondava, seuls 100 usagers ont pu recevoir un permis, qu’il soit provisoire ou biométrique. La colère a explosé, entraînant des manifestations et même des auto-écoles incendiées.
Centralisation abusive
Par ailleurs, les membres de l’association dénoncent une centralisation des services, jugée abusive. Pour obtenir l’agrément ou le Certificat d’aptitude professionnelle (CAP), les responsables au sein des auto-écoles situées dans les autres provinces doivent venir à Antananarivo. Les dépenses sont estimées à près de 600.000 ariary, pour 15 minutes d’entretien seulement, suivi deux semaines plus tard d’un examen d’une demi-journée. « On paye le transport, l’hébergement, les repas,… Tout cela pour revenir avec un biscuit et un goûter comme seule formation », ironisent nos interlocuteurs.
Les auto-écoles rappellent qu’elles constituent pourtant l’une des principales sources de revenus de l’Agence des transports terrestres (ATT). Le droit d’examen s’élève à 10.000 ariary pour les catégories A et B, 15.000 ariary pour les catégories C, D, E et F. Lors de la session de juillet dernier, 1.200 candidats ont passé l’examen, générant au moins 24 millions d’ariary, rien que sur les droits des catégories légères. « Nous rapportons plusieurs millions d’ariary à l’ATT, mais les sites d’examen ne respectent même pas les normes exigées à nos auto-écoles. Nous sommes reçus dans des lieux indignes », dénonce Manitra Christian, vice-président de l’association des travailleurs au sein des auto-écoles de Toamasina. Les professionnels réclament une véritable autonomie des provinces dans la délivrance des permis, l’octroi des agréments ainsi que la gestion des dossiers.








