Les dettes s’accumulent, les marges de manœuvre s’érodent, et la croissance peine à suivre. Le paradoxe est criant : un continent riche en ressources naturelles, mais étranglé par des remboursements aux taux usuraires et une corruption systémique. Le ratio dette/PIB avoisine les 67,5%, une moyenne masquant des disparités dramatiques : 25 pays sont déjà surendettés ou frôlent la faillite. Pendant ce temps, les dépenses prioritaires, santé, éducation, infrastructures, sont sacrifiées. Et le tableau ne s’arrête pas là car dans certains pays comme le Nigéria ou l’Egypte, plus de 25% des recettes publiques sont englouties dans le paiement des seuls intérêts.
Optimisme
Mais au-delà de ce tableau sombre, une voix d’optimisme tente de percer. Les banques pourraient être le catalyseur du changement. « Il est temps que les banques cessent d’être de simples prêteuses passives et deviennent de véritables actrices du développement », explique un des participants au forum. Dans ce nouvel échiquier, elles doivent réinventer leur modèle, soutenir des projets à haute valeur ajoutée, et se détacher progressivement de leur dépendance à la dette souveraine. Une ambition partagée par plusieurs participants à la conférence, comme Hery, membre du cercle de réflexion des économistes de Madagascar : « Il faut oser les partenariats public-privé, mobiliser les marchés de capitaux locaux, et surtout, faire confiance aux entrepreneurs africains. » Cette résilience passe aussi par l’intégration des technologies financières, l’élargissement de l’inclusion bancaire, et un renforcement des outils de régulation. Les banques centrales, de leur côté, devront innover pour stabiliser les économies, soutenir les banques en difficulté et surtout imposer des standards plus rigoureux. Car au final, si l’endettement est une fatalité pour certains, il peut devenir un levier d’action pour ceux qui osent repenser le système de l’intérieur. A condition, bien sûr, de ne pas répéter les erreurs du passé.