Publié dans Editorial

Le PAC fait-il peur ?

Publié le mardi, 15 juin 2021

Le Pôle anti-corruption (PAC) sème-t-il la terreur quelque part ? A en croire certaine manigance orchestrée autour d’une proposition de loi 01-2020 PL échafaudée et soumise  à l’Assemblée nationale, on s’interroge légitimement. Modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n° 2016-021 portant règlementation du fonctionnement du PAC, elle inquiète.

Des analystes et même de simples citoyens se demandent sur le vrai tenant et aboutissant de l’initiative. Personne n’est capable d’avoir une idée exacte sur le contenu de cette proposition mais une chose est sûre tout de même : en cas d’adoption définitive, le PAC verra ses prérogatives amoindries et son champ d’action réduit ! Le PAC fait-il peur ?

D’après la loi n° 2016-021 du 22 août 2016, le Pôle anti-corruption a pour mission de traduire devant la loi tout acte délictuel ayant des liens directs ou indirects avec la corruption. En collaboration avec les juridictions de la Justice dont le ministère public, le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI), le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) ainsi que le Service de renseignement financier (SAMIFIN), le PAC est habilité à juger selon la loi en vigueur toute forme de délit de corruption commise sur tout le territoire de la République. Dans l’exercice de ses fonctions, le PAC jouit des prérogatives et d’un champ d’action élargi, entre autres la saisie des biens supposés mal acquis avant le procès.

La proposition de loi n° 01-2020 veut donner un cadre limitant les marges de manœuvre du PAC. Evidemment, la levée de boucliers des juridictions engagées dans la lutte contre la corruption ne se fait pas attendre. En première ligne, le CSI dirigé par l’éminente juriste Sahondra Rabenarivo. Le Comité monte au créneau et dénonce formellement la tentative déguisée à museler et à lier les mains et les pieds du PAC. Les organisations de la société civile s’inquiètent également au plus haut point. Tout porte à supposer qu’il existe des zones d’ombre à éclaircir.

En amont, les préparatifs dudit projet qui s’étaient réalisés en catimini suscitent des doutes. A en croire les explications apportées par Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, ministre de la Communication, en sa qualité de porte-parole, le Gouvernement a été pris de court. Au Palais de Tsimbazaza, les députés l’ont adopté « à la hâte ». Dieu sait si le débat a eu lieu normalement en séance plénière. Les initiateurs ont réussi à l’imposer. Du forcing manifeste ! Et l’opinion se pose des questions. Pourquoi ? Comment ?

Le Sénat, coincé entre les deux mâchoires de l’étau, tergiverse. La solidarité parlementaire entre majorité des deux Chambres d’une part et les Juridictions judiciaires autour du PAC, l’opinion publique, la société civile et surtout la communauté internationale, de l’autre. On attend de pied ferme le vote d’Anosikely. Un test de grandeur nature pour les sénateurs. Ils ont néanmoins promis de placer l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de toute considération !

Le PAC fait-il peur ? La lutte contre la corruption, initiée par le Président Rajoelina, serait-il en danger ? Qui vivra verra !

Ndrianaivo

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Editorial

  • Nécessité impérieuse
    L’Assemblée nationale vote la Loi de finances 2026. Après moult débats souvent houleux assortis de 24 amendements, les députés ont finalement adopté le Projet de la LFI – 2026 dans la journée du mardi 25 novembre 2025. C’est la première fois dans les annales des travées de l’Hémicycle de Tsimbazaza que de vifs débats agitaient les réunions en commission, en séance plénière des représentants du peuple. L’adoption du Projet de la LFI 2026 suscitait des intérêts particuliers des parlementaires. Le ministre de l’Economie et des Finances, le grand argentier de la République, Dr Herinjatovo Ramiarison, devait signaler une note positive et encourageante face à ce regain d’intérêt et d’attention que nos élus éprouvent à l’endroit des Finances de l’Etat, le « nerf de la guerre ». Pour la première fois dans l’histoire des législatures du pays que les députés ont bien voulu prendre conscience des responsabilités qui pèsent sur leurs…

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