« Les cours restent suspendus pour les élèves du niveau préscolaire et primaire pour les Circonscriptions scolaires d’Antananarivo-ville, Avaradrano, Atsimondrano et Ambohidratrimo à partir du lundi 6 octobre. La reprise sera annoncée sur la page... ». Cette annonce de la Direction régionale de l’éducation nationale (DREN) Analamanga a été publiée dans la soirée de dimanche dernier. Une décision qui ne fait pas l’unanimité, notamment auprès des établissements privés. En fait, bon nombre d’entre ces derniers ont repris les cours depuis la semaine dernière, mais avec des organisations et mesures de sécurité.
Le navire navigue en Haute mer. Une subite et forte perturbation atmosphérique secoue le bâtiment. Il tangue autour de lui et risque le naufrage au cas où la tempête ne se calme pas ! Peut-être que le pays aurait-il besoin de l’intervention d’un Christ qui a su apaiser la folie des vagues comme ce fut le cas en pleine mer de Galilée. Les disciples s’affolaient et paniquaient, il a fallu que le maître agisse ! Madagasikara devrait-il faire appel à une telle intervention pour calmer le tumulte. Une question, qui serait le sauveur ? Il en faut vraiment pour administrer le miracle !
La fiscalité pèse sur les entreprises, limitant leur capacité à se développer et à investir. Selon la dernière enquête de la Banque centrale, près de deux tiers des entreprises identifient la pression fiscale comme l’un des principaux obstacles à leur fonctionnement. Ce constat met en lumière un défi structurel pour l’économie nationale pour conjuguer les besoins de recettes de l’Etat et la compétitivité des entreprises.
Malgré la tourmente sociale et les manifestations qui secouent Madagascar, le Festival des œufs d’Antanetibe-Mahazaza fait preuve d’une résilience remarquable en maintenant sa quatrième édition. Ce rendez-vous annuel, devenu un pilier de la vitalité régionale, se déroulera du 10 au 12 octobre sur le terrain Mahazaza, situé à une quarantaine kilomètres d’Antananarivo.
Suite aux dernières manifestations par la « Gen Z » qui ont secoué le pays depuis le 25 septembre, le président directeur général du groupe SODIAT, Maminiaina Ravatomanga est sorti du silence. En effet, le nom de cet opérateur économique a été cité à plusieurs reprises par les manifestants ainsi que certains activistes des réseaux sociaux qui ont également profité de l’occasion pour l’associer à des présumés magouilles et scandales en tout genre. Au cours d’une émission spéciale diffusée sur plusieurs chaînes privées et médias en ligne dans la soirée d’hier, cet opérateur économique a répondu sans détour aux questions de trois journalistes. Pour cet homme d’affaires discret, il s’agit seulement de sa troisième sortie médiatique en quatre ans. Ses deux dernières interventions télévisées remontent respectivement en avril 2022 et au mois d’août 2023.
Une page se tourne au Palais de Mahazoarivo. Hier soir, le Président Andry Rajoelina a officialisé la nomination du Général de division Fortunat Ruphin Zafisambo au poste de Premier ministre de Madagascar. Il succède à Christian Ntsay, en fonction depuis 2018, remercié en même temps que son Gouvernement le 29 septembre dernier suite aux manifestations et les revendications de la Gen Z. Cette nomination marque une nouvelle étape dans la stratégie présidentielle, entre recherche de stabilité politique et volonté de réforme profonde de l’appareil d’Etat.
Au stade actuel de la situation du moins jusqu’en fin de week-end dernier, il est du domaine de l’impossible d’imaginer un quelconque rapprochement entre les deux camps. La corde reste raide et même se durcit. A l’allure où vont les choses, on s’achemine vers la rupture autrement dit vers le point de non- retour. Pour le moment, il subsiste encore une faible possibilité de parvenir à un certain apaisement. Le dialogue demeure la chance ultime !
Le pays est partagé voire écartelé entre l’impossible rapprochement et l’inévitable dialogue. Pour le camp du pouvoir incarné par le Chef de l’Etat Rajoelina Andry Nirina, on écarte catégoriquement l’idée de déposer la démission. Une option non négociable dans la mesure où le Président de la République Rajoelina Andry croit dur comme fer qu’il détient entre ses mains la légalité du pouvoir. Une légalité de pouvoir obtenue selon le verdict des urnes ! Démocratiquement et constitutionnellement parlant, Rajoelina Andry est et demeure, jusqu’à nouvel ordre, le Chef de l’Etat malagasy. Il conserve la plénitude du pouvoir défini par la Constitution et reconnue par la Communauté internationale. De ce fait, il rejette même s’il ne l’a pas dit ouvertement l’option « démission ». C’est impossible. Lors des deux interventions, Rajoelina reconnait des erreurs dans la direction des affaires nationales mais réitère sa disponibilité au dialogue. Donc, il appelle et invite, les jeunes de la Gen Z à entamer la voie du rapprochement et à se retrouver autour d’une table. En tout cas, le Chef de l’Etat reste ouvert à la concertation.
De leur côté, les initiateurs du « « hetsika », les jeunes de la Gen Z auxquels viennent s’ajouter les Gen Y, la plate-forme de l’Opposition, les syndicats, les artistes surtout la population acquise à leur cause écartent toute option en lien au concept de dialogue avec les tenants du pouvoir. Le débat autour de la table avec le pouvoir représenté par l’actuel Chef de l’Etat n’entre en aucun cas dans la logique du mouvement populaire. C’est impossible ! Les Gen Z et consorts ne misent qu’à une issue : la démission du Chef de l’Etat Rajoelina Andry. Une position incontournable !
Cependant, de l’avis de presque tout le monde, le dialogue est inévitable. La Communauté internationale, les partenaires traditionnels essentiellement les chancelleries européennes en poste à Antananarivo et les instances internationales, entre autres l’ONU, la SADC et la COI, très sensibles aux évènements qui secouent le pays, invitent avec insistance et avec le sentiment de compassion à l’égard de la Grande île, les deux parties de s’asseoir autour d’une table et entamer le processus de dialogue. Diverses institutions notamment religieuses (FFKM) et autres entités sociales emboîtent le pas dans le sens du vœu des partenaires de Madagasikara. Les dirigeants des quatre églises dites « Fiangonana zokiny » ont été reçus par le Chef de l’Etat au Palais d’Etat d’Iavoloha. Ils se disent prêts à jouer le rôle de négociateurs entre les deux. Tout ce beau monde prêche la vertu du rapprochement en vue de la concertation. Il n’y a qu’une seule voie de sortie de crise crédible, le dialogue. C’est inévitable !
Et ainsi, deux positions diamétralement opposées divisent le pays. Pris en tenaille entre l’impossible et l’inévitable, Madagasikara traverse une passe délicate.
Ndrianaivo
« Nous sommes restés silencieux mais aujourd’hui, nous allons nous faire entendre ». Tel est, en résumé, le message véhiculé par les proches du régime pour mobiliser leurs partisans à montrer leur soutien au Président Andry Rajoelina.
De nombreux partisans ont répondu à l’appel en effectuant une « contre – manifestation » dans plusieurs quartiers de la Capitale notamment à Ankorondrano, Anosy, Anosibe, et Andavamamba. Ils ont tenu à montrer leur soutien au Président de la République tout en réitérant leur souhait de reprendre leurs activités quotidiennes qui sont perturbées à cause de la série de manifestations de la Gen Z. Ils ont exprimé leur ras – le – bol face aux mouvements de contestations qu’ils qualifient de « tentatives de coup d’Etat ». Des manifestations du même genre, initiées par les pro – régime, ont également été observées dans d’autres villes comme à Toliara et Mahajanga.
« Laissez le Président travailler », « Non à la démission du Président Rajoelina », « Nous en avons marre des instabilités », « Non à l’incitation à la haine », « Non au coup d’Etat » pouvait – on notamment lire sur les banderoles et écriteaux brandis par les manifestants. Leur manifestation menée en parallèle avec le mouvement des jeunes membres de la Gen Z a été encadrée de près par les Forces de l’ordre. Aucune confrontation entre les manifestants issus des deux camps n’a toutefois pas été observée au cours de la journée.
La Rédaction
Face à la dégradation du climat social et économique, le secteur privé malgache tente d’imposer sa voix dans le débat national. Le Groupement des entreprises de Madagascar (GEM) et le Fivondronan’ny mpandraharaha malagasy (FIVMPAMA) ont publié, samedi 4 octobre, un communiqué conjoint à l’issue d’une rencontre avec le Président de la République, consacrée à la situation actuelle du pays.
Les deux organisations patronales, parmi les plus influentes de la Grande île, y expriment leur inquiétude quant à l’impact des récents troubles sur le tissu économique et social. Elles appellent à « sécuriser les personnes et les biens », condition jugée « indispensable à la continuité et à la reprise des activités », et à restaurer « un climat de confiance » propice à l’investissement.
Sans évoquer directement les manifestations et tensions qui ont paralysé plusieurs zones d’Antananarivo ces deux dernières semaines, le patronat plaide pour un dialogue apaisé et un encadrement responsable des mobilisations. Objectif : éviter « toute escalade de la violence » susceptible d’affecter davantage le fonctionnement des entreprises et la vie quotidienne des ménages.
Le communiqué insiste également sur la nécessité de préserver les acquis économiques de Madagascar, citant l’Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne, l’AGOA et les partenariats financiers internationaux. Ces leviers, rappellent les deux groupements, demeurent essentiels à la sauvegarde de milliers d’emplois.
Au-delà du constat, le GEM et le FIVMPAMA formulent trois propositions « concrètes et pragmatiques » : renforcer la gouvernance économique pour restaurer la confiance des investisseurs, intégrer les effets de la crise dans la préparation de la loi de Finances 2026, et relancer les filières industrielles, agricoles et touristiques, moteurs de croissance inclusive et de développement territorial.
Les deux organisations appellent à « l’abandon de toute forme de violence » et à la mobilisation des acteurs publics et privés autour d’un « dialogue national constructif, fondé sur la responsabilité, la solidarité et la recherche d’un avenir commun ».
Une mise en garde autant qu’une main tendue
Ce message commun, dans un contexte politique tendu, sonne à la fois comme une mise en garde et une main tendue aux protagonistes. En choisissant le ton du dialogue plutôt que celui de la dénonciation de qui que ce soit, le patronat malgache tente de préserver la cohésion d’un tissu économique déjà fragilisé par la crise politique, la baisse de la production et la frilosité des investisseurs étrangers.
Mais derrière l’appel à la stabilité, transparaît une préoccupation plus profonde : celle d’éviter une rupture durable entre l’Etat et le secteur productif. L’un ne peut pas survivre sans l’autre. Dans un pays où plus de 80 % des emplois dépendent directement ou indirectement des entreprises privées, la survie du tissu économique reste indissociable de la stabilité institutionnelle. Le communiqué du GEM et du FIVMPAMA sonne ainsi comme un rappel : sans confiance ni visibilité politique, la relance économique tant espérée restera hors de portée.
L.R.