Publié dans Politique

Affaire de Vohilava Mananjary - Les raisons du mécontentement de la population

Publié le dimanche, 18 octobre 2020

Le député de Madagascar élu à Mananjary Charlot Mamihaja entend interpeller le Gouvernement concernant les exploitations illicites d’or dans sa circonscription. « Nous sommes très reconnaissants envers le Président Andry Rajoelina pour sa décision de suspendre ces activités illégales », dit le parlementaire.
Selon lui, la compagnie chinoise incriminée, Mac Lai Sime Gianna (MLSG), entreprend des activités minières non en règle dans la Commune rurale d’Andranomavo et à Ambaladara dans la Commune rurale de Marokarima. Mécontente, la population locale s’est énergiquement opposée au projet d’Andranomavo, ce qui a obligé les Chinois à arrêter leurs activités depuis le 14 février.
Quant à l’exploitation aurifère dans la rivière d’Isaka à Vohilava, à 60 km à l’ouest de Mananjary, les équipements et une des trois dragues de la compagnie sont toujours en place, plus d’une semaine après la déclaration présidentielle. « La prochaine étape de notre lutte est de les voir entièrement enlevés de là où ils sont », insiste le député. « C’est à moi de faire des interpellations dans ce sens lors de ma prise de parole au cours de la session parlementaire qui s’ouvre mardi », ajoute-t-il.
Puissante famille
La mairesse de cette Commune de plus de 20 000 habitants, Marie Claire Razafindravelo, dit qu’elle ne reculera jamais devant les abus qui font souffrir les habitants. Avec l’appui du député Charlot Mamihaja, les Ampanjaka, les notables et l’implication active des organisations de la société civile, le Tafo Mihaavo notamment, sa Commune a bataillé sans relâche avec la puissante famille des descendants des Chinois basés à Mananjary. En effet, la dame derrière l’exploitation aurifère à Vohilava était née dans le village du même nom.
Le problème a commencé en août 2016 quand la MLSG est venue s’installer avec des éléments chinois, bien évidemment. « Ils n’ont pas respecté les traditions ancestrales », regrette Raleva Rajoany. Agé de 63 ans, il est le représentant de Justice et Paix pour quatre Communes adjacentes, y compris Vohilava. Il est aussi un conseiller technique pour le réseau national des communautés engagées dans la gouvernance et la gestion durable des ressources naturelles Tafo Mihaavo.
Saccagé
Raleva Rajoany était détenu durant 25 jours en 2017 après qu’il a su mobiliser la communauté à se manifester contre le projet minier des Chinois dans sa Commune. Selon son récit, il pouvait nourrir sa famille, scolariser ses enfants, acheter des vêtements pour eux grâce à l’or qu’il extrayait de la rivière d’Isaka, un confluent du fleuve de Mananjary. « Si la chance est bonne, je ramenais à la maison jusqu’à 1,5 gramme d’or en une seule journée », dit-il. Un gramme coûte en ce moment 160 000 ariary. « J’ai commencé en 1985 et a arrêté en 2018 », confie-t-il.
La petite mine pratiquée dans la rivière d’Isaka est une importante source de revenu pour les membres de la communauté. L’arrivée des Chinois a remis en cause la disponibilité de l’essentiel de leur moyen de survie. Du coup, le futur est aussi devenu incertain pour les enfants. L’environnement est complètement saccagé, outre le problème de santé entrainé par la pollution de l’eau. Mais les us et coutumes locaux sont aussi profanés. Selon la population affectée, les étrangers défèquent et urinent directement dans l’eau.
Devant la Justice
Le 1er septembre, les mécontents ont décidé de lancer un assaut contre les installations de la compagnie minière pour exprimer leur exaspération. Ils se sont tout de même gardés de ne toucher qu’aux matériels en épargnant les humains, les Chinois et leurs employés. « Ils m’ont fait savoir leur intention de détruire les équipements de l’exploitant dès janvier. Mais je leur ai proposé de ne pas le faire. Nous avons prévu des négociations », révèle Louis de Gonzague Razafimanandraibe, président national de Tafo Mihaavo.
Les mesures de confinement imposées par la Covid-19 en ont toutefois décidé autrement. Une fois les restrictions atténuées, les habitants de Vohilava ont mis à exécution leur détermination afin de protéger leurs intérêts et faire valoir leurs droits. La propriétaire de la compagnie aurait porté l’affaire devant la Justice. Il est quand même difficile d’avoir sa version. Elle n’est jamais disponible pour une interview. « S’ils sont en règle vis-à-vis de la loi, ils devraient être ouverts au dialogue », regrette la mairesse Razafindravelo. Affaire à suivre.
M.R.

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Editorial

  • Règles générales prioritaires
    En ce début de cycle nouveau, il importe de rappeler certains principes de base qui figurent comme étant des lignes directrices à respecter, des balises pour éviter les dérapages ou toutes formes d’abus. Quelques règles inévitables s’imposent. Règle numéro un : respect de l’Etat de droit. Concept de fond qui garantit la crédibilité d’un régime en place, le respect de l’Etat de droit dans toutes ses composantes incarne l’identité d’une Nation digne de respect et de reconnaissance. Un Etat de droit signifie un pays qui respecte la loi en vigueur, les Institutions républicaines et place la dignité humaine au centre des intérêts comme étant une priorité cardinale. Personne n’est au-dessus de la loi ! Un Etat de droit entend la mise en œuvre de façon stricte de la bonne gouvernance, ce qui présuppose la priorité accordée à la transparence. De fait, une gestion saine des ressources publiques et de la…

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