Publié dans Politique

Canal des Pangalanes - La nature sur les rives menace de disparaître

Publié le lundi, 18 avril 2022

De Toamasina à Farafangana, les rives du Canal des Pangalanes sont en danger ! « Moi aussi, j'en ai marre, marre et marre. Encore et encore. Tous les jours, toutes les nuits, pendant les cyclones, pendant les pleines lunes, sous la pluie, avec des vents de dingue, rien ne les arrête. Ils sont libres. Aucun contrôle des autorités ? Malgré nos démarches ». C'est ainsi que Stéphane Decampe, un opérateur touristique basé à Andranokoditra, Commune rurale d'Ambinaninony Brickaville, a fait savoir son mécontentement samedi.

Ce jour-là, au niveau du village de Topiana, sa vedette rapide en partance de Toamasina, à 50 km au nord, est passée à proximité d'une embarcation chargée de bois illicitement prélevés dans la forêt classée de Vohibola sous la responsabilité de l'association Razan'ny Vohibola dont sa femme Angélique Decampe est la présidente.

Depuis des années, le couple et les communautés villageoises ont fait en sorte de sauver cette aire protégée riche en faune et flore sur le littoral Est. En effet, elle est en permanence à la merci des trafiquants qui opèrent en toute impunité avec la complicité de certains responsables (cf. notre édition du 22 novembre). Le joyau de la nature sur les rives du Canal des Pangalanes menace de disparaître entièrement sans des mesures drastiques du Gouvernement.

Amertume

Le carnage est à son comble à l'intérieur de la forêt. « Le transport de bois recommence de plus belle.

Ce matin, à 8 heures devant le barrage spécial de notre mairesse à ristourne, à 15 km de chez moi, encore un bateau ! Le charbon dessus et les bois dessous (grossièrement cachés). Un classique ! Vu la ligne de flottaison, c'est du lourd dedans. » Une photo prise avec un iPhone publiée sur les réseaux sociaux à l'appui.

Une telle scène est passée pour une banalité. Depuis mars, des villageois, incapables d'agir face aux braconniers se sont relayés pour alerter sur la recrudescence de la coupe illicite dans la forêt de Vohibola. Des fois armés, les malfaiteurs semblent bénéficient de protection. « De jour comme de nuit, ils viennent et repartent avec des bois dansement chargés dans les pirogues à moteur », raconte avec amertume l'un des villageois.

« Comme tout le monde le sait, un bateau comme ça, c'est 15 tonnes de bois. Le prix à payer au barrage est de 80 000 ariary par bateau. Tous les bateaux ont un prix selon la longueur et largeur. Même celui qui n'a pas de bateau moteur y a droit à la ristourne. Une pirogue en bois avec des bois dedans, c'est 18 000 ariary. Je le sais. J'ai vu de mes yeux les factures… tamponnées en rouge et tout », affirme Stéphane Decampe.

« Il faut savoir qu'il y a à peu près 15 gros bateaux par semaine et 20 pirogues. Donc je vous laisse calculer le gain mensuel. Alors, plus ça donne d'autorisation de coupes de bois ou de faire du charbon, plus il y a des ristournes au barrage. Tout ce petit groupe de gens malhonnêtes, corrompus jusqu'aux os lapide nos forêts. », rajoute-t-il.

La rage au ventre

A l'instar d'autres étrangers et de riches personnes, l'intéressé possède une propriété privée, un héritage familial, à la lisière de la forêt de Vohibola. « Je suis Français de souche. Mais je suis Malagasy de culture. Je suis né ici et ai grandi ici », clame-t-il. Lorsqu'il s'adresse aux résidents locaux, il fait sa communication dans un parler betsimisaraka sans accent. De temps à autre, le couple reçoit chez lui des hautes personnalités dont des diplomates de haut niveau. Au moins, un ambassadeur y était hébergé durant le week-end pascal.

Face aux agissements des trafiquants et de leurs acolytes en contrebande, les protecteurs de la forêt n'entendent pas baisser les bras.

« C'est la rage au ventre que je vais tout dénoncer sur les réseaux sociaux. Je vais tout vous montrer comment ça ce passe : vidéos, photos, témoignages… Je vais infiltrer un, deux… de mes gars dans cette salade et on va tout filmer et enregistrer à leur insu. »

« D'ailleurs j'invite tout journaliste, tout reporter de la planète à venir avec moi en forêt sur les bordures, de nuit comme de jour, il y a de quoi faire. Croyez-moi ! De vrais commandos, les braconniers. Il faut le voir pour le croire, je vous jure. A vous qui m'avez lu, vous qui connaissez le problème, oui c'est à vous que je m'adresse. Faites quelque chose vite sinon je publie tout ce que j'ai depuis des années sur mon téléphone ! Marre », conclut Stéphane Décampe.

M.R.

 

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Editorial

  • Vème Sommet !
    Clôture du Vème Sommet de la COI ! Effectivement, la cinquième édition de la rencontre au Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement des îles sœurs indianocéanie dans le cadre de la COI au CCI – Ivato s’est tenue le 24 avril dernier. Dois-je rappeler que c’est le troisième Sommet à Madagasikara après celui du 16 mars 1991 et du 27 juillet 2005. Le premier Sommet de la COI a eu lieu à Antananarivo le 16 mars 1991. A peine quelque mois seulement avant la crise politique qui devait déboucher, après une « longue grève », vers la chute de l’Amiral Didier Ratsiraka. Le second à Saint-Denis de La Réunion (France), le 3 décembre 1999. Le troisième à Antananarivo le 27 juillet 2005. Et le 4ème Sommet avant celui d’aujourd’hui, à Moroni en 2014.

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