Une forte délégation gouvernementale, conduite par le Premier ministre Christian Ntsay, s’est rendue à Ikongo hier, suite à la tragédie qui a causé la mort de 21 personnes et a blessé des dizaines autres avant-hier. La principale mission des représentants de l’Etat est de faire rétablir l’ordre public sérieusement secoué dans ce District de Fitovinany qui était aussi parmi les plus durement éprouvés par les passages cycloniques durant le premier trimestre de l’année.
Les séquelles laissées par les catastrophes naturelles ne sont pas encore totalement pansées et voilà qu’un nouvel épisode malheureux s’est déclaré pour mettre à mal la résilience des habitants. Ceux-ci sont donc parmi les souffre-douleurs des faits naturels et humains. Du coup, il est question de droits humains car tous ont droit à la vie tout comme tous ont droit à la préservation de leur sécurité contre toute forme de menace (lire article ailleurs).
Voici les dispositions de l’article 8 de la Constitution de la République : « Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie. La mort n’est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendue absolument nécessaire, en vue d’assurer la défense de toute personne contre la violence illégale. Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
Les discussions s’annoncent compliquées à ce titre. Les habitants eux-mêmes ont le droit d’être à l’abri des actes perpétrés par les bandits. De fait, les origines des échauffourées de lundi ont lien à l’enlèvement d’un enfant albinos dont la mère biologique était assassinée par les agresseurs. D’évidence, le droit de ces deux pauvres victimes était bafoué. Il y a lieu dans ce cas laisser l’appareil judiciaire faire son travail pour punir la peine dument constatée.
Les suspects arrêtés sont placés en garde à vue. C’est là qu’une foule en colère voulait faire appliquer la loi du talion. Mais, comme les supposés enleveurs sont entre les mains des soldats de la loi, ceux-ci n’ont pu faire autrement que s’exécuter conformément à la loi en vigueur. Ils sont en bon droit de se protéger contre toute forme d’agression provenant du dehors de la caserne.
C’est de leurs propres vies et de celles de leurs familles qu’il s’agit. Ils ont aussi l’obligation de mettre en sécurité les placés en garde à vue. De plus, la communauté internationale se montre pointilleuse à l’égard du respect des droits des détenus depuis leur arrestation.
Tout repose sur l’intégrité de l’appareil judiciaire pour consolider la confiance du citoyen envers tout l’appareil d’Etat. La Justice est la pièce maitresse de la promotion des droits de l’homme et aussi de l’Etat de droit. En attendant le rétablissement de l’ordre, les détenus d’Ikongo ont bénéficié d’une « mise en liberté provisoire ».
Ils ont été placés quelque part entre temps car même les éléments des Forces de l’ordre ont dû s’absenter de la ville par peur de représailles en dépit de la protection dont ils bénéficient de droit. En effet, le lieu de détention d’Ikongo a subi un assaut populaire en décembre 2017. Les habitants voulaient y extraire sept accusés de meurtre. Le transfert temporaire à des endroits plus sûrs s’est donc imposé dans une localité en plein trouble.
La question de droits humains a toujours été une des préoccupations majeures quant au destin de l’ex- Région de Vatovavy-Fitovinany. A Vatovavy, les droits des jumeaux de Nosy Varika et de Mananjary ont alimenté des débats passionnés jusqu’aux Nations unies. A Fitovinany, Ikongo a fait parler de lui par deux fois en une demi-décennie. Que la tragédie de la troisième fois n’y ait pas lieu !
M.R.