Un véhicule chargé de palissandre a été saisi à Vohitraivo, dans la Commune de Vohimena, District d'Amparafaravola, le 5 octobre à 15h20. Ce sprinter phase 3 était chargé de 75 bois de palissandre dont 24 pièces de 2 mètres et 51 pièces de 1 mètre, selon les informations recueillies auprès des autorités locales. Pourtant, aucune pièce valable n'a été présentée par le conducteur, seule autorisation de transport de bois sans précision rédigée par une députée élue dans la Capitale. Effectivement, cette autorisation dont l'image circulait sur les réseaux sociaux s'avère au nom et pour le compte de sa signataire. Abraham Rajafetra, secrétaire général du ministère de l'Environnement et
du Développement durable (MEDD) confirme la saisie et l'existence de la fameuse autorisation de transport. Le MEDD est la seule autorité pouvant octroyer une autorisation de transport de ce bois précieux, dont l'exploitation reste suspendue jusqu'à maintenant, selon ses dires.
« Les officiers de police judiciaire du ministère mènent les enquêtes actuellement », précise le SG. Ce responsable d'ajouter qu'aucune négociation ni pression n'est notée jusqu'à hier. En attendant les résultats de l'enquête, la saisie des bois de palissandre au bureau de la Brigade de Tanambe et la mise en fourrière du véhicule les transportant figurent parmi les mesures prises. De notre côté, nous avons tenté de joindre la députée « suspectée » pour avoir sa version des faits, mais en vain.
Une cellule de crise pour maîtriser les feux
En deux semaines, pas moins de 3 incendies ont été signalés auprès des aires protégées de l'Ouest, du Sud et du centre. Celui qui s'est produit dans le Parc national de la Baie de Baly a été le plus ravageur, avec plus de 8000Ha de forêts réduites en cendres en quelques jours. Des hectares de surfaces dans le parc national de Zombitse- Vohibasia, dans l'Atsimo-Andrefana, ainsi que dans les réserves d'Ankarafantsika, dans l'Ouest, et récemment dans l'Ankaratra ont également été ravagés par les flammes. Le MEDD et ses partenaires ainsi que les éléments des Forces de l'ordre et les communautés locales se mobilisent massivement pour maîtriser les feux. La mise en place d'une cellule de crise pour solutionner et coordonner les activités de maîtrise des feux constitue l'une des activités entreprises en ce moment. Une équipe du ministère de tutelle est dépêchée pour ce faire, avec l'appui des partenaires et autorités locales. Les enquêtes quant à ces incendies se poursuivent en ce moment, tout comme les actions d'extinction des feux. « Outre les dessous politiques, l'agriculture et l'élevage ainsi que le manque de prudence constituent les causes des incendies », selon les hypothèses. Le sous effectif des agents forestiers en exercice (350) sont sous-effectif par rapport aux surfaces couvertes, soit un agent pour 25 000 Ha. De plus, les moyens restent limités pour maîtriser les feux dans les plus brefs délais. Madagascar ne dispose d'aucune hélicoptère porteur d'eau ni d'avion canadair, quoique le satellite et les drones soient utilisés pour l'identification et les contrôles des feux.
Malgré cette situation, des stratégies de prévention et de lutte contre les feux ont été mises en œuvre. La mise en place de comités auprès des Fokontany pour sensibiliser, éduquer et mobiliser les communautés locales en fait partie. A cela s'ajoute la construction et le renforcement des pare-feux dans plusieurs localités afin de sécuriser les aires protégées et sites culturels. Les stratégies semblent efficaces puisque le MEDD note une réduction significative des surfaces incendiées. 4 397 000 Ha de surfaces ont été incendiés de janvier à décembre 2021. Ces chiffres ont été réduits jusqu'à 90% cette année, avec 90 000 Ha de surfaces incendiées entre janvier et août.
Le retard d'un mois de l'apparition des feux en cette période est également constaté. Cependant, des efforts restent à déployer pour mieux protéger les forêts des incendies. Ceci d'autant plus que des feux proviennent de l'intérieur des aires protégées…
Recueillis par Patricia Ramavonirina