Les cinq avocats de la défense n’étaient pas parvenus à blanchir leur client qui s’est exprimé exclusivement en français, le concerné arguant ne pas comprendre un traître mot du malagasy. Tout au long des débats à l’audience au cours desquels il a essayé de déjouer les questions pièges du juge, du ministère public et enfin des assesseurs, n’a trouvé qu’un ultime recours pour trouver le salut : la légitime défense. « J’ai dû me défendre car Junot a voulu me tuer », s’était-il contenté d’expliquer à la présidente de la Cour. Argument que ses avocats ont repris en chœur et fait écho, sans qu’il n’ait réussi à fléchir la Justice qui y voit simplement un meurtre dont les preuves sont là.
Ainsi se dénoue cette affaire relevant d’un meurtre avec préméditation, et qui remonte en janvier dernier. Mais avant qu’on soit arrivé là, Loïc Large a dû déjà séjourner à Tsiafahy, à titre provisoire. Et cela fait la quatrième fois que son procès a dû être reporté, pour dossier manquant, entre autres motifs évoqués.
Junot Ramananarivo (J.R.) a été assassiné un après-midi de dimanche de janvier dernier, dans un parking sis non loin de Pullman. Il a alors succombé suite aux blessures occasionnées par plusieurs coups de couteau, que lui a assenés son agresseur français. A l’origine du drame, un endettement du français envers Junot. Et du coup, les choses se sont envenimées entre les deux hommes.
Junot s'est alors déplacé à Ivandry où les deux se seraient donné rendez-vous, histoire pour le premier de réclamer son dû s'élevant à 300 millions d'ariary à son débiteur français. Ce dernier était censé rembourser son créancier malagasy, au point de l'inviter pour une rencontre. Le Français a fait savoir qu'il n'a pas une telle somme sur lui. Ce qui aurait mis Junot dans tous ses états. C'est là que le ton a haussé de plusieurs crans entre les deux hommes. Le créancier aurait menacé de confisquer l'entreprise de Loïc si jamais ce dernier n’est pas en mesure d'honorer sa dette. Les propos du créancier auraient déplu au débiteur qui n'a pas hésité à le poignarder en visant particulièrement le cœur.
Plusieurs sources concordantes ont avancé que peu avant le drame, J.R. serait accompagné de deux gardes du corps, des membres des Forces, pour son rendez-vous avec L.L. Ce dernier l'aurait reçu dans son 4x4 pendant que les gardes du corps ont dû se retirer à quelques distances. Au bout de quelques moments, le Français a alors poignardé son interlocuteur qui aurait encore eu la force de s'échapper, tout en sang, et alerter ses « bodyguards », qui ont arrêté le Français, et ce, au prix d’une lutte au corps-à-corps.
La brigade criminelle fut informée. A l'arrivée des Forces de l'ordre sur les lieux, les hommes de la BC constatent que de J.R. agonisait déjà, les perforations laissées par le couteau dans la région du cœur ne lui ont donné aucune chance de survivre. De son côté, le Français avait été arrêté à l'endroit même du crime.
L’affaire était telle que, le ministre de la Justice de l’époque a avancé que « le procureur général a directement pris l'initiative d'ouvrir une enquête, en collaboration avec la Brigade criminelle de la Police nationale. Selon les résultats de l'autopsie effectuée au centre hospitalier de Soavinandriana, la cause du décès étant la perforation d'un organe vital. » Enfin, les membres de l’entourage du disparu ont affirmé leur satisfaction par rapport à la décision de la Justice pour condamner le Français. Avant que le procès n’ait démarré hier, on a pu les voir, en T-shirt blanc et blue-jeans noir, manifestant devant le tribunal d’Anosy tout en brandissant des banderoles réclamant que justice soit faite pour la paix de l’âme de Junot.
Franck R.