Publié dans Politique

Université d’Antananarivo - Décision sur fond d’abus et d’insubordination

Publié le dimanche, 07 mai 2023


La population estudiantine de l’université d’Antananarivo et de ses dépendances a des soucis à se faire. Les chercheurs à partir du grade de docteur sont aussi dans l’embarras. Le président de l’université, le Pr Mamy Raoul Ravelomanana, par l’arrêté 055/UA/PR du 17 avril 2023, a révisé à la hausse le droit d’acquisition des diplômes.
La nouvelle mesure, en vigueur depuis le début de ce mois selon l’acte administratif, s’applique à celles et ceux qui ont obtenu le bac, la licence, les masters, le doctorat, le doctorat HDR ou d’Etat et l’agrégation. Les futurs diplômés seront aussi concernés sauf changement majeur.
Par le même arrêté, le président de l’université d’Antananarivo enjoint toutes les anciennes promotions, qui n’ont pas encore acquis leurs diplômes, de s’exécuter dans l’immédiat. Elles auront trois mois à partir du 1er mai pour déposer leurs demandes d’acquisition des diplômes.
Les nouveaux tarifs sont jugés excessifs. Par exemple, pour le doctorat, l’ancien droit de 30 800 ariary devient 200 000 ariary. Pour le doctorat HDR, le nouveau montant est fixé à 500 000 ariary contre 41 800 ariary auparavant.
De plus, le temps de transition entre la prise de décision et son entrée en vigueur est trop court : du 17 avril au 1er mai. L’on dénonce alors en coulisses un abus de la part des autorités universitaires, qui, étant en plein second mandat, ne sont pas des novices du tout en matière de gestion des affaires universitaires.
Selon la loi, les universités publiques jouissent d’une autonomie administrative, financière et scientifique. Mais cela ne signifie pas que les responsables universitaires peuvent agir selon leur bon vouloir. Le décret 2002-565 du 4 juillet 2002 fixe l’organisation et le fonctionnement des universités et des établissements d’enseignement supérieur à Madagascar.
A la lumière de la loi, toute prise de décision importante concernant la vie universitaire doit avoir l’aval du conseil d’administration (CA) de l’université. L’augmentation du droit d’acquisition des diplômes a sa validité si elle est incluse dans le plan de développement institutionnel de l’université en question s’il y en a.
La décision s’y rapportant devrait aussi passer par le conseil scientifique car, en l’espèce, elle a trait à la pédagogie même si elle est administrative. Cependant, l’augmentation du droit d’acquisition des diplômes ne relève pas des compétences du C.A.
L’on se demande sur les réelles motivations du président de l’université derrière la décision qui est apparemment unilatérale. Des questions se posent. Les matières premières pour confectionner les diplômes seront-elles différentes ? L’encre à utiliser le sera-t-il aussi ? Le coût des plumes pour les signatures a-t-il augmenté ? Les mentions à porter sur les diplômes seront-elles importées ?
« La nouvelle décision est-elle opportune sachant que nous sommes en pleine période préélectorale et que la conjecture actuelle met tout le monde à rude épreuve ? A-t-il pris en compte les éventuels impacts de sa décision ? » réagit un enseignant-chercheur à la faculté des lettres et sciences humaines à Ankatso.
Selon les précisions, les copies des documents utilisés lors du processus de prise de décision doivent être envoyées au ministère. L’équipe de Fiadanana doit donc avoir reçu les copies des procès-verbaux des réunions et des délibérations, s’il y en a, dans un délai de 15 jours à la suite des délibérations.
L’instance ministérielle examine les documents transmis afin d’en apprécier la teneur dans un premier temps. La décision peut être appliquée si elle obtient l’aval du ministère. Dans le cas contraire et surtout si les pièces requises font défaut, le ministère est en droit de prononcer la nullité de la décision du président de l’université.
Aux dernières nouvelles, aucun document relatif à la nouvelle donne à l’université d’Antananarivo n’est reçu au ministère. Une telle attitude est assimilable à l’insubordination.
M.R.

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Editorial

  • Secteur en panne !
    En mauvaise posture, le secteur éducatif malagasy va de mal en pis. Tel un navire en panne, en Haute mer, le moteur bloqué, l’équipage perd le contrôle. Le bâtiment tangue de gauche à droite. A la dérive, il risque le naufrage. A l’époque coloniale, l’instruction publique représentait l’un des principaux points d’achoppement du pouvoir en place. A l’aube de l’occupation, le Général Gallieni, premier gouverneur général de Madagasikara, se heurtait à une difficulté majeure : déterminer quel type d’instruction ou quel modèle d’enseignement, devrait être appliqué dans la colonie (Madagasikara) ? Un enseignement élitiste, de haut niveau, ou un enseignement élémentaire, rudimentaire ? Et encore « quelle langue d’enseignement adoptée ? » Deux grandes orientations ont été primées par le Général gouverneur : dispenser un enseignement pour un cursus éducatif de haut niveau pour les enfants des colons. D’où la création des lycées à Antananarivo, le lycée Gallieni (1908) et…

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