Il convient de rappeler que l’origine de la dénomination « 11 candidats » tient du fait que les onze personnages en question sont bel et bien des candidats officiels à la prochaine élection présidentielle. C’est-à-dire qu’ils ont déposé leurs candidatures auprès de la Haute Cour constitutionnelle (HCC), laquelle les a validées en même temps que celle du Président sortant. Ce qui donna lieu par la suite au tirage au sort des numéros sur le bulletin unique organisé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), auquel les treize candidats retenus par la HCC ont effectivement participé. On remarquera que, jusque-là, le processus électoral suivait encore son cours normal et ce, sous la houlette des deux Institution et organe désignés par la Constitution pour y veiller, à savoir la HCC et la CENI.
C’est par la suite qu’est apparu le collectif des 11 candidats et sa cohorte de revendications. En tête figure la disqualification du candidat n°3 (rien que ça !), suivie de l’éviction de la HCC au profit d’une Cour électorale spéciale, ainsi que la refonte de la CENI, le tout sur fond de report de l’élection. On l’aura remarqué qu’il s’agit de revendications dont la satisfaction implique, ni plus ni moins, la suspension de la Constitution, ainsi que d’autres mesures extra-légales, alors que le collectif déclare agir pour le respect de cette même Loi fondamentale et des lois en vigueur (!).
Provocation
Devant la non-satisfaction de leurs désidératas, les 11 candidats commencèrent alors à entamer un bras-de-fer avec les autorités en place en organisant des manifestations sur la voie publique dont certaines n’ont pas fait l’objet de demande d’autorisation, tandis que d’autres en ont fait, mais n’ont pas été autorisées. Alors que l’on sait pertinemment que, dans ces conditions, l’affrontement avec les Forces de l’ordre est inévitable, les descentes dans la rue continuèrent à la régularité d’un métronome et de surcroit, parfois dans des endroits considérés comme sensibles pour l’ordre public, pour ne citer que la mythique Place du 13 mai. Si ce n’est pas de la provocation, Dieu que ça y ressemble.
C’est dans ce contexte qu’intervient un communique de la Communauté internationale au contenu mi-figue mi-raisin. En effet, d’un côté le communiqué insiste sur le respect de la Constitution et déclare « prendre note » du report de l’élection présidentielle décidée récemment par la HCC. Un message qui conforte la position du pouvoir en place qui s’en tient mordicus au processus électoral en cours avec les Institution et organe en place (HCC et CENI). De l’autre côté, en faisant allusion à « l’importance du respect (…) des libertés d’expression et de réunion » la communauté internationale semble apporter de l’eau au moulin du collectif des 11 candidats dont les manœuvres de provocation ne tendent pourtant, on l’a vu, que vers un double objectif: la suspension de la Constitution et le report aux calendes grecques de l’élection présidentielle. Ce qui, il faut bien le reconnaître, ne va nullement dans le sens des préconisations des signataires du communiqué suscité.
Pour en revenir à notre question sur la cause des troubles actuels, c’est à tout un chacun de se demander lequel des deux camps en présence a provoqué l’autre. Celui des 11 candidats qui, à travers leurs descentes dans les rues, veut évincer le candidat n°3, suspendre la Constitution et reporter l’élection présidentielle, c’est-à-dire instaurer une transition qui ne dit pas son nom, ou celui du candidat n°3 qui ne jure que par la consultation de la population par les urnes à la date prévue par la HCC pour savoir lequel des 13 candidats a sa préférence pour conduire le pays dans les 5 prochaines années ?
La Rédaction