Publié dans Politique

Animaux sauvages saisis en Thaïlande - Œuvre des réseaux de trafiquants à Madagascar

Publié le vendredi, 03 mai 2024

La honte. Mercredi dernier, les autorités thaïlandaises ont saisi 48 individus de makis, une espèce connue sous le nom scientifique de Lemur catta et inscrite à l’Annexe I de la CITES, et 1 076 individus de tortues natives de Madagascar, une autre espèce inscrite, elle aussi, au même Annexe. Six personnes ont été arrêtées pour cette affaire.
Ces animaux sauvages vivent dans les forêts sèches et la forêt à épineux du sud et du sud-ouest de l’île. Ils font depuis des années l’objet de trafic intense qui ne s’arrête pas malgré les mesures de contrôle et de lutte et qui menace leur survie.

Le nombre assez important de ces mammifères et de ces reptiles exportés clandestinement en Asie indique clairement l’existence de réseaux de trafiquants bien établis à Madagascar et à l’étranger. Certainement, des Malagasy sont complices. Ces animaux ont été placés dans des cages. L’opération d’exportation a été donc bien orchestrée depuis leurs zones d’habitation.
Il est impossible de camoufler les makis et de n’en entendre les cris. De même, il n’est jamais non plus possible de ne pas voir plus d’un millier de tortues franchir les frontières. La question est de savoir à quel aéroport ou port ces animaux étaient sortis. Dans tous les cas de figure, le fait qu’ils ont pu être exportés traduit la porosité des frontières malagasy.
Symbole de la souveraineté nationale
Les frustrés préfèrent se lancer des plaisantins au sujet des douanes nationales, lesquelles étant promptes à détecter la moindre présence de bouteilles de whisky dans les bagages des passagers en provenance de l’étranger mais auxquelles échappe la sortie clandestine des animaux protégés, une fierté nationale voire même un symbole de la souveraineté nationale.
Chaque année, depuis 2014, le Festival mondial des lémuriens se célèbre afin de mobiliser la conscience collective en faveur de ces primates qui ne vivent nulle part ailleurs au monde qu’à Madagascar. Dans une certaine mesure, l’initiative du Groupe d’étude et de recherche sur les primates de l’île (GERP), en collaboration avec ses partenaires, a porté ses fruits. Mais les infractions ont toujours existé.
Son président, l’éminent primatologue professeur Jonah Ratsimbazafy, est aussi le président en exercice de la Société internationale de primatologie (IPS) qui tiendra la prochaine édition de son congrès mondial à Antananarivo en 2025. Le scientifique regrette profondément les faits récents. « Les simples gens retournent les animaux en captivité. Mais l’Etat n’a pas d’endroit où les mettre. Quant aux tortues, l’ONG Turtle Survival Alliance prend en charge des spécimens saisis », dit-il.
Taxes sur les animaux
Le parc botanique et zoologique de Tsimbazaza a un problème. Même une partie de la faune qui y a été conservée est décimée. Le silence du ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) sur cette récente affaire étonne également le Pr Jonah Ratsimbazafy. « Les Américains sont prêts à nous aider à rapatrier ces animaux saisis en Thaïlande. Mais où allons-nous les placer ? », se demande-t-il.
L’Etat semble n’avoir la volonté de réagir en conséquence. Une fois rapatriés, les lémuriens devraient être envoyés aux zoos. Mais leur prise en charge est trop élevée pour ces centres. L’idée de réclamer des taxes sur les animaux malagasy en captivité à l’étranger, ce qui est tout à fait faisable, a fait son chemin au temps de la ministre Vahinala Baomiavotse Raharinirina.
Tout au moins, les perceptions ainsi réalisées permettraient à l’Etat de financer le fonctionnement des parcs comme celui de Tsimbazaza où sont conservés des spécimens d’animaux et de plantes sauvages de chaque région. Vu sa difficulté financière, le parc apparaît comme un cimetière pour certaines espèces. Mais le projet de taxation déjà sur les rails a été abandonné après le départ de l’ancienne patronne du MEDD.
Sommes colossales
En conséquence, les animaux malagasy saisis sous d’autres cieux y restent au profit de leurs nouvelles terres d’accueil et au détriment de leur pays d’origine. Vivants ou morts, les lémuriens de Madagascar en captivité dans des parcs ou les fossiles exposés dans des musées à l’étranger brassent des sommes colossales.
A Madagascar, la majeure partie du peu qui reste est menacée de disparition définitive. Il en va ainsi du devenir de l’île et de ses habitants. Déjà le secteur du tourisme a du plomb dans les ailes. Les routes sont en piteux état. A la longue, les visiteurs internationaux finiront par mettre une croix sur la destination malagasy au grand dam de l’écotourisme et de la population.
L’année prochaine, des sommités scientifiques mondiales viendront à Madagascar pour le congrès de l’IPS. Cela fait honte au pays si elles entendent des nouvelles comme ce trafic démasqué en Asie. « La seule solution est la volonté politique. Je suis le président en exercice de l’IPS. Je ne suis pas du tout de l’opposition. Mais l’Etat ne m’a jamais appelé au sujet de ce trafic », regrette le Pr Jonah Ratsimbazafy.
M.R.

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Editorial

  • Un phare
    « Je voudrais être un phare qui voulais illuminer les démunis et leur apporter la lumière », telle est la déclaration, érigée en confession de foi, de Harilala Ramanantsoa, porte étendard n° 7 de l’IRMAR – UPAR aux communales et municipales d’Antananarivo-Renivohitra prévues le 11 décembre prochain. A l’issue d’un culte d’action de grâce et de louange au temple du Palais de Manjakamiadana, Harilala Ramanantsoa répond à la question des confrères pourquoi a-t-elle choisi ce site historique pour organiser un culte qu’elle devait déclarer ainsi. Qu’est-ce qu’un phare ? Le Robert le définit en ces termes « une tour élevée sur une côte ou sur un îlot, munie à son sommet d’un feu qui guide les navires ». Sur un véhicule, c’est un feu à longue portée pour offrir la meilleure visibilité la nuit au conducteur.

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