Le Bureau Indépendant anticorruption (BIANCO) a publié, hier, son rapport pour l’année 2023. Le document montre des données préoccupantes sur la corruption à Madagascar. Les chiffres montrent une augmentation de la corruption malgré les efforts déployés pour la combattre. Cela souligne l’urgence de poursuivre et d’intensifier les actions.
En 2023, le BIANCO a reçu 3147 doléances, dont 1404 ont été jugées investigables, soit 44,61%. Ce pourcentage marque une hausse par rapport à l’année précédente, ce qui témoigne d'une meilleure efficacité dans le traitement des plaintes. De plus, 556 dossiers ont été traités et transmis aux juridictions compétentes, en augmentation par rapport aux 477 dossiers de 2022. Des chiffres qui révèlent l’ampleur du problème malgré les efforts pour le résoudre.
La corruption a causé un préjudice financier estimé à 19 milliards d’ariary, selon toujours le document publié hier. Les actions du BIANCO ont entraîné la poursuite de 1831 personnes dont 588 ont été arrêtées, 95 placées en détention et 122 sous contrôle judiciaire. Ces mesures montrent une volonté ferme de répression, mais elles ne suffisent pas à éliminer un problème profondément enraciné. Comme le rappelle en effet le DG du BIANCO, Laza Andrianirina, cela fait 20 ans que la lutte contre la corruption constitue un programme national. Bien que des progrès aient été réalisés, les défis demeurent énormes. La lutte contre la corruption à Madagascar exige une volonté politique forte, un engagement
Le rapport indique en outre que les Collectivités territoriales décentralisées (CTD) sont le secteur le plus dénoncé en 2023, représentant 16% des doléances. Les CTD, ainsi que d’autres secteurs comme le foncier (14%), la Justice (12%), la Gendarmerie (8%) et l’éducation (8%), forment le top 5 des secteurs les plus dénoncés. Les abus de fonction et les détournements de biens publics figurent parmi les délits les plus fréquents, une donnée qui semble se maintenir à chaque rapport du BIANCO.
Le directeur général du BIANCO, dont le mandat s’achève, a souligné la difficulté de la lutte contre la corruption et la nécessité de poursuivre les efforts. Le rapport recommande plusieurs mesures pour renforcer cette lutte. Il suggère d’appliquer les lois existantes, comme la rencontre annuelle entre le BIANCO et le Gouvernement, et de réviser les privilèges juridiques accordés à certains élus et agents publics pour garantir une répression équitable et efficace.
De plus, il est nécessaire d’adopter les textes requis, tels que ceux relatifs à la gestion des patrimoines, à la protection des dénonciateurs et au code de conduite des ministères. Il est aussi important de continuer l’installation des antennes régionales du BIANCO et de respecter les normes internationales de financement pour la lutte contre la corruption.
Recueillis par L.A.