Publié dans Politique

Feux de brousse et de forêt - Gérer, c’est prévoir

Publié le jeudi, 09 janvier 2025

« Qui a encore de l’espoir pour cette année 2025 ? Feux de brousse partout. Sécheresse qui s’éternise. Pas d’eau pas de récolte. On va faire quoi avec 80 % de la population paysanne ultra pauvre et les 20 % de la population pas paysanne mais qui ne peut vivre sans ses paysans ? » Ce questionnement est celui d’un fin connaisseur des conditions paysannes à Madagascar.

Alors que les pluies se font désirer, les feux destructeurs continuent de faire parler d’eux. Les ravages causés par les incendies défigurent les beaux paysages de l’île réputée pour sa richesse en faune et flore qui représente 5 % de la biodiversité mondiale. Du coup, la durabilité de ce patrimoine unique au monde est en pointillé si les actes de destruction se poursuivent.

 

Ironie du sort, le département ministériel chargé de veiller sur la santé de l’environnement intègre le groupe de mots « développement durable » ou le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD). Pourtant, à voir l’état de destruction de l’environnement à Madagascar, accéléré par ces omniprésents feux sur toute l’étendue du territoire, le développement durable serait une notion vide de sens, une coquille vide.

L’actuel contexte de ravage de grande ampleur par les feux est potentiellement frustrant dans la mesure où le Gouvernement, représenté par le MEDD, a toutes les informations pour mieux prévoir les feux dans chaque Région. Ses techniciens sont au fait des renseignements à même d’aider à mieux gérer les feux à l’ère du changement climatique.

A considérer les faits actuels, les budgets consacrés aux voyages à l’étranger pour assister à d’importantes retrouvailles comme les Conférences des Parties (COP) annuelles et à l’organisation des concertations au niveau national, régional et local sont de l’argent jeté par la fenêtre. Les fonctionnaires du MEDD sont prompts à être présents à ces différents rendez-vous. Pourtant, ils semblent incapables de sauver la biodiversité malagasy de la fournaise dans laquelle elle est précipitée.

Le ministère est certes doté d’un maigre budget de fonctionnement qui ne lui permettrait pas de remplir adéquatement sa mission. En quelque sorte, ceci dénote que la protection de l’environnement est reléguée au second plan des priorités nationales. Jusqu’à preuve du contraire, les contributions étrangères sont d’une aide précieuse à la protection de l’environnement et à la conservation de la biodiversité à Madagascar.

Depuis les années 1990, la communauté locale est associée à la protection de la richesse naturelle suivant le principe de gestion locale sécurisée ou de gestion contractualisée des forêts. La Grande île a plus de 9 millions d’hectares d’aires protégées, soit 15 % du territoire, plus de 4 millions d’hectares sous l’autorité du transfert de gestion des ressources naturelles et plus de 2 millions d’hectares de zones humides selon la Convention Ramsar.

L’implication des organisations non gouvernementales dans ce cadre est indispensable. Les gestionnaires des aires protégées disposent de moyens pour aider le ministère. Mais comme la gestion interne de ces entités associées à la protection de l’environnement et à la conservation de la biodiversité malagasy relève du business social, les communautés de base sont plus souvent lésées. Voilà pourquoi les membres, frustrés, se montrent indifférents aux feux de forêt ou de brousse qui se déclarent autour d’eux.

Les habitants de Madagascar ont une longue tradition liée aux feux. Ce sont de pyromanes déclarés. Selon des chercheurs, les feux peuvent avoir plusieurs sources : feux pastoraux, chasse, feux d’exploitation, feux d’origine criminelle, feux d’origine naturelle, feux de cultures, feux sauvages, feux de pacages et de pâturages, feux de charbon et feux inconnus. Les techniciens du MEDD en sont bien au courant.

Au plan opérationnel, la situation d’aujourd’hui dépasse un peu l’entendement. Depuis 2008, le ministère a exploité des données satellitaires en matière de surveillance des feux. L’exploitation des données ainsi obtenues revient au Centre de coordination et d’opérationnalisation pour la lutte contre les feux de brousse et de forêt auprès du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC). Elles sont aussi accessibles au public. Mais pourquoi en est-on encore arrivé là en 2025 ?

 

La rédaction

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Editorial

  • Déficit de confiance
    Les investisseurs boudent. Apparemment, ils hésitent mille fois et réfléchissent soixante-sept fois avant de débarquer sur la Grande île pour placer sinon fructifier leurs précieux capitaux. La directrice générale de l’Economic development board of Madagasikara (EDBM), Josielle Rafidy, devait avouer récemment et publiquement que les investisseurs, du moins les vrais et potentiellement importants, tardent à venir au pays. L’EDBM est l’agence nationale chargée de promouvoir les investissements à Madagasikara. De ce fait, l’EDBM a pour objectif de renforcer la compétitivité du secteur privé, d’accroître l’investissement privé et étranger direct et d’accompagner les investisseurs. A ce titre, l’EDBM propose des services qui pourraient être utiles aux investisseurs tels que des conseillers spécialisés et un guichet unique dans l’objectif précis de faciliter l’implantation et l’expansion des entreprises. En somme, tout y est pour accueillir, comme il se doit, les investisseurs ayant choisi la Grande île pour placer et pour fructifier leur argent.…

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