Publié dans Politique

Expropriation pour cause d’utilité publique - Désormais impossible à Madagascar ?

Publié le vendredi, 01 novembre 2019

Selon la définition donnée par Wikipédia, l’expropriation pour cause d’utilité publique est une disposition du droit qui permet à l’Etat de « forcer un possesseur à céder son bien contre son gré ». Cet instrument juridique à la disposition des pouvoirs publics serait désormais impossible à mettre en œuvre à Madagascar, du moins si l’on s’en tient aux considérations émises ici et là à l’encontre  du projet présidentiel « Tana- Masoandro ».L’on accuse en effet le pouvoir actuel de porter atteinte au droit de propriété des particuliers d’Ambohitrimanjaka concernés par le projet suscité. Pire, certains n’hésitent pas à parler de crime contre l’humanité en insistant sur le fait que les terrains en question sont des rizières et/ou des biens ancestraux. Or, il faut savoir que, dans la pratique, l’expropriation pour cause d’utilité publique porte sur des terrains, quels qu’ils soient (urbains, ruraux, bâtis, nus, agricoles) et elle entraîne dans la plupart des cas un changement de leur destination.Ce que certains ignorent, c’est que le principe de l’expropriation est consacré par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 elle-même, dont l'article 17 dispose que « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité ». Ce passage exige deux conditions pour justifier une expropriation : d’une part, une raison d’utilité publique et d’autre part, l’indemnisation de l’exproprié. C’est ce qui, en gros, a été incorporé dans le droit positif malagasy. On l’aura remarqué : à aucun moment, il n’est fait mention, ni de la nature, ni de la destination du bien en question, encore moins de la volonté du propriétaire.

« Vente forcée »
Il reste que l’expropriation pour cause d’utilité publique obéit à une procédure qui, normalement, devrait garantir le respect des deux conditions précitées. Décrite d’une manière simple, cette procédure doit justifier que l’initiative étatique relève bel et bien de la notion d’ « intérêt général ». Cette dernière est évaluée lors d’une enquête dite « de commodo et incommodo » (ou pour faire simple, avantages et inconvénients dans le langage commun). Le cas échéant, il est acté par une « déclaration d’utilité publique ». A partir de là, soit les propriétaires concernés concluent un accord à l’amiable avec les pouvoirs publics, soit la procédure d’expropriation proprement dite se poursuit. Dans cette dernière hypothèse, il s’agit en quelque sorte d’une
« vente forcée ». Mais dans l’un ou l’autre cas, le processus se termine par le transfert de la propriété du particulier à l’Etat et indemnisation du premier.
 Pour en revenir au cas d’Ambohitrimanjaka, force est de constater que les arguments avancés contre le projet « Tana- Masoandro »  s’opposent en réalité à toute expropriation, même si celle-ci est dûment constatée « d’utilité publique ».   Car, dans la quasi-totalité des situations à Madagascar, les terrains concernés par des urbanisations du monde rural sont des rizières ou des biens ancestraux ou les deux à la fois. Encore une fois,  faut-il rappeler que l’expropriation pour cause d’utilité publique est une opération, bel et bien prévue par la loi en vigueur, qui consiste pour l’Etat à déposséder, moyennant indemnité, un particulier de son bien et ce, contre la volonté de ce dernier et pour l’intérêt général.
Hery Mampionona

Fil infos

  • Loi sur la castration - Les violeurs d’enfants subiront la sanction la plus sévère, réitère le Chef de l’Etat
  • Actu-brèves
  • Délestages intempestifs à Antananarivo - Les centrales solaires d’Ampangabe et Ambatomirahavavy bientôt opérationnelles
  • Dépenses publiques - De l’université au Mondial de pétanque, l’Etat mise sur l’éducation et le sport
  • Dernière heure - Le DG de l’ACM limogé
  • Assemblée générale de l’ONU - Madagascar prépare sa vision du « Mieux ensemble »
  • Sous Rajoelina - 200 000 enfants supplémentaires scolarisés à Madagascar
  • Réunion de travail avec le FMI - Le Président Rajoelina plaide pour des réformes favorables aux Malagasy
  • Elections sénatoriales - Feu vert du Gouvernement pour la date du 11 décembre 
  • Actu-brèves

La Une

Pub droite 1

Editorial

  • Ouragan
    Entre le Népal et la France, en passant par Israël / Gaza, des rafales de vents violents de la taille des ouragans pouvant atteindre une vitesse de destruction jusqu’à 200 km/h rasent tout sur leur passage. Au Népal, la population, estimée à 30 millions d’habitants, n’en pouvait plus. L’économie népalaise, essentiellement ancrée dans le monde agricole, se sent à l’étroit. Elle dépend globalement de la diaspora travaillant en Inde ou ailleurs pour une main-d’œuvre fragile et vulnérable. Parmi les pays les plus pauvres d’Asie, le Népal ne dispose pas des perspectives d’avenir notamment pour les jeunes. La jeunesse népalaise, lasse de subir les défaillances du système politique et économique corrompu du pays et largement dominé par les voisins géants, l’Inde et la Chine, bravait les restrictions imposées par le Gouvernement. Le vase débordait lorsque les dirigeants népalais ont bloqué les connexions des réseaux sociaux dont entre autres les 26 d’entre…

A bout portant

AutoDiff