La Vérité (+) : Nous assistons actuellement à une recrudescence considérable des nouveaux cas confirmés du Covid-19, quelle en est la raison ?
Professeur Vololontiana Marie Hanta Danielle (-) : Logiquement, plus le nombre de tests PCR réalisés par les trois laboratoires d'analyse - à savoir l'Institut Pasteur de Madagascar (IPM), le Centre d'infectiologie Charles Mérieux (CICM) ainsi que le Centre Hospitalier Universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHU-HJRA) - se multiplie, plus l'identification des porteurs du coronavirus circulant au niveau de la communauté demeure rapide. Et comme nous avons réalisé un dépistage massif, le nombre des cas confirmés avance. Néanmoins, le taux de positivité demeure aux alentours de 8 %.
En outre, l'application des gestes barrières sanitaires pose toujours problème. Nombreux sont ceux qui ne les respectent pas. Ainsi, non seulement ils courent un grand risque d'être contaminés, mais ils représentent un réel danger pour la société.
(+) : Cette situation sanitaire va-t-elle encore s'empirer dans les jours à venir ?
(-) : Il m'est impossible de se prononcer sur ce sujet. Mais ce qui demeure certain porte sur le renforcement des mesures sanitaires à Madagascar. Le reste dépend de la volonté personnelle de la population. Nous connaissons tous comment le virus se transmet et comment l'empêcher de pénétrer dans l'organisme en suivant les recommandations sanitaires. On peut très bien sortir de la maison et rejoindre notre lieu de travail respectif, mais en portant des masques par exemple. En résumé, il est question d'une prise de conscience individuelle et collective pour contenir la propagation du Covid-19. Effectivement, il est de notre devoir d'assurer la protection de notre santé et surtout celle de nos pairs dont quelques-uns pouvant être vulnérables. J'aimerai préciser que les choix à faire, tels qu'ils soient, auront toujours des conséquences positives ou négatives.
(+) : Qu'est ce qui explique l'augmentation des nouveaux cas de guérison enregistrés ces derniers jours?
(-) : De nombreux des patients testés positifs au coronavirus ont récemment recouvré la santé. Ainsi, ils ont rempli les critères de guérison. Je peux vous dire que la disparition de la fièvre au bout de quelques jours d'admission à l'hôpital ou d'autres signes ne signifie pas le rétablissement. La guérison complète comprend la disparition à la fois des symptômes et du virus. Par conséquent, le patient n'est plus un vecteur de transmission et ne présente plus aucun danger pour le milieu qui l'entoure. Ceci se confirme par l'obtention de deux tests PCR successifs qui se sont avérés négatifs.
Actuellement, la probabilité de garantir cette tendance haussière du nombre de personnes guéries est impossible. Tous les patients présentent des profils différents. Le traitement est ainsi spécifique pour chacun d'eux. Cependant, les médecins s'assurent du rétablissement complet des patients afin de préserver la santé générale de la société.
(+) : Par rapport aux pays étrangers, Madagascar maîtrise-t-il le Covid-19 ?
(-) : Premièrement, il faut tenir compte de plusieurs paramètres si l'on veut comparer Madagascar à d'autres pays étrangers. Par exemple, il faut prendre en compte le nombre de cas confirmés, celui des formes graves, sans oublier la stratégie de dépistage adoptée. Notre pays a mis en place une stratégie à la fois bonne et efficace. Et effectivement, il est indéniable que notre taux de létalité est particulièrement faible.
(+) : Qu'en est-il de cette stratégie de dépistage?
(-) : Madagascar a élaboré une stratégie pertinente qui consiste à limiter la propagation du virus. Des équipes se déploient pour une investigation, des médecins sont toujours au cœur du circuit de « contact tracing » des patients du Covid-19. Depuis l'annonce de la première contamination, le 19 mars dernier, les investigations autour d'un cas positif n'ont jamais cessé. Tous nos cas suspects sont identifiés et dépistés à temps.
Par contre, concernant les pays occidentaux entre autres, leurs autorités sanitaires ont procédé ainsi au début. Mais une fois que le nombre de cas positifs s'est accru, elles se sont concentrées sur les formes graves. Du coup, la formation de nouvelles chaînes de transmission du coronavirus n'a plus été maîtrisée.
Propos recueillis par Kanto R.