Publié dans Société

Mariage forcé d’enfants - Des victimes osent porter plainte …

Publié le mardi, 14 juillet 2020

Un phénomène courant, notamment en milieu rural. 37 % des filles et 12 % des garçons se marient avant l’âge de 18 ans à Madagascar, selon l’enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS 2018). Bon nombre de victimes souffrent en silence. Néanmoins, certains osent en parler jusqu’à porter plainte contre les auteurs et leurs complices. Narindra, une jeune femme âgée de 19 ans et résidant à Toliara, en fait partie. « Ma mère m’a forcée à me marier quand j’étais en classe de 3ème. J’avais 15 ans et demi à l’époque. L’homme en question, déjà marié et âgé de 45 ans, était un opérateur économique.

Elle m’a obligée d’arrêter mes études et d’épouser ce monsieur qui lui a donné de l’argent pour le « Vodiondry » ou la dote. Il a également contribué à nos charges familiales mensuelles puisque mon père a arrêté de le faire depuis sa séparation avec ma mère, il y a 12 ans », relate la jeune femme. Après quelques années de calvaire, engendrant différentes formes de violences, la victime a porté plainte contre son compagnon et sa mère. « C’était une décision difficile mais il était temps que ce cauchemar s’arrête, quels que soient les conséquences. Je suis retournée au Centre d’écoute et de conseils juridiques (CECJ) où je me suis rendue auparavant pour porter plainte. La Police des mœurs et de la protection des mineurs a arrêté ma mère et le monsieur. Après leur déferrement au Parquet, l’homme a été condamné à 10 ans d’emprisonnement, contre 3 ans avec sursis pour ma mère. Quant à moi, j’ai bénéficié de 3 mois d’accompagnement psychologique hebdomadaire », se souvient la victime, les larmes aux yeux.

Des années de calvaire

« Je vivais avec ce monsieur dans une deuxième maison qu’il a louée, sans que sa femme le sache. Il me demandait tout le temps des rapports sexuels. Si je refusais, il me criait dessus, m’insultait de tous les noms et me frappait. Je ne supportais plus ces violences. J’en parlais à ma mère mais elle n’a rien voulu savoir. Du coup, j’ai souffert en silence pendant des années », confie Narindra. « Le monsieur voulait également avoir un enfant avec moi alors que je n’étais pas encore prête. J’avais une amie, membre de la Maison des jeunes de Toliara, qui m’a conseillée de faire une consultation médicale dans le centre de santé de l’établissement. J’ai fait un planning familial en cachette. Quelques semaines après, j’ai entendu une séance de sensibilisation sur les risques du mariage des enfants. Les jeunes pairs éducateurs m’ont orientée vers le CECJ pour connaître mes droits et demander les démarches à suivre. J’y suis allée en février 2018, accueillie par un intervenant social qui était à l’écoute. Il m’a présenté mes droits et les mesures que je pouvais adopter. Il m’a aussi fait savoir que je pourrais porter plainte et mettre fin à mon calvaire. J’en avais d’abord parlé à ma mère mais elle a refusé de m’aider, et qu’elle a le droit de décider à ma place. Elle m’a même interdit d’aller au CECJ sans sa permission. C’est à cet instant que j’ai décidé de porter plainte », expose la victime.

Devenue membre parmi les jeunes pairs éducateurs

Narindra est revenue vivre avec sa mère, aux côtés de ses petits frères et sœurs, après être sortie du mariage forcé. « Ma mère m’a demandé pardon et a sensibilisé les autres parents sur les droits des jeunes filles face à cette pratique néfaste. Quant à moi, j’ai pu retrouver ma liberté et réintégrer l’école. D’un autre côté, j’ai continué à sensibiliser les jeunes à partir de mon histoire. Je suis devenue un membre auprès des jeunes pairs éducateurs à la Maison des jeunes de Toliara », s’est-elle réjouie. Cette survivante de violences subies durant son mariage précoce souhaite continuer ses études. « Pour ma future carrière, j’ambitionne de devenir une journaliste. J’ai décroché mon baccalauréat en 2019 mais je n’ai pas pu poursuivre mes études puisque ma mère n’avait pas les moyens », avance-t-elle.

En tant que victime du mariage précoce, Narindra sollicite plus d’implication de tous les acteurs, notamment l’Etat. Elle souhaite également le renforcement des sensibilisations auprès des jeunes, surtout au niveau rural et communautaire, car beaucoup souffrent encore en silence du mariage forcé, arrangé par leurs parents. D’ailleurs, l’éducation parentale s’avère indispensable pour faire face à ce fléau. Miser sur la réintégration scolaire ou la formation professionnelle ou encore le renforcement du nombre des espaces et maisons des jeunes pourront contribuer à la lutte.

Recueillis par Patricia Ramavonirina

 

 

 

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Editorial

  • Quid de la précampagne !
    La CENI réagit. L’institution d’Alarobia tire la sonnette d’alarme. Elle rappelle à l’ordre et met en avant la règle du jeu sinon la loi relative à la précampagne, le moment précis avant la campagne électorale proprement dite. Mais d’emblée, une question pertinente se pose « quelle loi ? »Le décret d’application n° 2018 – 640 de la Loi organique n° 2018 – 008 du 11 mai 2018 relative au régime général des élections et référendum et le Code électoral, en particulier, ne fait pas état de manière précise sur les tenants de la précampagne notamment par rapport à la campagne électorale. La délimitation nette entre la précampagne et la campagne manque de visibilité. Le flou et le vague qui prédominent dans le cadre légal donné offrent, de fait, une occasion à certains candidats, apparemment malins, de jouer entre les mailles. Face au laxisme qui prévaut sur terrain de la précampagne…

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