La catégorie 1 regroupe les pays où sont enregistrés moins de 50 cas pour 100 000 habitants au cours des 28 derniers jours. Ce classement sonne comme une reconnaissance des efforts fournis par les autorités malagasy dans la lutte contre le coronavirus. A travers cet article, des professionnels de la santé ont partagé respectivement leur avis sur les atouts de Madagascar pour accéder à cette place.
Professeur Luc Rakotovao, médecin biologiste
« Objectivement parlant, la fermeture des frontières a réduit les risques de contamination à la Covid-19 dans la Grande île. Avec nos infrastructures sanitaires spécialisées dans la prise en charge des patients atteints de la Covid, à savoir les Centres de traitement Covid-19 ou encore les Centres de santé de base niveau II, Madagascar a su rebondir. Nos médicaments traditionnels, tels que le CVO, l’ED1 ou autres produits traditionnels malagasy ainsi que la campagne vaccinale ont amélioré la situation épidémiologique voire presque anéanti les contaminations. Après le rassemblement du 26 juin, le pays s’est préparé au pire, mais rien de tout cela ne s’est produit. Egalement, après la période des grandes vacances, particulièrement à l’issue de la forte affluence des gens à Majunga, toujours aucune explosion du nombre de nouveaux porteurs du virus. Dans les établissements hospitaliers, on ne compte plus actuellement qu’une trentaine de patients en réanimation ou nécessitant de soins particuliers. De plus, on n’a plus recensé aucun nouveau cas confirmé. Et comme nous allons rouvrir nos frontières, en cas de contamination aux nouveaux variants du virus, nous pouvons toujours se servir de nos plantes médicinales, en plus de l’opérationnalisation du CTC Village Voara Andohatapenaka et la disposition en stock de matériels et équipements médicaux ».
Docteur Jean Claude Ratsimivony, héritier de la médecine traditionnelle malagasy et non moins PDG du groupe JCR
« Deux importants facteurs ont maintenu efficacement la propagation de la Covid-19 à Madagascar. Premièrement, l’utilisation des diverses plantes médicinales dans la prévention et le traitement de cette maladie a considérablement contribué au renforcement du système immunitaire de la population. A cela s’ajoutent l’application et le respect des gestes barrières sanitaires sur l’ensemble du pays. En parallèle, les restrictions concernant la fermeture des frontières, ont également porté leurs fruits. Comme toute entrée et sortie de Madagascar demeurait interdite, on peut déduire que le virus a été importé. Certes, la Grande île constitue l’un des pays à faible risque de contamination à la Covid-19. Mais si les autorités décident vraiment de rouvrir le ciel malagasy à l’international, des stratégies de protection devraient être élaborées. La présentation d’une preuve vaccinale ou encore d’un test PCR négatif constitue l’un des éléments indispensables à la surveillance épidémiologique. Et la mise en quarantaine devrait être l’une des conditions requises à l'entrée du territoire afin de préserver la santé de la population locale ».
Docteur Solofoniaina Armand Rafalimanantsoa médecin épidémiologiste d'intervention
« Périodiquement, en tant qu’Etat membre, Madagascar a l’obligation de partager à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’évolution épidémiologique du coronavirus dont les nouvelles contaminations, le nombre de décès, les cas de guérison. Par la suite, cette agence des Nations unies se sert de son réseau de partage pour diffuser les statistiques concernant Madagascar. Et c’est à partir des informations partagées que le Centre de contrôle américain des épidémies dans le monde a jugé et placé Madagascar dans la liste des pays à faible risque de contamination à la Covid-19. Effectivement, le fait que les autorités aient pris la mesure de fermer nos frontières a fortement contribué à cette situation. Le Gouvernement a donc priorisé la santé, tout en prenant compte que cette pandémie engendre des conséquences néfastes sur l’économie du pays. D’autant plus qu’une fois que le taux de contamination a été revu en hausse, une immunité éphémère ayant permis de rompre la chaine de contamination s’est installée. Actuellement, le renforcement du test de contrôle, la vaccination ou encore la mise en quarantaine durant une semaine des passagers dans un endroit facile à contrôler devraient constituer les actions à entreprendre pour empêcher la nouvelle arrivée du virus. Il faut savoir qu’à Maurice, même si de nouveaux variants y ont été détectés, ils n’ont pas vraiment fait de vague au sein de la société. Soit les patients étrangers ont été immédiatement traités, soit ils ont été refoulés à leur arrivée. Par contre, aux Seychelles, les nouveaux variants du coronavirus se sont vite propagés dans la communauté, à défaut de l’application stricte des mesures sanitaires à l’entrée des frontières. Et cela, malgré un taux de couverture vaccinal élevée. Sur ce, dans la lutte contre la propagation de cette pandémie, les autorités sanitaires malagasy doivent apprendre de nos îles voisines. Il faut savoir que Madagascar fait partie du réseau SEGA (Surveillance des épidémies et gestion des alertes). Il serait donc primordial d’échanger et de collaborer avec les membres dudit réseau en ce qui concerne les bonnes manières à adopter afin de contenir le risque de propagation du coronavirus ».
Propos recueillis par Kanto Rajaonarivony