Publié dans Société

Viols et incestes - Que la loi s’applique, rien que la loi !

Publié le mardi, 19 avril 2022



Les membres de la société civile œuvrant dans les droits de l’Homme et la protection de la femme s’allient et unissent leur voix pour une alerte « viol et inceste ». De nombreux cas sont dénoncés ces derniers temps, notamment sur les réseaux sociaux, mais la plupart des auteurs restent impunis. Ces associations, organismes et mouvements lancent un appel de détresse aux autorités étatiques, à la fois pour renforcer les mesures et les sanctions, mais aussi pour s’assurer convenablement de la protection et de la prise en charge des victimes, voire les survivants. Que la loi s’applique !

La culture d’impunité persiste. Les cas de viols et d’incestes dénoncés sur les réseaux sociaux ne constituent qu’une partie immergée de l’iceberg. De nombreux cas sont cachés, camouflés et minimisés au sein de la société. Les arrangements à l’amiable et la corruption se perpétuent auprès des autorités hiérarchiques, depuis les bureaux de Fokontany jusqu’au Palais de Justice, en passant par les Forces de l’ordre, notamment dans les Régions et les zones éloignées. La loi reste mal appliquée, voire bafouée. « Les autorités minimisent les cas de viols et suggèrent aux plaignants et auteurs des arrangements à l’amiable. Sur les 6 cas de viols commis sur des enfants âgés de moins de 15 ans que j’ai suivi personnellement en 2021 à Toamasina, aucun déferrement ni condamnation des violeurs n’a eu lieu. Nos efforts pour accompagner les victimes à dénoncer ce qui leur est arrivé restent vains puisque les dossiers n’aboutissent pas jusqu’au bout. Pis, certains dossiers disparaissent au niveau du Parquet ou de la Justice », alerte Viviane Rahariniaina, activiste au sein du mouvement « Nifin’Akanga » et fondatrice de l’association « Fleurs éveillés », basée dans la ville du grand port. Toujours à Toamasina, les structures et centres de prise en charge des victimes de viols et d’incestes ne disposent pas de personnels compétents. Aucun agent de police n’est présent dans le centre « Vonjy » de cette ville, d’après notre source. « Des fois, on réclame de l’argent aux victimes ou leurs accompagnateurs, alors que tous les services devraient y être gratuits. A la place des accompagnements psychologiques, les victimes sont "gavées" de médicaments », déplore-t-elle.
Les sanctions à alourdir
Deux ans d’emprisonnement ferme. Telle est la sanction maximale affligée à une minorité de violeurs condamnés ces derniers temps, tandis que la plupart d’entre eux restent impunis. « Pourtant, le Code pénal prévoit des années de travaux forcés pour les auteurs de viols sur mineurs, contre 5 années d’emprisonnement ferme au maximum pour le violeur dont la victime est âgée de plus de 18 ans. Des travaux forcés à perpétuité s’inscrivent pour les auteurs de viol commis sur des personnes sous leur tutelle. Les parents et membres de la famille, des enseignants et éducateurs ainsi que des leaders religieux en sont concernés », informe Riambelo Onjaniaina Rasamimanana, du « Woman Lead Movement ». Cependant, ces peines restent légères par rapport aux séquelles à perpétuité que les violeurs laissent sur leurs victimes. Bon nombre d’entre elles subissent des traumatismes et impacts psychologiques à vie, au point de tenter de se suicider. Certaines deviennent stériles ou attrapent des maladies. La société civile réclame l’alourdissement des peines pour les viols et incestes, lesquels doivent être considérés comme des crimes.
Par ailleurs, les activistes sollicitent la mise à jour des formations à l’endroit des autorités civiles, militaires et judiciaires accueillant les victimes, et cela afin de renforcer leurs capacités d’écoute et de prise en charge ou encore pour améliorer le traitement des dossiers et l’attribution des peines. Ils réclament également la sortie d’un décret d’application de la loi sur la lutte contre les violences basées sur le genre, en renforcement des législations en vigueur mais jusqu’ici peu appliquées. D’un autre côté, ils revendiquent l’augmentation du nombre de structures et centres de prise en charge des victimes, ainsi que la mobilisation des ressources humaines compétentes, que ce soient les personnels de santé, les éléments des Forces de l’ordre ou les travailleurs sociaux. Que chacun prenne ses responsabilités !
Patricia Ramavonirina






Fil infos

  • Actu-brèves
  • Procureure générale - Pas de dossier, pas de mandat d’arrêt contre Maminiaina Ravatomanga au niveau du PAC
  • Président de la Refondation de la République de Madagascar - Le colonel Michaël Randrianirina prête serment
  • Fin du couvre-feu - Les affaires nocturnes reprennent
  • Revendications de la jeunesse - La Gen Z Madagascar a besoin d'une jeunesse souveraine
  • Crise institutionnelle à Madagascar - L’ONU condamne, la SADC déploie une mission technique en urgence
  • Assemblée nationale - Siteny Randrianasoloniaiko au perchoir
  • Crise institutionnelle - Madagascar suspendu par l'Union africaine.
  • Pillages à Antananarivo - La longue facture du chaos
  • Une mission du Panel des Sages de la SADC pour restaurer la paix et la gouvernance démocratique

La Une

Pub droite 1

Editorial

  • Le plus dur reste à faire !
    Désormais, le navire Madagasikara a de nouveaux dirigeants à compter d’hier vendredi 17 octobre 2025. Evidemment, cette présence massive des chefs de mission diplomatique au siège de la Haute Cour constitutionnelle à Ambohidahy suffit à clarifier la position de la communauté internationale qui, en fait, cautionne cette investiture. Et maintenant, tous les regards se fixent vers l’avenir de la Grande île. Pour les nouveaux tenants du pouvoir, le plus dur reste à faire ! L’assistance composée d’invités de marque, des civils et militaires et des représentants de la communauté internationale a été prise pour témoins des engagements tenus par le Chef de l’Etat fraîchement investi. La Nation toute entière qui a suivi la cérémonie d’investiture retransmise en direct sur les deux chaînes nationales (RNM et TVM) prend note aussi des dits engagements. Un défi de Titan que les nouveaux maîtres du régime ne doivent jamais pris à la légère.

A bout portant

AutoDiff