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Traque aveugle (II) ?

Publié le lundi, 24 novembre 2025

Nous revenons à la charge. Au risque d’être taxé d’entêté, il nous est impossible de ne pas revenir sur le thème précédent (« Traque aveugle » du 14 /11 /25) afin d’interpeller vivement ce que nous appelions, au final, de traque aveugle à l’encontre des entités de productions appartenant à des nationaux et laisser, non-inquiétés, certains ressortissants étrangers souvent naturalisés malagasy aux pratiques douteuses. Des voix commencent à s’élever et finissent par remonter en surface. Ces voix discordantes inondent la toile et dénoncent : « pourquoi s’acharne-t-on sur certains rares Gasy, capitaines d’industrie, en laissant « en paix » les … autres ! Suivez mes yeux ! 

Lors de la première édition de la « Traque aveugle » du 14 novembre 2025, on était amené à capter l’attention du public sur certaines opérations militaires, des fois, musclées qui sont en fait, de source avisée, des perquisitions officielles. On différencie difficilement actes d’intimidation, de braquages autorisés et nécessité d’enquêtes. En tout cas, certains comportements des hommes en treillis déployés sur place frisent le vandalisme et laissent supposer qu’il s’agissait en fait  des manœuvres à chasser les démons plutôt les « gros poissons ». Le drame, les fausses-vraies perquisitions continuent de sévir. Il y a eu des militaires arrêtés par des éléments de la Gendarmerie.

En raison du gel des avoirs et des comptes bancaires du Groupe Sodiat, quatre mille employés se trouvent menacés de leur travail, exposés au risque de ne pas pouvoir percevoir leurs droits, leurs salaires.  Des milliers d’emplois temporaires ou saisonniers le sont également. A cela s’ajoutent leurs familles qui s’inquiètent du sort de leurs conditions. En tout, le chiffre avoisinera les 15 000 à 20000 victimes, pour les emplois permanents et à peu près les mêmes chiffres pour temporaires. Donc, une marée humaine qui sera, en cas d’absence des mesures concrètes et urgentes, laissée-pour-compte à son angoisse. Le meeting des employés chez Brousse Talatamaty dégénère en mouvement de revendication  légitime réclamant le dégel des comptes du PDG. 

Au rythme de ce que l’on constate présentement, l’œuvre de Refondation est mal partie. Certaines des décisions de Justice plongent l’opinion dans le désarroi : des perquisitions assorties de saisies des biens ou des matériels sans aucun motif apparent. Des familles ont des soucis palpables sur leur avenir immédiat et à long terme : écolages des enfants, loyers, JIRAMA, les vivres, etc. Faudrait-on en rajouter à ces mille soucis étranglant, les coupures d’eau et d’électricité de plus en plus atroces de la JIRAMA. On évoque des cas de sabotage ! Cette Compagnie nationale, une authentique et cruelle faucheuse ne laisserait, au conditionnel certainement, au vu de ses capacités de nuisance, aucune chance à la Refondation, d’aller … loin ! J’espère bien être dans l’erreur d’appréciation !

Il est encore temps que les nouveaux tenants du pouvoir veuillent corriger leur copie. Dès le départ, on craint fort que le train de la Refondation dérape. Que la traque aveugle cesse !

Il y a la loi. Mais, il y a aussi les hommes. On doit respecter la première. Mais, il faut également avoir du profond respect aux droits fondamentaux des seconds ! Personne n’est au-dessus de la loi, certes mais, les hommes ne sont pas des esclaves de la loi.

Ndrianaivo

 

Actu-brèves

Publié le lundi, 24 novembre 2025

Reprise de l’attribution des permis miniers après une longue suspension. Le ministre des Mines, Carl Andriamparany, a annoncé la reprise de l’octroi des permis d’exploitation minière, suspendus depuis plusieurs années. Selon lui, cette décision s’accompagnera d’exigences précises en matière de transparence et de responsabilité. Les exploitants devront prévoir des retombées économiques et sociales pour les populations vivant dans les zones concernées. Le ministre a également insisté sur la mise en place d’un contrôle strict afin de lutter contre la corruption, précisant que seuls les candidats répondant aux critères légaux et réglementaires pourront obtenir un permis.

 

La deuxième vague de l’Enquête permanente auprès des ménages officialisée. Le ministère de l’Economie et des Finances, par l’intermédiaire de l’Institut national de la Statistique (INSTAT), annonce la relance de la deuxième vague de l’Enquête permanente auprès des ménages (EPM 2025). La collecte des données se déroulera du mois de décembre 2025 jusqu’en mars 2026. Près de 200 enquêteurs seront déployés dans plusieurs régions de Madagascar pour interroger un échantillon représentatif de 4 000 ménages. Les agents sur le terrain seront munis d’une lettre d’introduction officielle, d’un badge nominatif et de pièces d’identification émanant de l’INSTAT. Toute suspicion d’usurpation d’identité devra être signalée sans délai aux autorités locales. Un numéro vert, le 932, est mis à disposition pour obtenir des informations ou signaler toute anomalie. L’EPM constitue un outil stratégique pour évaluer le niveau de vie de la population et produire les principaux indicateurs socio-économiques du pays, conformément aux engagements nationaux et  recommandations internationales en matière de suivi du développement et de lutte contre la pauvreté. Elle permettra de recueillir des données sur la consommation, le revenu, l’emploi, l’éducation, la santé et l’accès aux services de base, essentiels à la conception et l’évaluation des politiques publiques.

Loi de finances - Nouveau huis clos des députés

Publié le lundi, 24 novembre 2025

Les députés ont, une nouvelle fois, fermé les portes de la salle de séance de Tsimbazaza, hier en fin de matinée. Alors que la séance plénière devait se poursuivre sur le débat du projet de Loi de finances initiale, les personnes présentes — observateurs, assistants, journalistes — ont été priées de quitter les lieux. Les parlementaires ont ensuite tenu une réunion à huis clos, loin de tout regard extérieur.

La journée devait être consacrée à deux moments importants, le débat en matinée, puis l’adoption du texte dans l’après-midi. Ce projet de Loi de finances fixe le budget de l’Etat pour l’année 2026, et les discussions qui l’entourent sont importantes pour la gestion future des politiques publiques, des investissements et des priorités gouvernementales.

Ce n’est pas la première fois que les députés verrouillent l’accès à leurs échanges. Mercredi dernier déjà, juste avant que le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Herinjatovo Ramiarison, ne présente officiellement le projet, les élus avaient tenu une autre réunion à huis clos. Cela fait donc deux réunions interdites au public en l’espace de quelques jours, toutes deux liées à l’examen de la Loi de finances.

Pour l’observateur lambda, le constat est simple. En effet, les députés continuent de multiplier les huis clos au moment même où l’on discute du document budgétaire le plus important de l’année. Officiellement, rien de problématique car il s’agirait de préparer les positions, de coordonner les avis ou d’aplanir les divergences internes.

Mais pour les plus fins analystes, ces réunions fermées ressemblent davantage au retour de vieilles habitudes qu’à un effort de transparence. Les discussions loin du public sont souvent l’occasion d’aborder ce que personne ne veut vraiment afficher sur la place publique à savoir les intérêts personnels, les avantages parlementaires, les budgets internes et les questions sensibles qui n’apparaissent jamais dans la version publique des débats.

Autrement dit, la critique — trop subtile pour être dite tout haut — est que derrière les portes closes, on ne parle pas seulement de chiffres nationaux mais aussi, et surtout, de ceux qui concernent directement les députés eux-mêmes. Et si cette pratique perdure, c’est peut-être parce que, malgré les discours de refondation, les vieilles habitudes ont encore de beaux jours devant elles à Tsimbazaza ? 

La Rédaction

 

« Mon compte Facebook a été piraté par mon ex. Il a publié mes « nudes » et autres photos sexy ainsi que nos anciennes conversations coquines, à travers des captures d’écran. Je me sentais tellement honteuse puisque la plupart de mes amis et proches m’ont jeté la faute et m’ont jugé, sans parler des nombreux partages. Après avoir demandé un signalement de mon compte, j’ai aussi porté plainte, mais en vain ». Malala H., fonctionnaire à Anosy, témoigne de ce cas de violence en ligne qu’elle a subi en 2024. Il s’agit d’un des cas fréquents mais souvent considérés comme ordinaires à Madagascar. 

 

« On m’a traité d’arnaqueur sur les réseaux sociaux, avec mes photos publiées et partagées sur tous les plateformes. Pourtant, je suis tout autant victime que les autres puisqu’on a usurpé mon identité numérique. Après avoir apporté des explications et porté plainte auprès des autorités compétentes, j’ai décidé d’ouvrir une page pour mon business et de verrouiller mon compte personnel », témoigne Sandratra N., vendeur en ligne. Comme ces deux témoins, beaucoup de personnes sont victimes de ces genres de cas, sans savoir qu’il s’agit de formes de violences virtuelles. Bon nombre de victimes n’osent même pas en parler et s’isolent. D’autres deviennent dépressifs ou suicidaires, notamment les adolescents et jeunes. 

 

16 jours d’activisme

 

Cette année, les 16 jours d’activisme pour la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), du 25 novembre au 10 décembre, seront axés sur les violences en ligne. Une occasion d’en parler ouvertement et de renforcer les sensibilisations. Le but étant non seulement d’informer le public sur les diverses formes de violences virtuelles, mais aussi sur la gravité des cas. Les victimes, témoins et internautes, pourront ainsi signaler, se plaindre et prendre leur part de responsabilité pour limiter les dégâts.

 

Selon les chiffres avancés dans la vidéo de sensibilisation sortie par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), la prévalence mondiale des violences virtuelles faites aux femmes, victimes ou témoins, s’élève à 85 %. Aussi, 58 % des adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 25 ans dans 31 pays ont déjà subi du cyber harcèlement. Une femme sur 6 ayant subi des violences numériques ont vu leurs données et informations personnelles divulguées publiquement. D’un autre côté, 47 % des ados et jeunes femmes font face à des violentes réactions en ligne parce qu’elles abordent des questions de politique, de féminisme ou de Droit et santé sexuel et reproductive (DSSR). Ce dernier cas demeure très fréquent à Madagascar, où plusieurs sujets relatifs au DSSR restent tabous. D’ailleurs, les femmes ont 27 fois plus de chances d’être victimes de harcèlement en ligne que les hommes, selon les informations recueillies. Dans tous les cas, Madagascar a encore du pain sur la planche dans la lutte contre les violences en ligne...

P.R.

 

Des formes de violences virtuelles, selon l’UNFPA

 

- Doxing : le fait de publier des infos personnelles sensibles, notamment l’adresse des lieux de résidence, de travail, le numéro de téléphone, l’adresse électronique et le nom de famille, sans l’autorisation de la personne concernée. 

- Cyber-intimidation : le fait d’infliger des préjudices au moyen de technologie numérique en vue de miner l’estime de soi

- Sextorsion : le fait de demander de l’argent ou images explicites ou solliciter des rapports sexuels en échange de la non-diffusion d’images intimes ou d’infos personnelles, un genre de chantage électronique. 

- Cybermobilisation : un large groupe d’agresseurs menacent et insultent une cible sur Internet, souvent sous forme d’attaque organisée et coordonnée.

- Usurpation d’identité numérique : le fait de créer un faux profil et de se faire passer pour une autre personne à des fins malveillantes, notamment pour nuire à sa réputation et à sa sécurité.

- Shallowfake : une image truquée, souvent réalisée à l’aide d’un logiciel d’édition permettant, par exemple, de coller le visage d’une personne sur le corps de quelqu’un d’autre. Un « deepfake » est un trucage plus réaliste et plus sophistiqué, réalisé grâce à l’apprentissage automatique.

- Harcèlement en ligne : des agissements répétés, qui menacent, importunent, effraient ou maltraitent une personne (par exemple envoi d’image ou de messages dégradants, blessants ou insultants). Il touche principalement les filles, les femmes et les personnes membres de la communauté LGBTQI.

- Cyberharcèlement : une surveillance, poursuite ou contact persistant non désiré ou menaçant, par des moyens technologiques. Il peut se transformer en harcèlement dans le monde réel et inversement. 

- Abus basé sur l’image : l’utilisation d’images, souvent de nature sexuelle, pour objectifier, humilier, exploiter ou harceler, par exemple le partage non consensuel d’image intimes (ou de pornographie non consensuelle) et de supports pédopornographiques (mettant en scène des mineurs dans des situations sexuelles explicites).

- Vengeance pornographique : une forme d’abus basé sur l’image, « partage non consensuel d’images intimes » est l’expression  privilégiée. Le terme est un effet contestable car il laisse entendre que la survivante était consentante et qu’elle a commis une faute, ce qui aurait provoqué des représailles.

 

Les membres de l’Union des internes de Madagascar (U.I.M) annonce la reprise de leur lutte. « Cette fois-ci, leur manifestation se déroule sous une forme plus ferme et pour une durée illimitée », indique le communiqué officiel. Les internes précisent qu’aucun acteur politique ne les influence. « Notre mouvement repose uniquement sur la justice et le désir de changement concret », a ajouté la source. Le protocole d’accord avec le ministère de la Santé publique reste incomplet. Selon l’U.I.M, malgré leurs efforts, aucun signe tangible n’a été observé de la part des autorités. « Les internes affirment avoir respecté leurs engagements, mais le suivi de la part du Gouvernement demeure insuffisant. Par conséquent, ils réclament des mesures concrètes et rapides, facilement réalisables, et dans l’intérêt du peuple malagasy », a expliqué un représentant de l’organisation. Leurs conditions de travail posent également problème. De nombreux internes ne reçoivent pas de repas adaptés pendant leurs gardes. « Cette situation nuit à leur travail et reflète un manque de considération. Certains doivent même payer de leur poche pour soigner des patients sans ressources, afin que ces derniers ne soient pas laissés sans soins », a-t-il ajouté.

 

Détermination

Ces difficultés ont un impact direct sur la qualité des soins. Elles entraînent des pratiques difficiles et stressantes, tant pour le personnel que pour les patients, selon la même source. L’U.I.M insiste : « Nos demandes sont simples et réalisables. Il ne s’agit pas de miracles, mais de mesures concrètes et nécessaires ». Par ailleurs, les jeunes médecins réclament une meilleure valorisation de leur travail. Ils souhaitent que les enseignants en médecine et l’ensemble du personnel hospitalier soient reconnus. Cette reconnaissance permettrait d’améliorer les conditions de travail et la sécurité dans les hôpitaux publics. Enfin, l’UIM réaffirme sa détermination. « Le mouvement se poursuivra tant que des réponses claires ne sont pas apportées », a conclu le représentant. Les jeunes praticiens appellent le Gouvernement à honorer ses engagements. Si cela se concrétise, les soins aux patients et la dignité du personnel médical pourront enfin être garantis à Madagascar.

Carinah Mamilalaina

 

PROMODIM - Groupe Imperial Brands, et VITOGAZ Madagascar - Groupe Rubis Energy, ont signé une convention de partenariat ayant une double finalité : la préservation des ressources forestières et le soutien aux communautés locales aux abords du premier parc Madagasikarantsika, situé à Ampotaka, Commune rurale de Mandoto, dans la Région de Vakinankaratra. En effet, cette convention prévoit la facilitation d’accès à l’usage du gaz butane domestique pour les membres de l’association locale « Vondron’Olona Ifotony » - VOI (Tsimialonjafy), contribuant ainsi à protéger les ressources naturelles, tout en améliorant les conditions de vie des habitants. 

Pour rappel, le projet « Madagasikarantsika », né d’une convention signée entre le ministère de l’Environnement et du Développement Durable et de l’Imperial Brands Madagascar en janvier 2021, est une initiative innovante qui vise à reverdir la Grande île et à préserver sa biodiversité. Sur une surface de 120 ha dont 60 ha en miniature de Madagascar, le premier parc est implanté à Ampotaka, dans la Région Vakinankaratra, regroupant des espèces endémiques et autochtones, des arbres à croissance rapide et comprenant des infrastructures adaptées à la gestion durable des ressources. Depuis son inauguration officielle en 2021, le projet a dépassé ses objectifs initiaux : plus de 200 000 arbres plantés, avec un taux de survie de 85 % six mois après leur plantation, des centaines de milliers de plants produits en pépinière, dont une partie distribuée aux communautés environnantes pour encourager les initiatives vertes. 

 

Impacts considérables

Au-delà de l’impact environnemental, le projet a généré des retombées sociales et économiques considérables. Plus d’un millier de personnes issues de 332 ménages, membres du VOI, ont été impliquées dans les activités de plantation et d’entretien dans le parc Madagasikarantsika. En vue de renforcer la sécurité et la pérennité du projet, des infrastructures indispensables ont été mises en place, allant des logements pour gardiens aux compostières, puits d’eau, centre d’observation et dispositif anti-incendie, toujours en lien direct avec les communautés locales. C’est dans ce contexte que la distribution de kits « fatapera gaz » à 205 ménages prend tout son sens. En proposant une énergie plus propre, cela diminue l’exploitation du charbon de bois et du bois de chauffe, contribuant ainsi à la préservation des forêts du parc et aux alentours. PROMODIM et VITOGAZ Madagascar ont pris l'initiative de ce projet commun en s'engageant à couvrir équitablement le coût des kits « fatapera gaz » pour tous les ménages bénéficiaires. De son côté, PROMODIM prend en charge de couvrir en majeure partie les coûts de recharge sur une période de 12 mois consécutifs. Afin d’encourager la responsabilisation dans cette reconversion verte, chaque ménage bénéficiaire contribue symboliquement aux frais de recharge. Des séances de sensibilisation et de formation accompagnent cette initiative afin de garantir une utilisation sécurisée et de maximiser ses impacts environnementaux et sociaux.

 

A  Ambohimanjakarano Mahitsy, le temps semble s’écouler différemment. La prière et le travail se répondent comme un lent balancier. Dans la montagne, au milieu des sapins, le monastère offre un refuge pour ceux qui cherchent la paix intérieure, mais aussi un témoignage vivant de simplicité, d’humilité et d’abandon. Dans le silence, les moines poursuivent leur œuvre, loin du monde mais profondément ancrés en lui, fidèles au triple appel de leur vie : prier, lire et travailler.

« Ora, lege et labora »  prier, lire et travailler. La vieille formule latine, héritée de la tradition bénédictine et cistercienne, résume avec sobriété la vie qui se déroule au monastère Masina Maria Ambohimanjakarano, perché à 1 500 mètres d’altitude, tout près de Mahitsy. Ici, loin de l’agitation de la Capitale, la prière ouvre chaque journée et en rythme le moindre instant. Ce n’est pas un hasard si le terme ora ouvre la triade : pour les moines, la prière est le cœur battant, la première respiration.

On prend la route nationale 4, arrivé à Mahitsy, vers  trente-cinq kilomètres d’Antananarivo, on tourne à droite pour prendre la route des œufs, la route d’Antanetibe Mahazaza. Entièrement réhabilitée entre 2018 et 2021, cette voie en parfait état serpente sur près d’une dizaine de kilomètres  en desservant les villages réputés pour l’élevage de poules pondeuses. Chaque jour, des milliers d’œufs prennent ce chemin vers la Capitale. Après la bifurcation vers Antanetibe Mahazaza, un panneau annonce : « Monastère Masina Maria Ambohimanjakarano – 800 m ». Un chauffeur originaire du coin sourit : « C’est juste derrière la colline. »

En réalité, la montée semble un peu plus longue. Le paysage, lui, en efface la distance : un ruban de sapins majestueux, une route secondaire cahoteuse mais bordée d’arbres, et un calme qui s’installe peu à peu,  la lumière glisse entre les branches, et le silence s’installe avant même d’arriver au sommet.

 

Au bout d’un quart d’heure d’ascension, les toits du monastère apparaissent, entourés de jardins entretenus avec soin. A l’entrée, un petit magasin tenu par un frère propose icônes, ouvrages spirituels et objets religieux, notamment ceux liés à Saint Benoît. En empruntant l’escalier principal, on passe devant la statue du patron du monachisme occidental avant d’atteindre la chapelle, située sur la gauche. A droite, un couloir dessert des salles, des bureaux et les chambres destinées aux visiteurs. En face des bureaux et accueil se trouve la salle à manger réservée aux hôtes, un hall, des escaliers menant aux étages et, en contrebas, un jardin planté d’arbres et de chalets qui accueillent les retraitants en quête de silence.

 

Fondé en 1954 par les moines de l’abbaye de Pierre-qui-Vire, le prieuré a célébré sa première messe le 15 août 1955. Aujourd’hui, une vingtaine de moines et quelques prêtres y mènent une existence rythmée par la liturgie des heures et par ces 7 rendez-vous quotidiens que sont les Vigiles (ou Matines), Laudes, Tierce, Sexte, None, Vêpres, Complies. A Ambohimanjakarano, les offices commencent à 5 h, puis se poursuivent à 6 h, 8 h 30, midi, 14 h, 17 h 30 et 19 h 30. Chaque communauté aménage ses propres horaires, mais la règle demeure : sept prières par jour, un souffle régulier qui structure la vie des frères. Vêtus de la coule beige serrée par une ceinture,  capuchon pointu sur les épaules et sandales aux pieds, ils avancent en silence dans le cloître, sans échanger un mot, seul le froissement de leurs robes monastiques brise le silence.  Les rares demandes se font en langage muet. Ici, chaque geste, chaque pas, est une offrande.

 

Au-delà de la prière, la vie monastique repose sur la lecture spirituelle, les études ainsi que le travail. Les bénédictins ne vivent ni de dons ni de subventions. Tout ce qui permet l’autosuffisance de la communauté est produit sur place, conformément à la Règle de Saint Benoît, qui fait du travail un acte d’humilité, de détachement et de fidélité à Dieu. L’élevage de poules pondeuses occupe une place importante et le monastère est d’ailleurs à l’origine du développement de cette filière dans la région. Jusqu’à deux mille œufs sortent chaque jour du prieuré et trouvent immédiatement preneur. Les frères élèvent également des vaches laitières, cultivent leurs jardins potagers, exploitent leurs forêts et gèrent l’hébergement ainsi que la restauration des visiteurs. Il leur arrive d’employer des journaliers lorsque les tâches deviennent trop lourdes, mais le plus souvent, chaque moine se voit attribuer une mission précise : traite des vaches, soins aux poules, maraîchage, lessive, repassage, préparation des repas ou entretien des bâtiments. Tout se fait en silence, comme une prolongation naturelle de la prière.

 

Les visiteurs qui viennent pour une retraite, un temps de prière ou simplement un moment de repos partagent ce quotidien simple, à une nuance près : s’ils prennent leurs repas séparément des moines, ils nettoient et lavent eux-mêmes leur vaisselle. Les frères, eux, mangent en silence. Seul le frère chargé de la bénédiction lit à haute voix les Écritures ou un texte spirituel, pendant que les autres prennent leur repas en écoutant. La lecture tourne chaque jour, comme un service offert à la communauté.

 

Devenir moine est un long chemin de discernement. Le candidat doit être titulaire du baccalauréat, avoir reçu tous les sacrements de l’Eglise catholique et présenter une lettre de recommandation de son prêtre. Il passe d’abord quinze jours au prieuré afin de s’imprégner du rythme monastique. Les supérieurs observent discrètement sa capacité à entrer dans cette vie exigeante. S’il est jugé prêt, il est rappelé pour un séjour de trois mois durant lequel il découvre en profondeur la réalité de la vie bénédictine. Ensuite viennent le postulat, le noviciat qui peut durer jusqu’à deux ans, les vœux temporaires puis les vœux solennels. 

Beaucoup de jeunes sont attirés par la vie monastique, mais peu persévèrent. Certains pensent qu’ils pourront devenir prêtres par la suite, d’autres espèrent retrouver un mode de vie plus libre. La réalité est toute autre. Le moine bénédictin demeure dans son monastère jusqu’à sa mort, et c’est dans le cimetière du prieuré qu’il est inhumé, non dans le tombeau familial. La séparation avec la famille est souvent l’épreuve la plus difficile. Après chaque étape de discernement, le postulant retourne chez lui une dizaine de jours pour réfléchir, dialoguer avec ses proches et choisir, s’il le souhaite, un nom de saint qui deviendra son nom de moine. Une fois engagé, il ne peut contacter sa famille que dans des cas exceptionnels et toujours avec l’autorisation du supérieur. La consultation de la Règle de Saint Benoît est recommandée pour tout acte inhabituel ou toute décision importante.

 

En tout cas, ceux qui cherchent la sérénité, qui souhaitent prier dans le calme ou simplement se reposer trouvent leur bonheur à Ambohimanjakarano, chez les moines bénédictins. Le monastère accueille tout le monde, quels que soient la religion, l’âge ou l’origine. Il est toutefois conseillé d’appeler à l’avance, surtout pour les groupes et durant les périodes de vacances, car il affiche souvent complet.

 

R.L. 

 

Dans un éclat de couleurs, de rythmes et de traditions, le « Hira gasy », cet art ancestral malagasy, fait son grand retour sur la scène du stade Rochel Rasamimanana, sis à Ampefiloha. Après une période d’absence, cette forme d’expression théâtrale et musicale, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en décembre 2023, renaît pour le plaisir des amateurs et des passionnés. La scène vibrera à nouveau lors d’une confrontation artistique qui promet d’être aussi captivante qu’émouvante. Le rendez-vous est fixé au 30 novembre, à partir de 10 heures, pour une représentation inaugurale qui s’annonce comme un véritable festival de talents et de traditions. 

A cette occasion, deux figures emblématiques du « Hira gasy » seront à l’affiche. Il s’agit de la troupe Rasoalalao Kavia d’Ampahimanga, forte de ses plus de trente ans d’expérience, et Fredy Kely Imerintsiatosika, un jeune prodige de la scène qui s’est rapidement imposé par son talent et son humour. Une joute oratoire, mêlant théâtre, chant et danse, promet de captiver un public aussi bien local qu’international. 

Fredy Kely, connu pour sa capacité à dépeindre la vie quotidienne à Madagascar avec une touche d’humour acerbe et de sincérité, a su conquérir le cœur de nombreux spectateurs. Son style accessible et sa capacité à faire rire, tout en faisant réfléchir, lui ont valu une place de choix dans le paysage culturel malagasy. De son côté, Rasoalalao Kavia, représentant la quatrième génération d’une famille de passionnés, continue de porter haut la tradition. Depuis plus de trois décennies, cette troupe a su faire rayonner le folklore malagasy à travers le monde, représentant fièrement la richesse de la culture des hauts plateaux. Ce retour intervient après une interruption depuis la dernière représentation en juin dernier, marquant une étape importante dans la renaissance de cet art populaire. La troupe Rasoalalao Kavia, qui a su préserver et transmettre son savoir-faire, voit dans cette reprise une occasion de renforcer le lien entre tradition et modernité, tout en assurant la relève à une nouvelle génération d’artistes. 

Ce spectacle s’inscrit dans un contexte où la valorisation du patrimoine culturel malagasy devient une priorité nationale. La scène du « Kianja » Rochel Rasamimanana, lieu emblématique de la culture locale, se transforme ainsi en un véritable théâtre de mémoire, de partage et de renouveau. Les amateurs de l’art du « Hira gasy » ainsi que les curieux, désireux de découvrir cette facette authentique de Madagascar, sont donc invités à ne pas manquer cette occasion de célébrer à nouveau la richesse de leur héritage culturel.

Si.R

 

La 6e édition de l’Ultra Trek des Collines Sacrées (UTCS) a une nouvelle fois confirmé son statut d’événement majeur du calendrier sportif national. Pas moins de 950 coureurs de 14 nationalités ont pris le départ des différents parcours, faisant vibrer Analamanga pendant trois jours. Parmi eux, de nombreux malagasy venus des quatre coins du pays, des résidents étrangers, ainsi qu’un groupe de 15 Réunionnais spécialement déplacés pour vivre l’aventure.

Un engouement qui, selon les organisateurs, témoigne de l’attractivité grandissante de l’épreuve, désormais solidement ancrée au-delà des frontières et capable de fédérer passionnés de trail, amoureux de la nature et curieux en quête d’une immersion authentique au cœur des Collines Sacrées.

Sur le parcours Ultra 127 km, les regards sont tournés vers les élites. Et deux Malagasy ont fait rayonner les couleurs nationales. Il s’agit de

Matio Ramiandrisoa chez les hommes,  et Marie Sendrafefiniaina chez les dames. Ces deux athlètes ont dominé leur catégorie respective avec brio, inscrivant ainsi leurs noms au palmarès de cette édition exigeante. Leur performance a été saluée par les organisateurs réunionnais qui ont même invité les vainqueurs à participer à un trail à La Réunion en mai 2026, un symbole fort de fraternité sportive entre les deux îles.

Cet événement mise sur la sécurité et le tourisme durable. Avec plus de 50 km de sentiers balisés, l’UTCS continue d’allier défi sportif et mise en valeur du patrimoine naturel. Le ministère du Tourisme et de l’Artisanat souligne que l’événement contribue à promouvoir un tourisme durable au cœur des zones rurales d’Analamanga, tout en garantissant des conditions de course optimales pour les participants.

Pour sa 6e édition, l’Ultra Trek des Collines Sacrées a donc su conjuguer performance, partage et rayonnement international, tout en mettant en avant deux nouveaux champions qui porteront bientôt leurs talents au-delà des mers.

Elias Fanomezantsoa 

 

La dernière manche du Championnat de Madagascar des Rallyes 2025, disputée le week-end dernier sur la RN2 et la RN4, a offert un spectacle intense, marqué à la fois par la domination sportive, de multiples abandons et un fait de course très contesté.

En M12 4RM, l’équipage Tahina – Rojo Raben (ASACM) s’impose nettement en 1h49’54’’5, maîtrisant le rallye de bout en bout. Ils distancent Mathieu – Herii-Possible et Frédéric – Onja, également membres de l’ASACM, confirmant une suprématie totale de l’écurie dans cette catégorie.

En M12 2RM, la victoire revient à K. Mickaz – K. Mitia (GO Janga) en 2h14’59’’7, loin devant Maika – Moran. En M10, Ra-Mah – Ryv Kel (FMMSAM/TMF) s’illustrent au volant de la DS3, victorieux face à Toky – Zoky.

 

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Editorial

  • Désagrément séculaire
    Antananarivo, la ville basse, vit tous les ans les difficultés humainement gênantes dues aux caprices des eaux en période de pluie. En 1610, quand le Roi Andrianjaka, le demi-frère d’Andriatompokoindrindra, se décida de déménager le chef-lieu de son royaume d’Ambohimanga, à Analamanga, il ne comptait pas, à jamais d’ailleurs, s’installer sur la vaste plaine de Betsimitatatra mais il choisit le site d’une colline hautement perchée surplombant ladite plaine. Un choix délibéré et assumé ! Notons qu’Analamanga n’était pas un lieu inhabité. A son arrivée, des occupants s’y installaient déjà : les Vazimba. Ces derniers y vivaient paisiblement. Au moment où les guerriers – éclaireurs envoyés par le souverain d’Ambohimanga frappèrent à la porte, les Vazimba, premiers occupants de la Colline bleue n’ont pas déployé de la résistance. Ils obtinrent en revanche l’assurance de pouvoir se déménager à Antehiroka.

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