Au début de l’année, ce produit alimentaire se négociait à 6000 ariary le litre. Maintenant, il se vend presque au même prix que les huiles végétales importées soit à 7000 ariary. La seule différence c’est que les consommateurs peuvent acheter en petite quantité, en fonction de leurs besoins. L’huile de table de bonne qualité en bouteille cachetée atteint actuellement 9000 ariary le litre », rapporte un grossiste au marché d’Isotry.
Origine mondiale
Cette inflation ne concerne pas uniquement Madagascar. Tous les pays importateurs vivent les effets néfastes du contexte de la pandémie, ayant créé un déséquilibre entre l’offre et la demande. Et même la société Huilerie Industrielle de Tamatave (HITA), un producteur local, a constaté cette hausse flagrante du prix sur le marché international. « L’entreprise achète des huiles brutes importées. Le raffinage se fait à Madagascar. Nous dépendons de la variation du commerce mondial. Nous avons constaté une augmentation de 80% du prix de l’huile alimentaire depuis la pandémie. Il y a une année, à la même période, la tonne de l’huile brute importée coûtait 620 dollars. Elle est actuellement à 1310 dollars. Cette situation se répercute inévitablement sur le prix de notre produit. Le prix d’usine est actuellement à 5250 ariary le litre. Normalement, le litre ne doit pas dépasser 6500 ariary chez les détaillants », explique Razafindrazaka Handrisoa, directeur général de l’Huilerie Industrielle de Tamatave (HITA).
Outre le dérèglement du marché, cette augmentation a également pour origine la production d'huile de palme plus faible que prévu en Indonésie et Malaisie, en raison de pluies excessives et d'une pénurie persistante de travailleurs migrants, ainsi que par des grèves prolongées en Argentine qui ont réduit les disponibilités exportables d'huile de soja.
Contacté au téléphone, le directeur général du commerce intérieur auprès du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA) rassure que les producteurs possèdent encore un stock permettant d’approvisionner le marché pendant quatre mois. Aucune rupture n’est à craindre puisque les marchandises peuvent circuler malgré la crise sanitaire.
Sanctions
L’association de la protection des droits des consommateurs, de son côté, préconise l’application de sanctions sévères à l’endroit des opérateurs établissant des marges excessives. « La meilleure solution c’est d’infliger des sanctions aux profiteurs au lieu de fermer temporairement le magasin des commerçants pendant les contrôles du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA). La majorité de ces vendeurs font des spéculations. Et cela ne concerne pas uniquement l’huile mais les Produits de première nécessité (PPN) en général », propose Rasolofosaonina Ratsimbazafy Eugène, président de l’Association de la protection des droits des consommateurs (VOMZM).
Solange Heriniaina