Publié dans Politique

Universités publiques - Si les bourses d’allocation d’études étaient supprimées…

Publié le jeudi, 06 avril 2023

L’Etat débourse chaque année près de 35 milliards d’ariary pour les bourses d’allocation d’études. Quelque 115 000 étudiants régulièrement inscrits aux six universités publiques de Madagascar en bénéficient. Les inscrits en L1 à eux seuls ponctionnent 45 % de ces dépenses. La moitié va aux niveaux L2 jusqu’au M2. Les 5 % restants sont distribués aux doctorants.

Selon les statistiques, seuls 25 % des inscrits en L1 montent au niveau supérieur. Pour les 75 % calés, environ 10 % acceptent de redoubler ou sont autorisés à redoubler. Le reste, 90 %, disparaît après. Volontairement et involontairement. En déduction, les caisses de l’Etat sont annuellement délestées de quelque 10 milliards d’ariary pour financer le décrochage volontaire et involontaire à l’université.

Le taux mensuel perçu par chaque boursier varie entre 24 000 et 42 000 ariary. Ceci revient à 216 000 à 378 000 ariary par boursier pour les 9 mois d’études d’une année universitaire normale. Ces montants paraissent dérisoires eu égard à la cherté de la vie. Il y en a certes celles et ceux qui en ont réellement besoin.

Plus souvent, le retard de paiement des bourses constitue le motif de grève qui se solde presque toujours par des affrontements, des arrestations suivies de sanctions pénales ou disciplinaires ou les deux à la fois et la destruction des biens communs et privés. Mais, quand on visite les cités universitaires, l’on voit des antennes de télé satellitaires érigées sur les toits. Beaucoup sont aussi équipés de coûteux appareils électroménagers.

Les polémiques autour de ces allocations d’études sont aussi un terreau propice à la récupération politique. Selon un responsable ministériel, des manifestations éclatent toujours chaque fois que l’Etat s’apprête à les payer. Au moins, deux raisons se cachent derrière le manège.

D’un côté, les meneurs de grève veulent prouver leur « crédibilité » vis-à-vis de la population estudiantine. Ils veulent faire croire que c’est grâce à la réussite du « mouvement » que l’Etat a fini par accélérer le processus de paiement. D’un autre côté, le déclenchement des grèves est un « produit à vendre » aux politiciens des deux bords, du pouvoir et de l’Opposition.

En outre, les magouilles autour de la gestion du paiement des bourses ont fait parler d’elles du temps où cette tâche était confiée à l’université. Dans le temps, « le principal auteur du détournement » pouvait gagner jusqu’à 300-600 millions d’ariary par an pour les étudiants fantômes et autres manœuvres.

Le blocage [voulu] du paiement était aussi bénéfique à des responsables véreux. Ce n’était pour rien que des présidents des universités ont vu leur mandat écourté. A l’heure actuelle, la digitalisation est de mise pour contrôler les incohérences. Du coup, le paiement des bourses est attribué au ministère en charge des postes au grand dam des micmacs, d’où peut-être les « gaffes » ressenties dans la gestion des affaires universitaires de temps à autre.

Le Gouvernement est tout à fait en droit de supprimer les bourses d’allocation d’études s’il le veut. Elles sont en effet une faveur et non un droit acquis. Le citoyen lambda a tendance à les confondre. La pratique est héritée des régimes successifs. Elle est instituée à la suite de la suppression des restos à l’université dans les années 1980. Plusieurs motifs sont retenus pour le maintien du paiement de ces fameuses bourses.

Leur suppression a fait partie des suggestions, pour ne pas dire impositions, des partenaires lors de la mise en œuvre de la phase initiale du Programme sectoriel de l’éduction (PSE) en plein mandat du Président Marc Ravalomanana (2002-2009). La transformation du système éducatif à Madagascar sous l’impulsion de l’Education pour tous (EPT) et des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) était amorcée à l’époque. Mais le cours de l’histoire en a décidé autrement.

Les 35 milliards d’ariary de dépenses annuelles chiffonnées par les bourses sont largement suffisants pour des projets d’amélioration des conditions d’études à l’université. Un tel montant peut financer la construction de nouvelles infrastructures, la rénovation de celles existantes ou encore l’acquisition de nouveaux équipements modernes.

De plus, ce montant est de loin supérieur au volume de paiement des heures complémentaires et des vacations pour les enseignants vacataires dont l’intervention est justifiée par le manque de ressources humaines. Chaque année, les heures complémentaires et les vacations coûtent environ 24 milliards d’ariary à l’Etat.

Si le paiement des bourses est supprimé, les dépenses correspondantes pourraient être affectées au salaire du personnel enseignant. Ceci suppose le recrutement de nouveaux enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants. L’effectivité du recrutement massif à l’université améliorera à coup sûr la qualité des activités pédagogiques et de recherche en réduisant de façon significative les dépenses pour les heures complémentaires et les vacations.

Sur un autre plan, si les bourses d’allocation d’études doivent être maintenues, leur attribution doit être basée sur des critères strictement pédagogiques. Les bourses « démocratiques » auxquelles l’on est habitué sont improductives. Mais, si elles sont à supprimer, les droits d’inscription, variés de 300 000 à 1 000 000 d’ariary, doivent être annulés également.

 

M.R.

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Editorial

  • Code de la … rue !
    Nos confrères et consœurs qui font et refont le tour de la ville afin de glaner des informations vraies et en direct ont fait de l’amer constat : il n’y a plus de loi à Antananarivo, pas de code d’hygiène, pas de code la route. Il n’y a que la loi de la rue qui tient ! La population vit sous la loi des barrages. En effet, les barrages font la loi partout ! Des barrages érigés par les Forces de l’ordre afin de limiter strictement l’accès sur certains sites jugés hautement sensibles, interdits au public comme celui de la Place de l’indépendance populairement nommé « Place du 13 mai ». L’objectif évident étant pour les FDS de garantir au mieux l’ordre public et pour les tenants du régime en place de s’assurer le maximum de sureté pour la stabilité. Pour leur part, les grévistes et les manifestants de rue…

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