Champs entiers
L’arrivée en 2017 de la CLA, un insecte nocturne, menace d’ébranler cette économie rurale, florissante jusqu’à récemment, et la sécurité alimentaire mise en exergue par l’IEM et la Politique générale de l’Etat. Le maire Louis Firmin akotonomenjanahary explique qu’il faut absolument des provendes pour produire les œufs. « Le maïs constitue 60 % des provendes. Le reste est fait du mélange de farine de poisson, de soja, d’arachide, de coton, de coquillage, d’oligoéléments, de sons de riz, de tourteau… », précise-t-il.
Mais la CLA remet en cause la production de maïs-grain. Les champs maïzicoles du coin sont tous infestés. L’infestation était responsable de la diminution de 40 à 70 % du rendement en 2018. Les pertes pourraient être encore plus cette année. Des champs entiers sont détruits. De ce fait, des éleveurs-planteurs sont obligés de renouveler la culture en pleine saison culturale à la suite de l’infestation généralisée.
Complexe
Pire, l’ennemi s’attaque également à d’autres types de culture comme le riz pluvial et le haricot. De fait, l’insecte se nourrit de plus de 80 espèces de plantes. Mais le maïs reste son aliment préféré. Les Seychelles sont
le dernier pays de l’océan Indien touché après Madagascar. Le besoin en maïs-grain pour l’ensemble des îles de la zone est estimé à 658 000 tonnes contre les 337 137 tonnes disponibles. La Grande île en produit 316 331 tonnes. L’ennemi est malheureusement présent dans toutes les 22 régions de l’île à présent.
La lutte contre la CLA est complexe, onéreuse et de longue haleine. Il faut une forte collaboration de tous les acteurs concernés, à commencer par le ministère et ses partenaires nationaux et internationaux, une bonne connaissance des paysans, et surtout de la maîtrise de la lutte intégrée. Un adulte femelle pond 150-300 œufs alors qu’il peut y avoir une dizaine de générations en une seule année.
Ennemi international
Le traitement est techniquement exigeant. Lutte chimique et lutte mécanique sont inséparables l’une de l’autre. La lutte chimique coûte très cher et nuit à l’environnement ainsi qu’à la santé humaine et animale. La lutte mécanique est efficace dans une certaine mesure. Mais elle expose les paysans à d’autres risques car ils doivent veiller au-dehors de chez eux toute la nuit, ce qui n’est pas évident en raison du contexte d’insécurité rampante pour les paysans d’Antanetibe Mahazaza. Il en est de même de la lutte chimique. Le recours aux façons malagasy est encouragé mais de peu d’efficacité.
Pour l’agent de développement agricole Davidson Bienvenu Rakotonarivo, la CLA est un ennemi international. « Il n’est pas aisé de lutter contre lui. Il est présent en Amérique depuis 2006. Mais, même avec les moyens financiers et techniques dont les Américains disposent, ils n’arrivent pas à l’éliminer jusqu’ici. L’argent et les technologies s’avèrent insuffisants pour le combattre. Le succès dépend de nous tous et de ce qui existe chez nous », s’est-il adressé aux représentants des paysans la semaine dernière.
Manou Razafy