Publié dans Politique

14 octobre - La vraie fête nationale de Madagascar

Publié le mardi, 13 octobre 2020

D’emblée, l’article intitulé « La proclamation de la République malgache : transmission de l’Etat et malentendus fondateurs » de Galibert Didier, un chercheur à l’université de La Réunion, publié chez Persée en 2008 propose un éclairage intéressant. « Demain, vous serez à nouveau un Etat, comme vous l’étiez lorsque ce palais était habité [...]’ : lancée par le Général de Gaulle dans son discours du 22 août 1958 prononcé au pied du Palais de la reine, à Antananarivo, cette affirmation résume l’ambiguïté fondatrice de l’année 1958 à Madagascar », note l’auteur en guise de phrase introductive.

 

Dans sa note explicative, Didier rappelle que le 8 août 1958, le Général de Gaulle informe les membres du comité consultatif constitutionnel de son intention d’attribuer une finalité spécifique au référendum du 28 septembre dans les ex-colonies, devenues Territoires d’outre-mer : il s’agira d’opter pour une indépendance immédiate ou pour le maintien d’une formule d’association, dont le contenu reste à définir.

Le terme « communauté » est utilisé par le Chef de l’Etat dans le discours prononcé le 21 août 1958 lors de l’escale de Fort-Lamy, au début de la tournée-éclair effectuée du 20 au 26 août à Madagascar et en Afrique. Il est évoqué dans ses interventions publiques par Philibert Tsiranana depuis septembre 1957.

Didier dit que la Repoblika malagasy est proclamée par un congrès des assemblées provinciales issues de la loi-cadre tenu dans l’amphithéâtre du lycée Gallieni, à Antananarivo, trois semaines environ après la victoire du « oui » au référendum du 28 septembre 1958.

Lors de ce référendum, le « oui » obtient 77,6 % des votes à l’échelle de la Grande île, contre 50,5 % de « non » pour la province d’Antananarivo et 61,2 % de « non » dans la Commune urbaine du même nom.

Dès le 15 octobre, le haut-commissaire, représentant du Président de la République française, proclame la caducité de la loi d’annexion du 6 août 1896, dans l’esprit d’une application élargie de l’article 76 de la nouvelle Constitution française, lequel permet à un Territoire d’outre-mer de choisir le statut d’Etat membre par un vote de son assemblée territoriale.

Le même jour, ce congrès des députés provinciaux adopte une « loi constitutionnelle n° 1 », dont l’article 4 prévoit l’élection en son sein d’une « Assemblée nationale législative provisoire », dotée par l’article 5 de pouvoirs constituants. Le Conseil de gouvernement, conformément à l’article 6 de la loi constitutionnelle, adopte l’appellation de « Gouvernement provisoire de la République ».

Les institutions se mettent en place rapidement : adoption de la Constitution le 29 avril 1959 et élection présidentielle dès le 1er mai. Elle est assurée par les députés de l’Assemblée constituante. Philibert Tsiranana obtient 100 % des voix dès le premier tour de scrutin. Le premier gouvernement constitutionnel entre en fonction le 14 mai 1959 mais l’indépendance officielle, quant à elle, n’intervient que le 26 juin i960, après la négociation d’accords de coopération.

Selon le chercheur réunionnais, la République malagasy, telle qu’elle est proclamée le 14 octobre à l’issue de la victoire du « oui » au référendum sur la communauté, n’est pas l’héritière historique du royaume de Madagascar. Elle suscite l’hostilité durable des adversaires de « octroyée », regroupés dans un cartel politique dont la plupart des membres constituent dès le 19 octobre 1958 l’AKFM, principal parti d’opposition au pouvoir présidentiel de Philibert Tsiranana.

De fait, le débat sur la légitimité de l’Etat postcolonial n’a jamais cessé, au-delà même du renversement de la Première République, à l’issue des manifestations de mai 1972. Il se cristallise sur la genèse d’un Etat dont les règles sont importées par le colonisateur, mais qui relève les défis d’un élargissement au territoire insulaire et d’une nationalisation de l’autorité.

Le Président Philibert Tsiranana, vice-président du Conseil de gouvernement, élu le 27 mai 1957, puis premier Chef de l’Etat postcolonial, occupe désormais une place établie dans le panthéon des héros de l’Etat-nation.

Manou Razafy

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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