La Grande île est inquiète. La 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3) se tient à Nice (France). Sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU), une rencontre internationale relative à la conscientisation et à la mobilisation sur l’avenir des Océans met sur table les enjeux et les défis urgents qui attendent les uns et les autres. En effet, l’UNOC 3 tente d’attirer l’attention des dirigeants et des dignitaires de ce monde sur la menace qui plane sur ce trésor de l’humanité à savoir l’Océan.
Deux pays, deux Etats, la France et le Costa Rica, et donc deux dirigeants, Emmanuel Macron et Rodrigo Chaves Robles, ont été à l’origine de l’organisation d’une 3e Conférence sur l’Océan. Logique, ils ont été élus co-présidents. Les Nations unies, pour leur part, se portent garants de la couverture officielle de l’acte. A cet effet, le secrétaire général des Nations unies, en personne, Antonio Guterres a donné le coup d’envoi de ce rendez-vous vital.
Madagasikara, en tant qu’Etat invité à la Conférence et également en sa qualité d’acteur direct, participe activement aux débats ». Le Président malagasy, Rajoelina Andry Nirina, dirige la délégation malagasy et prend part avec motivation autrement dit activement à la Conférence. Lors de son intervention sur la tribune, à travers son discours inaugural, Rajoelina Andry allait droit au but.
Dès l’entame, Rajoelina Andry Nirina recadre les débats ainsi que la suite à donner. Il invite les hauts dignitaires de ce monde présents à joindre la parole aux actes. Beaucoup de résolutions, de décisions, d’engagements et contrats ont été pris ou signés après les débats de haut niveau à la fin des Conférences ou des rencontres mais très peu d’entre eux ont été suivis d’actes concrets. Des Sommets de ceci ! Des Conférences des Parties ! Des Rencontres de cela ! Et bien d’autres, mais les engagements restent lettres mortes.
La Grande île, étant particulièrement touchée et concernée, tire la sonnette d’alarme sur l’urgence des actes. Le pays est en proie à une profonde inquiétude. Inquiétude face à la montée du niveau de la mer qui, par la suite, ronge le littoral. Ce premier quart du siècle, pour n’en citer que ce qui se trouve le plus proche de nous, le niveau de la mer monte et envahit les habitations humaines. Le cas de Morondava, côte ouest de Madagasikara, nous suffit d’illustrer les problèmes vécus sur place. Certes, la ville se trouve presque au même niveau de la mer. Mais la montée du niveau de la mer que l’on constate actuellement aggrave encore plus le cas. A ce problème s’ajoutent deux autres inquiétudes à savoir le danger de la pollution et celui de la hausse de la température des eaux. Il va de soi de leurs conséquences dévastatrices sur l’écosystème. Un autre souci majeur, la recrudescence de la pêche illégale qui se manifeste par des pillages des ressources marines.
Des actes palpables et concrets s’avèrent plus qu’urgents. Le Président malagasy, profondément conscient de la « tragédie », lance un cri d’alarme et un appel de détresse pour enfin sauvegarder ce « trésor » qui est non seulement menacé mais en voie de … disparition. Certainement, l’océan ne va pas disparaître mais il cessera d’être utile à l’humanité.
Ndrianaivo
Du 28 mai au 8 juin dernier, les autorités malgaches ont mené une opération maritime décisive en interceptant un bateau de pêche sri-lankais, le “Ruth Baba 6”, accusé de pêche illégale dans les eaux malgaches. Cette saisie a révélé une cargaison de plus de 16 tonnes de requins, dont 12 tonnes de requins frais, accompagnés d'ailerons et de requins séchés. La saisie a eu lieu au large de Cap St André, dans la Région de Besalampy, où les 8 membres de l'équipage sri-lankais ont été arrêtés et sont actuellement sous le contrôle des autorités malgaches. Cette interception s'inscrit dans le cadre d'une politique gouvernementale résolue contre la pêche illégale, un fléau qui menace la biodiversité marine et la durabilité des ressources halieutiques de Madagascar. Il est à noter qu’il y a déjà eu deux navires sri-lankais ainsi qu'un navire kenyan capturés de cette manière lors de la 62e mission en 2024. Selon Sahory Olivier, inspecteur de pêche local, le “Ruth Baba 6” n'avait pas de licence pour opérer dans ces eaux, ce qui constitue une violation manifeste des lois en vigueur. Cette situation met en lumière les défis que rencontrent les pays côtiers pour protéger leurs ressources maritimes face à des pratiques illégales de plus en plus fréquentes et sophistiquées.
Reconnaissance des équipes
Cette opération a été réalisée sous l'égide du Centre de surveillance des pêches (CSP) de Madagascar et a mobilisé des ressources variées, allant des inspecteurs de pêche aux gendarmes, en passant par les militaires de la marine. Cela témoigne d'une coopération régionale renforcée entre Madagascar et les Comores, soutenue par des organismes tels que la Commission de l’océan Indien (COI) et le programme Ecofish, financé par l’Union européenne. La mission s'est révélée efficace, marquant la 65e opération réussie du CSP dans ce cadre. Pour souligner l'importance des efforts menés, une cérémonie de reconnaissance aux acteurs de la réussite de l’opération a été organisée à Mahajanga, en présence de nombreuses personnalités, dont le gouverneur et des représentants de la Commune. Cette interception constitue un véritable coup de poing contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et rappelle à la communauté internationale l'urgence de protéger les écosystèmes marins fragiles.
Nikki Razaf
Trente-six propriétés foncières d’une contenance totale d’environ 1 129 hectares sont tombées sous l’hypothèque forcée provisoire au profit des Etablissements Hachimy & Cie SARL, ayant leur siège social à Morafeno- Mahajanga, en vertu de l’ordonnance 037 du 21 février 2025, signée par Avotra Andriambeloson, en sa qualité de juge d’instruction assurant l’intérim du président du tribunal de première instance de Nosy Be. Le bénéficiaire s’appelle Abdelkader Hachimy, un député dans la Province de Mahajanga sous l’ère Ratsiraka.
La nouvelle fait bouger les réseaux sociaux et la copie même de l’ordonnance, dont référence citée plus haut, circule en boucle sur le Net. Pour les non initiés, il s’agit d’accaparement des terres au moyen judiciaire qui fait réagir simples citoyens et défenseurs des droits humains. En effet, la fonctionnaire de la Justice signataire du document officiel est traitée de tous les mots et de tous les maux, malgré elle.
Selon des informations parvenues au journal, toutes les propriétés foncières frappées d’hypothèque forcée provisoire constituent le patrimoine foncier de l’ancienne société d’Etat SIRAMA. Celle-ci, usant de son droit, a fait opposition à l’ordonnance. L’affaire repassera devant le tribunal ce jour.
Un juriste consulté par le journal explique que l’ordonnance en faveur de l’ancien parlementaire relève d’une procédure et la magistrate exerçant à Nosy Be qui l’a signée n’a fait que se conformer à ladite procédure. En la matière, les dispositions de la loi 99-024 sont mises en œuvre, outre le code de procédure civile.
« L’affaire a fait l’objet d’un arrêt définitif au niveau de la Cour suprême », a dit l’expert. Il évoque alors l’arrêt 866 du 13 décembre 2018 de la Cour de cassation, chambre civile, matière commerciale. « L’hypothèque forcée provisoire ne signifie pas non plus que les propriétés foncières en question deviennent systématiquement une propriété de la personne qui a obtenu gain de cause », a-t-il ajouté.
Le requérant aurait des créances sur la SIRAMA. La suite de la procédure devrait être à la mise en vente de ces propriétés foncières sous hypothèque forcée provisoire en exécution de l’arrêt définitif de la Cour suprême. Ce, parce que le créancier exige ses dus au débiteur, la société SIRAMA. D’évidence, les origines de l’affaire datent de l’ère Ratsiraka des années 1990.
L’affaire met quand même en lumière les pratiques habituelles qui tendent à spolier l’Etat de ses biens. D’après des informations, la SIRAMA aurait aussi intenté un autre procès contre Abdelkader Hachimy. Des plaintes auraient été déposées contre lui auprès du Pôle anti-corruption.
Ce n’est pas, en tout cas, pour la première fois que les terres appartenant à la SIRAMA de Nosy Be, entre autres, sont litigieuses. Sous la transition (2009-2014), elles ont créé moult débats par rapport à la situation des agents déflatés de la société. Beaucoup d’anciens hauts cadres de celle-ci ont, par la suite, écopé des peines fermes à cause d’une ruse concoctée sous l’ère HVM (2014-2018).
M.R.
Après l’ultimatum de 72 heures lancé par l’association des étudiants au sein de l’Ecole supérieure polytechnique de Vontovorona (ESPA), ces derniers sont passés à la vitesse supérieure, hier. Une manifestation qui a commencé tôt le matin, réclamant des solutions pérennes face à leurs problèmes d’accès à l’eau et à l’électricité, entre autres. Une délégation conduite par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESUPRES), Pr Loulla Chaminah, s’est aussitôt dépêchée sur les lieux afin de discuter avec les étudiants et proposer des mesures immédiates. « Nous étions sur place vers 7h du matin, mais les étudiants étaient déjà en manifestation. Nous avons quand même pu entrer dans le campus pour constater de visu ce qui se passe et en apporter des solutions. D’ailleurs, la plupart des requêtes des étudiants sont déjà prises en compte, avec des solutions en cours », a avancé la ministre de tutelle.
Parmi les mesures concrètes à court terme figure l’approvisionnement en eau via des citernes pour les étudiants de Vontovorona, d’après le directeur général de l’Eau au sein du ministère de tutelle, Herinirina Romuald Mara. « L’approvisionnement en eau s’arrête aussitôt avec la coupure de l’électricité. Ainsi, un groupe électrogène de secours a été mis en place et opérationnel depuis ce jour », a-t-il précisé. Ceci en attendant l’opérationnalisation du château d’eau au sein du campus. Quant à l’électricité, aucune coupure n’y aura lieu durant la journée, et ce depuis hier, à en croire directeur général adjoint au sein de la JIRAMA, Manda Ny Aina Nomena. Le délestage est toutefois inévitable entre minuit et 5 heures du matin.
Quant aux solutions à moyen terme, les travaux de construction du château d’eau au sein du campus ont débuté hier. Ceci avec les travaux de rénovation des infrastructures sanitaires, dont les douches et latrines, assurés par le MESUPRES. Aussi, la centrale solaire à Ambatomirahavavy sera opérationnelle avant le 26 juin prochain. Elle renforcera l’approvisionnement en électricité pour le réseau de la RN 1, y compris Vontovorona. Quant au transformateur en panne dans le Tanà-Sud, les travaux de réparation seront achevés à la mi-juillet. Ces solutions vont résoudre non seulement les problèmes au sein du campus mais aussi ceux des Fokontany et Communes riveraines. Dans tous les cas, la délégation ministérielle a lancé un appel à l’apaisement, notamment en cette période d’examens et en cette veille de la Fête de l’indépendance !
Recueillis par Patricia R.
Une grande première. Madagascar participe pour la première fois au Congrès du Conseil international des infirmiers (ICN), qui se tient cette semaine à Helsinki, capitale de la Finlande. Des milliers d'infirmiers et d'infirmières, représentant plus de 100 pays, s’y rassemblent du 9 au 13 juin 2025. Cet événement, qui se déroule tous les deux ans, représente une plateforme majeure pour échanger des connaissances et aborder les défis mondiaux auxquels est confrontée la profession d’infirmier. Le thème choisi étant « Le pouvoir de l’infirmier pour changer le monde ».
La Grande île est fièrement représentée par la Commission de l'Ordre national des infirmiers de Madagascar (CONIM), à travers son président, Jean Aimé Andrianarison Botosera alias John Love. « Notre présence à cette conférence est déjà un immense atout pour notre pays. Nous avons gagné une immense reconnaissance internationale », a déclaré le président de ladite Commission. Cette participation marque une étape cruciale pour le métier d’infirmier malagasy, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités de coopération. Le CONIM espère concrétiser cette reconnaissance par des partenariats tangibles. « Cela nous permettra d’avoir la possibilité de coopérer avec de nombreux pays présents à ce congrès. D'ailleurs, nous attendons de nombreuses signatures de convention avec d'autres pays à l'issue de cet évènement », ajoute notre interlocuteur. Il n’a pas manqué de souligner son ambition de renforcer les liens avec la communauté infirmière mondiale.
Le congrès de l'ICN constitue une occasion pour les différentes délégations d'aborder un large éventail de sujets cruciaux pour l'avenir des soins prodigués par les infirmiers. Parmi les thèmes à l'ordre du jour figurent l'émergence de l'intelligence artificielle (IA) dans les soins de santé, les attaques contre les travailleurs de la santé dans les zones de conflit et de catastrophe humanitaire, les défis liés au changement climatique, l'évolution des rôles attribués aux infirmiers ainsi que l'éducation de ces derniers. La participation active du CONIM à ces discussions permettra de partager les expériences malagasy et de s'inspirer des bonnes pratiques internationales.
E.F.
Aux abonnés absents. Ce devait être un moment de vérité. Une réunion de travail entre la commission de l'énergie, des hydrocarbures et de l'électrification rurale de l'Assemblée nationale et les représentants de la JIRAMA était programmée hier à Tsimbazaza. A l’ordre du jour : une mise à plat des actions engagées par la société nationale, mais aussi, et surtout, l’exposé des innombrables difficultés auxquelles elle fait face. Des défis connus de tous : délestages chroniques, dettes abyssales, infrastructures vétustes et clients excédés. Pourtant, alors que l’ensemble des députés membres de la commission attendaient cette rencontre, celle-ci ne s’est tout simplement pas tenue. Sans préavis, sans explication officielle, sinon un vague report. "On n’a pas eu d’information claire, mais on nous a fait comprendre qu’il faudra attendre la séance des questions au Gouvernement", déplore un élu de la majorité. Un report de plus, qui en dit long sur le malaise et l’opacité qui entourent toujours les gestions de la JIRAMA. Pour les usagers, c’est l’incompréhension : "On souffre de coupures tous les jours, et eux ils n’arrivent même pas à discuter entre eux ?", s’indigne Aina, habitante d’Ambohipo.
Transparence
Dans les couloirs du Parlement, ce faux bond passe mal. La séance devait permettre aux députés de poser des questions concrètes sur les plans de redressement, la gestion des ressources, les budgets alloués, et les projets à venir. "C’est la moindre des choses qui exige un minimum de transparence", grogne un député de l’Opposition. Si la séance des questions au Gouvernement prévue pour les jours à venir est maintenue, encore faut-il que le sujet JIRAMA soit réellement abordé dans le détail, ce qui est loin d’être garanti. Pour beaucoup, ce report ressemble à une esquive. "Le peuple mérite des réponses, pas des rendez-vous manqués", tonne un autre élu, visiblement agacé. En attendant, les réalités sur le terrain, elles, ne changent pas : des quartiers entiers plongés dans le noir, des entreprises paralysées, et une population de plus en plus lasse d’un service qui ne cesse de se dégrader. "Quand il y a du courant, on n’a pas d’eau. Et quand il y a de l’eau, le courant saute. C’est devenu une blague nationale", ironise Liva, technicien frigoriste à Ankorondrano. Un humour amer, à l’image de la confiance qui s’érode entre la population et ses institutions.
Mandritsara s’apprête à vibrer au rythme de sa tradition la plus emblématique. Du 13 au 15 juin 2025, cette ville située dans la partie Est de la Région de Sofiaaccueillera la troisième édition du Festival Sabôtsibe, un événement incontournable qui met à l’honneur le zébu, acteur essentiel de l’économie locale et de la culture régionale. Les objectifs de cette manifestation vont au-delà d'un simple marché, car elle vise également à mettre en valeur le savoir-faire des éleveurs, dynamiser le secteur de l'élevage et renforcer les liens communautaires autour d'un patrimoine vivant.
Le marché « Sabôtsibe », considéré comme l’un des deux plus grands de Madagascar, joue un rôle stratégique dans la circulation du zébu, un animal au cœur des échanges commerciaux de l’Est. Deux fois par mois, ce marché attire des milliers de bêtes provenant de plusieurs Régions telles qu’Atsinanana, Analanjirofo et Alaotra-Mangoro, contribuant à faire de Mandritsara un carrefour incontournable pour les éleveurs et les commerçants. Ledit festival, créé pour mettre en lumière cette richesse, souhaite offrir une vitrine exceptionnelle à cette activité essentielle, tout en impliquant la communauté locale et en valorisant la tradition d’élevage.
Durant ces trois journées de l’évènement, l’effervescence sera au rendez-vous. En marge de la vente de zébus, un riche programme d’activités festives et culturelles sera déployé pour tous les goûts. Des concours artistiques et également des animations musicales, avec la participation d’artistes renommés tels que Sisca, Parish, Kapitsany, Maman’i Tsôlôlô, Mopcan et Tence Mena, enrichiront le festival. La scène locale sera également mise en avant avec des talents issus de Mandritsara, témoignant de la vitalité artistique de la Région. Les amateurs de sport ne seront pas en reste. Des compétitions sportives variées, notamment du football, basket-ball, pétanque, course de cyclistes, semi-marathon, course de charrettes, seront organisées pour encourager l’esprit de compétition et de convivialité. Des jeux éducatifs, des spectacles et des activités ludiques complèteront ce programme, visant à fédérer toutes les générations dans une ambiance festive et humaine.
Ce rendez-vous annuel bénéficie du soutien solide des autorités locales, des acteurs économiques et de partenaires engagés comme Yas Madagascar, le sponsor officiel. Leur appui témoigne de l’importance stratégique de l’élevage et de la valorisation de cette tradition ancestrale, qui constitue un pilier de l’économie régionale. En créant ce pont entre tradition, culture et développement, le Festival « Sabôtsibe » affirme sa volonté de faire rayonner Mandritsara, tout en renforçant le tissu social et économique de la Région de Sofia. Une occasion unique de célébrer le zébu, symbole de fierté et de prospérité pour cette terre de l’élevage.
Si.R