Publié dans Editorial

Enigme totale

Publié le mercredi, 12 février 2020 Écrit par 
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Quarante-cinq ans après le douloureux drame d’Ambohijatovo Ambony, l’énigme reste encore et toujours totale. Le 11 février 1975, en début de soirée, le colonel Richard Ratsimamndrava, 44 ans, Chef de l’Etat et de Gouvernement, fut froidement abattu à Ambohijatovo Ambony, en plein tournant, juste en face du Commissariat du 2ème Arrondissement par des éléments du GMP (ex-FRS) d’Antanimora.

 

Nommé par le Général de Division Gabriel Ramanantsoa six jours auparavant (le 5 février) à la magistrature suprême, le colonel Ratsimandrava sur le chemin de retour chez lui, à Ankadibevava (Anjohy), fut atteint par balles tirées à bout portant. En effet, criblé par une rafale de balles, il n’avait aucune chance de survivre, lui et son chauffeur ainsi que son garde du corps.

1975, trois ans après les événements historiques de 72, le pays n’arrivait pas encore à sortir de l’imbroglio politico-régionaliste déclenché par la chute du régime PSD. Un contexte politique tendu et entretenu par élan de régionalisme ancré sur l’éternel conflit entre « ambaniandro » et « côtiers ». Une sourde tension qui se répercute au sein du Gouvernement Ramanantsoa et incarnée par deux frères d’armes Ratsimandrava (Ambaniandro) et Ratsiraka (Côtier). Le premier étant un officier supérieur de la Gendarmerie Nationale (colonel) tandis que le second de la Marine nationale (capitaine de Corvette).

Le Général Ramanantsoa ne pouvant plus supporter les pressions dont on ne savait pas exactement le ou les auteurs, voulait passer le pouvoir. Un gros dilemme se posait en lui : « A qui allait-il remettre le pouvoir ? » Il avait devant lui deux prétendants en puissance à savoir, d’un côté, le colonel Ratsimandrava (44 ans) qui voulait instaurer les Fokonolona comme moteur de base du développement et le Capitaine de Corvette (39 ans) qui entretint discrètement un régime à base socialiste du genre Nord-Coréen, de l’autre. Le choix était difficile pour le Général. Finalement, Ramanantsoa avait jeté son dévolu sur Ratsimandrava, un « Ambaniandro ». Ce qui provoqua une vague d’indignation quelque part. Certaines personnalités politiques de certaines régions de l’île voyaient à travers cette nomination de Ratsimandrava une incarnation de la volonté des « Ambaniandro » à pérenniser le pouvoir au sommet de l’Etat. On parlait même d’une provocation !

Sur le plan international, Madagasikara fit l’objet de convoitise des grandes puissances surtout après la remise en cause, suite aux événements de 72, de la relation privilégiée d’avec la France. Etant l’ancienne puissance colonisatrice, la France disposait de droit la « mainmise » sur la Grande île mais après les mouvements de Mai 72, la donne changeait. Des puissances étrangères des deux blocs (Est-Ouest) comme l’URSS, la Chine ou les Etats-Unis lorgnent sur l’opportunité de s’implanter. La France ne voulait pas être mise de côté et abandonner ses intérêts majeurs. D’où un cafouillage d’intérêts dont la principale victime ne fut autre que Madagasikara.

Ce fut dans ce contexte d’embrouillamini que l’assassinat du Chef de l’Etat et du Gouvernement s’est passé. Les tensions internes continuèrent de polluer l’atmosphère au sein du Directoire Militaire dirigé, encore, par un « Ambaniandro » le Général Gilles Andriamahazo. Lui non plus n’avait pas pu tenir longtemps. Il devait passer illico le pouvoir à un certain Didier Ignace Ratsiraka, un « Côtier ». Et la tempête se calmait !

Quarante-cinq ans après, l’assassinat du colonel Ratsimandrava demeure toujours une énigme totale.   

Ndrianaivo

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Editorial

  • D’éternels médecins après… !
    On était, on est et on restera d’éternels médecins après la mort ! Et la honte ni le ridicule ne tue pas. La capacité d’anticipation et la compétence à prévenir nous échappent honteusement. On est là ! Et le pays paie les prix au plus fort pour en devenir l’un des plus pauvres du monde. Et le drame, personne n’est responsable. Ce sont toujours les autres qui portent le chapeau. Quel dommage !Depuis toujours, les ressources naturelles endémiques du pays font l’objet de braquage à ciel ouvert, de trafics illicites imparables et de commerce au noir sans que nos supposés meilleurs responsables du pays, nos supposés grands stratèges, des généraux et autres, de l’Armée, de la Gendarmerie et de la Police nationale ne parviennent pas à stopper ou tout au moins contrôler le crime. Et le sang coule ! Une hémorragie sans arrêt ! Exsangue, Madagasikara n’est que l’ombre de…

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