Maroantsetra sous l’eau ! Cheneso fait des ravages. La première dépression tropicale qui atterrit sur le Nord-est de la Grande île frappe fort. Le District de Maroantsetra, la première victime du premier cyclone, est submergé d’eau en raison des fortes précipitations. Les habitants des villages d’Ambinanitelo, de Mariarano et d’Ankofa ont dû quitter leurs maisons d’habitation pour rejoindre les sites de secours en hauteur. Le premier bilan du vendredi 20 janvier (source BNGRC) est lourd : 2 600 sinistrés, 294 déplacés, un décès et un disparu. Etant un bilan provisoire, les chiffres risquent d’évoluer au fil des jours. L’aéroport de Maroantsetra, sous l’eau, ne peut pas fonctionner. Tous les vols ont été annulés.
Madagasikara entre dans la saison des perturbations atmosphériques. Dépression, cyclone et autres troubles du climat vont se succéder allant, en général, de décembre jusqu’au mois mars. Moments difficiles et périodes critiques pour le pays.
Cheneso, le premier qui débarque, fait déjà des dégâts. Les eaux montent et obligent la population à se déplacer. Mais ce qui inquiète le plus les observateurs réside sur les impacts immédiats. Chaque dépression ou cyclone qui atterrit met en évidence la précarité des conditions d’existence des populations. Le cas des bas-quartiers de la Capitale interpelle toujours. Jusque-là, aucun régime n’a pu trouver des issues efficaces afin d’épargner les habitants des quartiers d’Isotry, Anosibe, Andranomanalina, 67 ha, Andohatapenaka, quartiers des « manainga zipo », entre autres, des dangers de la montée des eaux. Les canaux d’évacuation bouchés prennent toujours de court les responsables et les habitants.
A Maroantsetra, les habitants d’Ambinanitelo ou d’Ankofa redoutent des effets collatéraux comme l’insécurité alimentaire. Cheneso a détruit les réserves de nourritures et les cultures vivrières. En outre, ils s’inquiètent de la propagation des épidémies. Et ce, valable pour toutes les Régions touchées. Et dire qu’on est au tout début de la saison des perturbations atmosphériques.
Il s’agit d’un combat de longue haleine pour les autorités. Un parcours de combattant qu’on doit mener jusqu’au bout. Il va falloir commencer dans le bon sens. Il est vrai que les responsables locaux sont limités par l’insuffisance des moyens matériels que l’on dispose mais, il faudrait bouger. C’est une réalité qu’il faut contourner. Dans tous les cas de figure, il n’est plus question d’attendre éternellement les aides.
Il fut un temps où les dégâts cycloniques, souvent importants et meurtriers, constituaient une manne pour le régime en place. En vertu de la solidarité internationale, des aides extérieures affluèrent et renflouèrent la caisse de l’Etat en devises fraiches. Une ironie du sort à éviter ! Elle ne mérite plus pour un Etat revendiquant le statut d’une Nation souveraine. On ne refuse pas les aides qui débarquent mais seulement il fallait agir, en premier, par nos propres moyens.
Le temps arrive, s’il n’est pas déjà tard, d’étudier la mise en place d’un Fonds national pour la prévention contre les catastrophes naturelles, du genre FER. Un Fonds qui naturellement devra démarrer par les fonds propres du pays et qui sera en même temps habilité à recevoir et à gérer les aides financières et pilotera les opérations de mise en œuvre des grands chantiers.
Certainement, ce serait des chantiers titaniques sinon pharaoniques, mais il faudrait y penser et oser faire le premier pas.
Ndrianaivo
Le Nouvel an est une fête importante en Asie. La Chine n’est pas en reste dans ces célébrations. La date de la « fête du Printemps » change chaque année suivant le calendrier lunaire en fonction de la phase de la lune. Pour cette année, le « Nouvel an lunaire » de l’Empire du milieu commence du 22 janvier 2023 au 09 février 2024 sous le signe de l’année du Lapin. Ici à Madagascar, le coup d’envoi de la célébration a été donné lors d’une cérémonie tenue devant l’Hôtel de ville à Analakely. De nombreuses personnalités issues du secteur privé et public sont venues assister et soutenir cette grande fête, à l’instar du « Chargé d’ affaires » de l’ ambassade de Chine à Madagascar, les dirigeants de l’ « Institut Confucius » de l’ université d’ Antananarivo, les promoteurs économiques et membres de « l’ Association de la communauté chinoise à Madagascar », le secrétaire d’Etat en charge de la Gendarmerie nationale, les commandants respectifs de la Gendarmerie et de la Police nationale, le représentant de la CUA, le directeur général des projets présidentiels, ainsi que d’autres ressortissants malagasy qui faisaient partie du public.
« Les Chinois passent la nuit du réveillon tous ensemble en allumant une bougie et un feu rouge pour chasser les mauvais esprits et les mauvaises ondes pouvant détruire un foyer. De succulents et extraordinaires mets difficiles à préparer sont mis en avant lors de la « fête du Printemps » comme une longue nouille qui équivaut à une longue vie. Et la couleur rouge ancrée dans la culture chinoise est synonyme de prospérité d’ après Sylvianna Chue Noe professeur à l’ « Institut Confucius » à l’université d’Antananarivo. Malgré une pluie battante, cela n’a nullement entaché l’enthousiasme et la qualité du show présenté par les élèves de l’« Institut Confucius » face au public venu nombreux. Le public a eu droit à de magnifiques prestations pour ne citer que les chants, danses, conte, tirage au sort et distribution de lots pour les heureux gagnants et le fameux « Danse du Lion » marque de fabrique de la culture et du « Nouvel an lunaire chinois ».
Les intempéries sont passées pour un marronnier à Madagascar. Dans le jargon journalistique, le marronnier est un événement traité par les journalistes chaque année à la même période. Chaque année, la Grande île est à la merci des aléas climatiques dus aux passages cycloniques presqu’aux mêmes mois de l’année. Les précautions à prendre sont donc devenues routinières. Seulement, personne ne savait avec exactitude à l’avance ni les Régions qui seront touchées ni l’ampleur des dégâts.
Le mauvais temps persistant qui se déclare depuis la semaine passée est un énième appel à la consolidation des interventions en cas de catastrophes naturelles. Les structures et organismes étatiques mis en place à cet effet font de leur mieux pour ne pas être pris de court par les événements.
De notoriété publique, les effets du réchauffement planétaire changent beaucoup de dynamiques de par le monde entier. Dans l’hémisphère Sud et dans le bassin de l’océan Indien en particulier, les cyclones tropicaux sont de plus en plus fréquents et destructeurs suivant les prévisions. Ils créent des pertes et des dommages immenses. Les faits observés en attestent la véracité.
Désagréments
Lors de la COP27 qui s’est tenue en Egypte en novembre, les pays africains dont Madagascar ont fait des pieds et des mains pour que leur situation soit considérée avec une plus grande d’attention. En effet, il a été alors question de « pertes et dommages » qui doivent être compensés à travers le financement des actions destinées à renforcer l’adaptation et la résilience des communautés vulnérables.
C’est bien le cas de le dire pour l’île avec le temps qu’il fait ces derniers jours et les conséquences qui en découlent. Les pluies persistantes provoquent des inondations et font souffrir les Régions de tant de désagréments. Les routes, si elles ne sont pas coupées, sont impraticables pour l’acheminement des aides d’urgence dans les zones affectées.
Toutes les complications en présence sont aussi passées pour un marronnier. Mais ce qui est frappant, c’est que le pays n’avance pas dans la recherche des solutions face à ces circonstances qui tendent à s’installer sur la durée. C’est toujours le même scénario chaque année. Pire, l’on oublie l’adage courant selon lequel après la pluie le beau temps.
Ces précipitations qui tombent nuit et jour annoncent le raccourcissement de la saison des pluies. L’abondance des pluies durant un temps relativement court est l’indice de leur mauvaise répartition dans le temps et l’espace.
Oies noires
Effectivement, les prévisionnistes anticipent sur la forte densité des pluies en janvier-février-mars. En revanche, les pluies pourraient cesser de tomber à partir de fin mars ou début avril. S’ensuivront alors une séquence fraîche et une séquence sèche allongée jusqu’à la tombé des premières pluies de la saison suivante.
Entre-temps, les habitants, par manque de connaissance et de moyens, sont à cent lieues de saisir des opportunités sous leurs yeux. A cause de l’allongement de la séquence sèche qui se profile à l’horizon, ils vont bientôt acheter cher toutes ces quantités d’eau des écoulements qui déversent dans les marais, les étangs, les rivières, les lacs et les océans.
Il est désormais indispensable de savoir conserver l’eau. Des infrastructures adaptées et non des solutions pommades auxquelles l’on habitue la population doivent être mises en place à cette fin. Des responsables en sont certes conscients. Les actions concrètes sur le terrain sont cependant des oies noires. Oui, après la pluie le beau temps comme après la saison des pluies la saison des feux de brousse à n’en plus finir !
M.R.
Après le passage du cyclone Cheneso avec son lot de pluies diluviennes, 3 Fokontany dans la ville de Mahajanga sont complètement sous les eaux. L’eau s’étend sur une grande superficie couvrant la majorité des bas-quartiers de la ville, mais les plus touchés sont les Fokontany d’Ambalavola, de Tsararano et de Fiofio. Etant donné que Mahajanga est une ville lagunaire, ses bas-quartiers sont facilement la proie des inondations. Trois jours de précipitations ont eu raison de quelques quartiers de la ville.
Face à cette situation, de nombreux habitants ont dû être évacués de leurs maisons. Selon les derniers chiffres émis par le Bureau national de gestion des risques et catastrophes (BNGRC), on compte au moins 2.050 déplacés. Ils ont été accueillis à l’EPP de Fiofio qui, malgré la montée des eaux, a été épargnée vu qu’elle se trouve en hauteur. D’ailleurs, le site a été déjà prédisposé pour servir d’abri d'urgence aux sinistrés. Avant de rejoindre l’EPP Fiofio, les sinistrés étaient auparavant accueillis à la Maison du quartier d’Ambanavola. Cependant, celle-ci est aussi inondée actuellement.
Les évacuations ont été organisées de concert par la Région, le BNGRC, le service des pompiers et la Direction régionale de la population Boeny. Pour l’heure, le nombre de locaux et de maisons d’habitation inondées n’est pas encore connu. En outre, il est à noter que malgré ce désastre, beaucoup d’habitants ont préféré rester chez eux.
Suite au niveau d’alerte jaune reçue par Mahajanga, les élèves ne vont pas à l’école ce jour, et ce, jusqu’au 26 janvier prochain. Cette mesure pourrait être renouvelée selon l’évolution de la situation sur place.
Par ailleurs, la RN4, au PK 446, est actuellement coupée au niveau du radier d'Antananambao Andranolava. Il est complètement sous les eaux, ce qui rend son franchissement très dangereux. Ainsi, on a constaté une longue file d’attente de voitures qui attendent que le niveau de l’eau baisse.
Du côté du service de la météorologie malagasy, celui-ci a affirmé dans son bulletin du 22 janvier que la pluie va continuer à tomber dans les quatre jours à venir. Madagascar est actuellement en pleine période de pluie et la mousson domine actuellement le temps sur plusieurs Régions. Des précipitations de 70 à 100 mm/24h sont encore prévues sur le nord- ouest, le centre ouest et le sud-est de l’île. Par conséquent, une alerte « forte pluie » a été émise pour les Districts d'Ambanja, Bealanana, Analalava, Antsohihy, Boriziny, Mampikony, Miandrivazo, Belo-sur-Tsiribihina, Farafangana, Vondrozo, Vangaindrano, ainsi que tous les Districts des Régions de Boeny, Melaky, Vatovavy, Fitovinany et Analamanga.
Actuellement, la pluie continue de tomber dans la ville des fleurs malgré le fait qu’elle s’est un peu calmé en intensité.
Nikki Razaf
Ils ont marqué leur grand retour sur la scène avec un concert unique qui s’est tenu au mois d’août 2022. Et voilà depuis quelques jours que l’un des membres du groupe Solomiral annonce déjà un autre rendez-vous dans la Capitale. Ainsi, c’est confirmé : un concert avec ce groupe de jazz aura bien lieu ce week-end. Pour cette nouvelle année, Hajazz Rasolomahatratra, l’un des frères piliers du groupe, est au pays et se dit être prêt pour ce nouveau rassemblement avec les membres du groupe. Une bonne nouvelle qui ravive le cœur de tous ses fans puisque ces derniers n’espéraient pas les revoir sitôt.
Solomiral invite ainsi le public à prendre part à cet événement qui se traduit toujours comme unique car pour le moment, le groupe ne prévoit pas d’autres dates. Pour ce faire, le groupe retrouvera ses fans assoiffés de bonne musique au Karibotel Twenty Six Analakely, ce vendredi 27 janvier à partir de 20 heures tapantes. Le connaissant, ce groupe qui excelle dans le monde du jazz donnera un concert à son image avec des moments de passion, de partage et de convivialité musicale. Et pour faire de ce moment encore plus nostalgique et digne du nom de Solomiral, les musiciens du groupe seront au grand complet pour animer la scène. On retrouvera ainsi Fanaiky à la basse, Mendrika à la batterie, Hajazz à la guitare, Ny Ony à la deuxième guitare, Rivokely au clavier, Andry Kely aux percussions, Seta et Tahinavibe aux cuivres. Ces retrouvailles promettent d’être enivrantes et entraînantes.
Pour ce nouveau rendez-vous, Solomiral nous fera une nouvelle fois voyager aux rythmes de ses compositions. Le groupe Solomiral au grand complet, c’est aussi du swing exceptionnel, d’une musicalité sans cesse renouvelée, et une belle virtuosité. Les indémodables et inoubliables morceaux tels que « Bako », « Hafatra », « Embouteillage », « Mbola hiaona isika » ou encore le fameux « Sasa-miandry » retentiront de nouveau dans les oreilles des mélomanes de la Capitale. Malgré les rares occasions de rassemblement, ce groupe continue d’atteindre des sommets musicaux et techniques sans précédent. Une aubaine à ne pas rater sous aucun prétexte pour tous ses inconditionnels.
Sitraka Rakotobe
Depuis dix jours, deux gigantesques boas ont soudainement émergé de leur tanière et ont provoqué la panique chez la plupart des riverains du Fokontany de Fitroafana, Commune de Talatamaty à Antananarivo. Ils mesurent dans les deux mètres. Les habitants ont été étonnés par la grandeur de ces deux serpents que certains ont même évoqué qu’il s’agisse d’esprits des défunts ou « fanano ».
A l’heure actuelle, personne n’a pas encore osé les enlever. Ni les pompiers ni les responsables au niveau du parc de Tsimbazaza n’ont été présents sur les lieux. Les responsables au sein de ce parc zoologique, contactés sur ce fait, ont affirmé que c’est la Direction générale des forêts sise à Nanisana, sous tutelle du ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD), qui est chargée de mission dans ce genre de situation. Ce n’est qu’ensuite qu’une équipe sera chargée de récupérer ces animaux et de les transférer soit en forêt, soit dans un vivarium. Pour l’instant, aucune demande de la sorte n’est parvenue au niveau du parc, ni au niveau des sapeurs-pompiers.
Néanmoins, lors du départ de notre envoyé spécial sur place, il a été évoqué qu’une équipe du MEDD serait en route pour s’occuper des deux serpents avant qu’il n’y ait de blessés.
Selon le chef fokontany Haja Tiana, « on a commencé à paniquer puisque de plus en plus de badauds viennent sur les lieux où se trouvent les deux reptiles. Il y a même des enfants et ceux qui veulent prendre des photos. Ainsi, j’ai décidé de publier l’existence de ces serpents sur les réseaux sociaux vu que je n’ai pas les coordonnées des services compétents pour ce genre de situation. Depuis la publication, il n’y a que des particuliers qui les ont contactés et leur ont demandé s’ils pourraient emmener les deux spécimens ».
Il est à noter que le boa de Madagascar n’est pas un animal dangereux en soi. Malgré sa grande taille qui peut atteindre les 3 mètres chez la femelle, il n’a pas de venin et se contente de manger les petits rongeurs. Cependant, c’est une espèce qui peut tuer un enfant et même un adulte en l’étouffant par son étreinte. En quelque sorte, le boa agit ainsi en légitime défense s’il perçoit la personne comme un danger.
Le chef fokontany a d’ailleurs pris cette mesure d’alerter via Facebook car si l’animal se sent menacé pour sa vie, il pourrait s’en prendre aux curieux qui leur jettent parfois des pierres. « Je ne peux pas être sur place à chaque instant. Et malgré les recommandations du fokontany, il y a toujours ceux qui veulent faire le malin », a-t-il confié.
Le boa est aussi le plus grand serpent qui existe à Madagascar. Il se cache souvent dans des terriers ou des piles de détritus, et hiberne pendant la saison sèche qui intervient entre mai et juillet. C’est sans doute la destruction de leur habitat ou l’inondation de leur lieu d’hibernation qui a poussé ces deux reptiles à sortir au grand jour.
Nikki Razaf
Regain de santé. Depuis quelques jours, la monnaie nationale reprend des couleurs. En règle générale, la dépréciation de l’ariary par rapport à l’ensemble des devises fortes relève fondamentalement du fait que notre balance des paiements est structurellement déficitaire, nécessitant l’achat de devises étrangères pour être à l’équilibre. Ainsi, l’infime gain de points pour l’ariary depuis ces quelques jours est à prendre en compte. L’euro équivaut aujourd’hui à près de 4.700 unités de notre monnaie nationale alors que quelques semaines auparavant, ce taux atteignait des pics vertigineux. Par contre, certains observateurs rappellent qu’il est plus prudent de se référer à des indicateurs d’envergure pour définir si oui ou non la monnaie nationale a effectivement remonté la pente pour être compétitive face aux monnaies de référence. Les tendances ponctuelles sur ces quelques derniers jours sont ainsi à prendre avec des pincettes en ce qui concerne le poids de l’ariary face au dollar et à l’euro sur le marché interbancaire de devises. « Certes, cela reste une tendance passagère qui ne peut pas transcrire les réalités. Il peut s’agir de la conséquence des sanctions annoncées par les autorités sur le rapatriement impératif des devises dans les délais impartis, entre autres raisons », explique un des membres nationaux du Cercle des économistes de Madagascar. Une façon pour ce responsable de remettre les pendules à l’heure sur le fait qu’il serait plus judicieux de ne considérer les indicateurs que sur un laps de temps plus conséquent.
Santé passagère
Partant d’une tendance ponctuelle, il est ainsi difficile de conclure à un regain de santé effective de la monnaie nationale pour le moment. Cette situation représente ainsi une opportunité pour les opérateurs au niveau du commerce international. Cependant, les revers font aussi que les prestataires de services dans le domaine de la délocalisation se retrouvent en pleine situation désavantageuse pour le moment. En effet, la régression de la valeur de la monnaie nationale est synonyme d’une économie en mauvaise santé. Cependant, une certaine couche de la société arrive à tirer son épingle du jeu. « Plus l’ariary se dépréciera, plus cela tournera à notre avantage du fait que nos prestations en externalisation de service sont généralement rémunérées en euro », explique un travailleur indépendant dont la majeure partie des clients résident en Europe. Par ailleurs, l’application du taux de change flottant a toujours été une source de divergences depuis son adoption dans la politique du pays pendant près d’un quart de siècle. « Bien ou mal pour l’économie malagasy », cette question à propos du Marché interbancaire des devises demeure comme étant un large sujet à débattre. Raison pour laquelle certains économistes prônent la suppression immédiate de ce marché, tandis que d’autres soutiennent un changement progressif de ce même système en émettant quelques réserves sur les risques entraînés par un basculement brusque vers l’ancienne politique qu’était celle du taux de change fixe.
Hary Rakoto
Au moment où l’aéronef traverse une zone de turbulence particulièrement critique, le premier réflexe du commandant de bord consiste à prendre des hauteurs. Une fois que l’appareil se trouve en altitude, il se stabilise et le vol continue.
Quand les rivières débordent de leurs lits suite aux dépressions tropicales violentes, les consignes que les autorités publiques donnent à l’endroit des populations vivant dans les zones à risques consistent à prendre des hauteurs. Aucune autre solution, il va falloir quitter, du moins momentanément, les sites d’habitation et rejoindre les hauteurs. Une décision impérative qui revient de droit au chef de famille ou à la mère de famille.
Quand les enfants se chamaillent à la maison, papa et maman doivent savoir se mettre à la hauteur de leur rang et de leur dignité. Ils évitent en toute circonstance de prendre position. Quand les Raiamandreny entrent dans la mêlée, c’est fatal pour la petite famille.
Le pays traverse en ces temps-ci une passe difficile. Une conjoncture sociale et politique très délicate au cours de laquelle le Raiamandreny de la Nation à savoir le numéro un du pays n’a pas droit à l’erreur. L’homélie de dimanche à Antsonjombe et la prière qui s’ensuit, tel un puissant explosif, ont déclenché des vagues de secousses ébranlant les esprits et provoquant des débats houleux sinon des polémiques enflammées sous les chaumières, dans les salons ou au cours d’un trajet de taxi-be, à travers les réseaux sociaux et dans l’arène politique. Un moment propice aux débordements !
En pareille circonstance, le Chef de l’Etat s’oblige à prendre des hauteurs. Il ne s’agit point pour lui de fuir à ses responsabilités mais en authentique Raiamandreny, le Président Rajoelina doit logiquement survoler les débats et ne s’aventure guère à fouler les pieds dans la fournaise.
Certainement, il fallait punir les délinquants et remettre sur le droit chemin les errants ou corriger les brebis galeuses seulement tout doit se faire avec tact et diplomatie. Le Président Rajoelina marche sur des œufs ! D’une marge manœuvre réduite et dans une atmosphère tendue comme telle, il n’est pas question d’agir de sorte que la situation dégénère en crise.
Il est d’une mauvaise foi flagrante de nier que l’ambiance qui prévaut présentement dans le pays ne couve pas une explosion sociale. En cause, des vagues de mécontentements sinon d’énervements dues aux défaillances répétées de certains services publics comme la JIRAMA, des dégradations avancées des infrastructures notamment les grands axes nationaux, aux impacts de la flambée des prix et surtout à cette insécurité violente et aveugle qui rampe dangereusement. Sachons que les volcans, dit-on, ne dorment jamais ! Attention.
L’année 2023, comme on le sait, est une année charnière. Le peuple va trancher sur celui qui sera aux manettes du pouvoir au sommet de l’Etat. Un tournant inédit qui ne se reproduit que tous les cinq ans et que de ce fait chacun aura la lourde tâche de ne point rater.
Dans la pratique et dans le cas présent, à quoi rime « prendre des hauteurs » ? En gros, cela consiste à « garder le silence », à surmonter les débats et éviter de se mêler dans l’échauffourée. C’est le mode opératoire le plus efficace. Le silence du Chef de l’Etat inspire du respect.
Le grand saut de Mahazoarivo à Iavoloha, Ntsay Christian ne le fera pas. Contrairement à ses prédécesseurs, Mahafaly Solonandrasana Olivier ou Jean Ravelonarivo, qui se sont présentés contre leur ancien patron, Hery Rajaonarimampianina a la présidentielle de 2018, ou encore Camille Vital, Monja Roindefo, Premiers ministres de Rajoelina durant la Transition et concurrents du candidat soutenu par ce dernier, l’actuel Premier ministre ne s’alignera pas sur la ligne de départ de l’élection présidentielle de 2023.
« Je ne serai pas candidat » a répondu clairement l’actuel chef du Gouvernement à une question qui lui a été posée autour de cette éventualité. Et ce, hier soir durant l’émission « Ady Hevitra » spéciale, diffusée sur les stations publiques, tournée au Palais de Mahazoarivo. C’est l’une des premières fois que le Premier ministre s’exprime à la télévision en dehors de celles qui ont eu lieu durant la période de la crise sanitaire de Covid-19. L’occasion pour le Premier ministre d’être interrogé sur toutes les questions qui pourraient le toucher.
A la question de sa candidature à l’élection présidentielle, Christian Ntsay a ainsi tenu à réaffirmer l’excellence de ses relations avec celui qui l’a nommé, au grand dam de ses détracteurs. Le locataire de Mahazoarivo rajoute que la traîtrise ne fait pas partie de son éducation et dit se focaliser sur son travail pour le pays sous la direction du Président de la République.
Présidentielle cette année
A travers son explication de sa non-participation à cette course à la magistrature suprême, il affiche entre les lignes son soutien à une candidature d’Andry Rajoelina à ce scrutin. Dans ses propos, il loue les qualités de visionnaire, le patriotisme ou encore, le leadership et la droiture de son supérieur, et dit que « le pays a besoin de personnes qui aiment leur patrie, de volontaire, qui ne cherchent pas la gloire, qui ne sont pas égoïstes mais qui travaillent et qui font des sacrifices pour le pays ». Des qualités pour lesquelles il respecte le Président et pour lesquelles les Malgaches devraient « l’aider, afin d’avancer encore plus sur le chemin du développement ».
Cette présidentielle justement aura lieu cette année, assure le Premier ministre. Le Gouvernement, dit-il, n’a aucune volonté de prolonger son mandat, assurant que le Président de la République a cette même volonté et cette même culture démocratique. Une manière pour lui de répondre aux informations déversées en masse par l’Opposition dans la presse et les réseaux sociaux. Lorsqu’une proposition de date sera trouvée par la CENI, le Gouvernement est prêt à l’entériner et avancer vers l’élection, dit-il. Et lui de balayer d’un revers de la main tout problème avec le budget électoral. La loi de finances initiale prévoit un budget pour les élections qui sera rehaussé si besoin est, indique le PM.
Déstabilisation
Le Premier ministre a également choisi ce passage à la télévision nationale pour parler de la motion de censure signée par 105 députés, mais avortée à la dernière minute à l’Assemblée nationale en fin d’année dernière. Une tentative qui renferme « une forme de déstabilisation », selon ses propos, avançant comme argument la requête déposée par le Haut Conseil pour la défense de la démocratie et de l’Etat de droit auprès de la Haute Cour constitutionnelle. Une tentative qui viserait, par ailleurs, selon lui, le Président de la République, car visant l’entièreté du Gouvernement et non seulement le Premier ministre. Une velléité qu’il condamne, appelant à respecter l’alternance démocratique.
Sans affirmer qu’il reste légitime ou non à rester Premier ministre malgré l’échec de cette motion de censure, Christian Ntsay réplique que les députés ont d’eux-mêmes rectifié la mire puisque 107 députés ont affirmé ne pas vouloir une suite à cette motion. Il dit que ce n’est pas ce dont le pays a besoin mais d’apaisement. En tout cas à l’heure actuelle, le Gouvernement et ses membres continuent donc de travailler.
80% de la PGE
Parlant d’ailleurs du travail du Gouvernement, le Premier ministre a dressé un bref bilan de son passage à Mahazoarivo. Il dit que l’Exécutif a travaillé pour affirmer la présence de l’État. Et ce, par la mise en place d’infrastructures administratives de proximité, dont la construction de 13 Hôpitaux manarapenitra et celles en cours de 16 hôpitaux. De 800 écoles, de huit tribunaux de première instance dont certaines sont en cours de construction ainsi que de plusieurs maisons de détention. Des réformes ont également été entreprises dans divers domaines dont le foncier ayant permis la délivrance de 800.000 titres, la lutte contre l’insécurité, la réforme au sein de l’armée, la création d’une 23e Région. « 80% des projets inscrits dans la Politique générale de l’Etat ont été réalisés ou sont en cours de l’être », assure Christian Ntsay et ce malgré un contexte socio-économique compliqué.
Touchant par ailleurs mot des rumeurs autour d’un remaniement ou d’une retouche du Gouvernement, le Premier ministre ne dément pas mais affirme que la décision appartient au Président de la République. Affirmant accepter toute organisation jugée nécessaire, il dit notamment être prêt à accepter un éventuel limogeage si cela est jugé utile. Il insiste par ailleurs sur la nécessité de nommer un nouveau ministre des Affaires étrangères, la place étant vacante depuis le remerciement du précédent titulaire du poste. Rappelant que la dernière retouche du Gouvernement date de plus de 17 mois .
Lalaina A.