Le Gouvernement place l’amélioration de l’accès au crédit parmi les priorités économiques actuelles, avec l’ambition affichée de renforcer le climat des affaires et de soutenir les très petites entreprises (TPE) qui constituent l’essentiel du tissu économique formel du pays.
Devant les députés réunis à Tsimbazaza, le Premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo a annoncé la mise en place du Fonds national pour le développement de l’industrialisation (FNDI), un mécanisme destiné à faciliter le financement des TPE et à les accompagner vers le secteur réel de l’économie. Selon lui, ces structures représentent environ 98 % des entreprises formelles et disposent d’un potentiel important en matière de création d’emplois et de génération de recettes fiscales. « L’objectif est de bâtir un tissu économique solide et équitable », a-t-il déclaré, en soulignant que l’accès au crédit reste l’un des principaux freins à la croissance des petites activités. Des entrepreneurs interrogés partagent ce constat. Un responsable d’atelier de transformation alimentaire à Antananarivo explique que « sans garantie suffisante, les banques restent frileuses, même quand l’activité est rentable ». Pour les autorités, le FNDI devrait justement réduire ces blocages, encourager l’investissement productif et favoriser une meilleure intégration des TPE dans les circuits économiques formels, tout en renforçant la confiance entre l’Etat, les opérateurs privés et les institutions financières.
Contraintes
Toutefois, cette stratégie s’inscrit dans un contexte marqué par de fortes contraintes budgétaires et fiscales. Le Premier ministre a reconnu que l’élargissement de l’assiette fiscale demeure un défi majeur, en raison notamment du faible niveau de collecte des impôts. Actuellement, les recettes fiscales représenteraient environ 10,5 % du produit intérieur brut, un taux inférieur aux standards régionaux qui oscillent entre 10 et 20 %. « Certaines entreprises ne s’acquittent pas de leurs obligations », a-t-il admis, en évoquant des pratiques héritées du passé où il serait parfois jugé plus avantageux de verser des sommes informelles plutôt que de payer l’impôt dans sa totalité.
Cette situation pèse directement sur la capacité de l’Etat à financer des dispositifs comme le FNDI. Pour un économiste local, « l’accès au crédit ne peut pas être dissocié de la gouvernance fiscale, car sans ressources stables, les politiques de soutien aux entreprises restent fragiles ». Le chef du Gouvernement insiste ainsi sur la nécessité d’un changement de mentalité et d’un renforcement de la lutte contre la corruption et le népotisme. Selon lui, cette refondation est indispensable pour instaurer un environnement économique plus sain, capable d’attirer les investissements et d’assurer une croissance durable, même si le chemin reste encore long et semé de difficultés.
Double cérémonie hier à la Chambre haute. Les sénateurs ont en effet procédé à la clôture de la deuxième session ordinaire de l’année qui marque aussi la dernière session ordinaire de la législature actuelle. Une page se tourne pour le Sénat malagasy.
Nommés ou élus, les sénateurs exercent en effet un mandat de cinq ans. L’actuelle promotion, installée en janvier 2021, arrive ainsi au terme de son parcours. Dans un avis rendu le 3 septembre 2025, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) a été claire : le mandat des sénateurs « doit se terminer le 18 janvier 2026 ». Et le principe constitutionnel de l’intangibilité du mandat ne laisse que peu de marge de manœuvre. Une prorogation n’est possible qu’en cas de guerre, d’invasion ou d’insurrection. Autant dire que les « Loholona » devront bientôt renoncer à leurs « seza ».
Une hypothèse reste toutefois évoquée, sans véritable conviction, celle de la tenue d’une session extraordinaire du Parlement, souhaitée par les députés en début d’année prochaine. Si elle devait avoir lieu avant la fin officielle du mandat, les sénateurs pourraient être rappelés. Mais dans les cercles politiques, cette éventualité est jugée hautement improbable.
Dans sa composition, le Sénat comprend deux tiers de membres élus par province et un tiers nommé par le Président de la République. Dans sa dernière configuration, il comptait 18 membres. Cette institution a été fragilisée par une série d’événements marquants durant la dernière législature. En octobre 2023, son président, Herimanana Razafimahefa, avait été unanimement destitué. Deux ans plus tard, en octobre 2025, son successeur, le Général Richard Ravalomanana, a lui aussi été écarté du perchoir. Depuis, la présidence du Sénat est assurée par intérim par Ndremanjary Jean André.
Mais au-delà du sort individuel des sénateurs, c’est l’avenir même du Sénat qui s’écrit désormais en pointillés. Les élections sénatoriales, prévues le 11 décembre, ont été annulées. Officiellement, cette décision est justifiée par « les événements qui se sont déroulés au pays ». Elle s’inscrit aussi dans un contexte politique particulier, entre choix des autorités, concertation nationale en cours et réflexion autour de la mise en place d’une Constitution pour une éventuelle Ve République.
Un vide institutionnel se profile en tout cas à l’horizon. Avec la fin du mandat fixée au 18 janvier 2026 et l’annulation du scrutin, aucun sénateur ne serait en mesure de siéger lors de la prochaine session ordinaire prévue en mai 2026.
Face à cette situation, les autorités devraient saisir la Haute Cour constitutionnelle afin de solliciter son avis. Ambohidahy devra se prononcer sur le devenir du Sénat, conformément aux dispositions de la Constitution. En attendant, la Chambre haute s’apprête à tirer le rideau, sans certitude sur la forme que prendra son retour… ni même sur son avenir.
La Rédaction
Un événement tragique sur la RN7. Dans la nuit d' hier, un grave accident de la route s'est produit à Ambatofotsy, sur la RN7, impliquant un fourgon et un camion. Les services de secours ont été alertés vers 3 heures du matin suite à une collision frontale entre un fourgon Mercedes Benz Sprinter, transportant des ferrailles vers Tsinjony, et un camion en provenance d'Antanifotsy.
Des blessures graves
Le choc a eu des conséquences tragiques, particulièrement pour les occupants du fourgon. Le conducteur, âgé de 39 ans, a été gravement blessé et se trouve actuellement sous soins intensifs dans un hôpital de la Capitale, selon les déclarations de la Gendarmerie d'Ambatofotsy. Un témoin oculaire, qui s'est porté volontaire pour porter secours, a relaté : « C'était bouleversant d'entendre la victime implorer qu'on l'aide. J'ai dû utiliser une chaîne pour libérer le malheureux, coincé dans le poste de conduite, alors que le véhicule était réduit en un tas de ferraille.
Fatigue au volant : une cause probable
Selon les informations recueillies, le conducteur du camion aurait perdu le contrôle de son véhicule après s'être assoupi au volant. Une source au sein de la brigade d'Ambatofotsy a confirmé que le chauffeur, vaincu par la fatigue et le manque de sommeil, était responsable de la collision.
Hier soir même, le conducteur du camion était tenu de se rendre à la Gendarmerie d'Ambatofotsy pour établir un rapport, après avoir pris soin des victimes à l'hôpital. Une enquête est en cours, et une garde à vue est envisagée pour le responsable de cet incident meurtrier.
F. R.
Le Collectif des citoyens et des organisations citoyennes (CCOC) exprime de vives critiques à l'encontre du Projet de loi de finances initiale (PLFI) pour 2026, qu'il considère comme élaboré « dans un contexte de transition politique fragile » et sans aucune consultation populaire. Pour le CCOC, cette absence de concertation affaiblit la légitimité de ce texte crucial et compromet sa capacité à répondre aux véritables priorités nationales. Sur le plan fiscal, le collectif déplore que la pression fiscale envisagée par le PLFI ne dépasse pas 10,7% du produit intérieur brut (PIB), un niveau jugé « trop faible » par rapport aux standards régionaux qui se situent souvent au-dessus de 15%. En revanche, le projet prévoit une augmentation de 35% du recours à l’emprunt public en 2026, une trajectoire qualifiée de « risquée en période de transition » et élaborée sans véritable débat public. Le CCOC attire également l’attention sur la sous-exploitation des ressources naturelles de Madagascar. Malgré ses richesses stratégiques en mines, forêts et hydrocarbures, le pays peine à en tirer parti. Le Collectif pointe les « failles persistantes de gouvernance et de transparence » comme freins à une exploitation rentable et respectueuse de l’environnement. Un autre point préoccupant concerne les subventions accordées à la JIRAMA, la compagnie nationale d’eau et d’électricité, avec près de 800 milliards d’ariary prévus. Le manque de détails sur leur utilisation et suivi budgétaire suscite de sérieuses inquiétudes au sein du Collectif. Pour remédier à ces déséquilibres et l’opacité budgétaire, le Collectif appelle à des consultations nationales inclusives, impliquant associations, syndicats, collectivités locales et experts internationaux. Il plaide également pour le renforcement des organes de contrôle, tant sur le plan financier que de l’indépendance, tout en demandant une transparence accrue sur l’ensemble des postes budgétaires, y compris les subventions et les ressources naturelles.
N.R.
Le 17 décembre dernier, un fait de détournement suivi du vol d'un taxi-moto a eu lieu à Ankadikely-Ilafy. Selon la Gendarmerie, le conducteur du taxi-moto devait déposer un client qui se révélerait être un complice des deux malfaiteurs impliqués. Grâce à l'efficacité d'une patrouille de la Gendarmerie à Ambohimailala Ilafy, l'un des suspects a été arrêté, tandis que ses deux complices ont réussi à prendre la fuite.
Le suspect a été déféré au Parquet et soumis à une instruction, hier soir. La juridiction a accordé une liberté provisoire en attendant une nouvelle comparution prévue lundi prochain au Parquet d'Anosy, pour poursuivre l'enquête, selon des sources proches de l'affaire.
Il semble que le coup était prémédité. La Gendarmerie rapporte que les complices auraient attendu l'arrivée du taxi-moto pour agresser le conducteur à l'aide d'un couteau, dans le but manifeste de voler la moto. Heureusement, l'intervention rapide des gendarmes et des membres du Fokonolona a permis au conducteur de ladite taxi-moto d'échapper à cette tentative criminelle. L'arrestation d'un suspect a également permis de rendre la moto à son propriétaire.
Phénomène de vol de moto : Intervention d'un faux policier évoquée
Dans un autre registre, la Gendarmerie d'Avaradrano fait état d'un phénomène croissant de vols de motos, similaire à des incidents survenant dans d'autres localités périphériques dont Alasora. Des rumeurs circulent concernant des vols orchestrés par un prétendu faux policier. Interrogée à ce sujet, la Gendarmerie a précisé qu'aucune confirmation ni infirmation n'était disponible à l'heure actuelle. "Nous avons entendu parler d'un soi-disant faux policier, mais ces informations sont encore à vérifier, et nous continuons de récolter des renseignements.", a déclaré une source près de la Gendarmerie d'Ilafy.
En attendant, le phénomène de vol de moto semble prendre de l'ampleur dans la périphérie de la ville, malgré les récentes arrestations de personnes impliquées au cours des deux derniers mois.
Franck R.
Une heure par jour. Tel est le droit d’allaitement accordée aux mères salariées jusqu’au 15ème mois de leurs enfants. Pourtant, bon nombre de ces travailleuses peinent à allaiter correctement leurs nourrissons, notamment en lieu de travail. Ceci d’autant plus que la plupart des entreprises ne disposent pas de « coin allaitement », alors que le Décret n° 62-162 sorti en 1962 souligne qu’une société employant plus de 25 femmes salariées devrait avoir cet espace où ces mères peuvent allaiter leurs bébés.
Outre ce manque d’aménagements adaptés en milieu professionnel, les embouteillages figurent parmi les contraintes auxquelles les mères actives, notamment celles dans le secteur privé, font face quotidiennement. P.M., cadre dans une agence de communication, en témoigne. « J’ai fait le choix de l’allaitement mixte. En fait, je ne peux pas rentrer à la maison dans la journée, avec les embouteillages et la distance puisque je travaille à Ambanidia alors que je vis à Amboatavo- Itaosy. Bien que je rentre une heure plus tôt que les autres salariés, j’arrive toujours vers 18 ou 19 heures chez moi. Du coup, j’allaite ma fille le matin avant d’aller au bureau, puis en fin d’après-midi et le soir », nous confie cette jeune mère de famille. Certaines salariées tentent toutefois de s’adapter, avec l’accord de leurs employeurs. « Notre directeur a accepté que je travaille le matin au bureau, puis en télétravail l’après-midi. Cela me permet de m’occuper de mon enfant et de continuer à allaiter », témoigne F.N., fonctionnaire au sein d’un ministère. Dans tous les cas, l’allaitement exclusif reste un luxe que ces deux mères actives n’ont pas pu se permettre.
Des bonnes pratiques à adopter
« Allaiter son enfant est un droit fondamental. Les lieux de travail jouent un rôle clé dans le bon développement de l’enfant. Pourtant, beaucoup de parents ne sont pas en capacité d’assurer cette présence », avance Christine Jaulmes, représentante du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF Madagascar). Par conséquent, des efforts ont été déployés avec le Groupement des entreprises de Madagascar (GEM). « Nous encourageons les entreprises à adopter les bonnes pratiques, entre autres la mise en place d’un coin d’allaitement, des horaires flexibles à accordées aux mères allaitantes, avec une possibilité de télétravail, ou encore les congés parentaux », ajoute la responsable. C’était lors d’une rencontre de sensibilisations avec les entreprises, jeudi dernier à Antaninarenina.
De son côté, le GEM rappelle qu’un atelier de lancement du guide pour des lieux de travail favorable à la famille a eu lieu au mois d’août dernier, avant de passer à sa dissémination à travers des sensibilisations. « La mise en action est en cours. Si la majorité des entreprises dans le secteur privé formel, du moins celles membres du GEM, respectent la loi, les défis persistent. Quoi qu’il en soit, trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale est une priorité », indique Hary Andriantefihasina, vice-président du Syndicat des entrepreneurs du BTP (SEBTP) », dudit groupement. Pour beaucoup de mères, l’allaitement au travail demeure encore un privilège, plutôt qu’un droit pleinement accessible. La question qui se pose est actuellement « comment permettre à davantage d’enfants de grandir dans un environnement sain, sans que leurs mères aient à choisir entre travail et allaitement ? ».
P.R.
Ouverture officielle au jardin d'Ambohijatovo. C’est un moment tant attendu par les habitants de la ville autant que les familles qui ont l'habitude de célébrer la fête de Noël et de fin d'année à Antananarivo. D’ailleurs, beaucoup de gens ont l’habitude d’observer et d’admirer les lumières scintillantes, illuminant certaines rues de la capitale quelques jours avant la fête de Noël. Mais cette année, la magie de Noël se tiendra au jardin d’Ambohijatovo.
Les festivités s’annoncent ainsi très animées dans le centre-ville. L’ouverture officielle de « Noelin’Iarivo » s'est tenue hier au jardin d’Ambohijatovo. Cet événement annuel, très attendu par les familles, promet une ambiance féerique et des activités variées pour petits et grands. L’accès à cette célébration sera ouvert à tous avec un tarif symbolique de 500 ariary pour les enfants et 1.000 ariary pour les adultes. Le lieu est ouvert au public jusqu’au 31 janvier 2026. Les organisateurs ont mis en place des mesures spécifiques pour gérer l’entrée et assurer la sécurité des visiteurs, en partenariat avec les Forces de l’ordre.
Au programme, les visiteurs pourront découvrir des illuminations spectaculaires, des décorations thématiques, des spectacles et animations festives, créant un espace convivial et familial au cœur de la Capitale. Le « Noelin’Iarivo » constitue ainsi un rendez-vous incontournable pour célébrer Noël et la fête de fin d’année, offrant à la population un moment de joie et de partage. Cette édition se veut également un espace de rencontre et de loisirs, où familles, amis et enfants peuvent profiter des festivités dans un cadre sécurisé.
Anatra R.
Le ministre des Mines et des Ressources stratégiques, Carl Andriamparany, a évoqué les ristournes minières destinées aux collectivités territoriales. Il est intervenu lors de la récente session parlementaire pour répondre aux préoccupations des députés. Ainsi, le ministre a répondu aux questions de la députée Ratsiraka Sophie. Il a annoncé la levée prochaine de la lettre de suspension qui bloquait le paiement des ristournes de l’année 2020. « Cette décision permettra aux 18 Communes et 2 Régions concernées de recevoir enfin leurs parts. Le montant total s’élève à 99 milliards d’ariary » a-t-il expliqué. Selon lui, cette mesure vise à renforcer la redistribution équitable des richesses minières au niveau local. A titre d’exemple, dans le District de Vatomandry, les Communes de Sahamatevina et Amboditavolo bénéficieront respectivement de 387 millions et 339 millions d’ariary pour les années 2023-2024. Ces ristournes proviennent de l’exploitation du graphite, une ressource stratégique pour la Région.
Contribution
Ensuite, le responsable a abordé la question de la gouvernance minière et des recettes publiques. En réponse à la députée Manjary Clarisse, il a précisé que l’Etat tire déjà d’importants revenus non fiscaux issus de ce secteur. En effet, le droit et taxe spéciale sur les produits miniers (DTSPM) est fixé à 5 %. A cela s’ajoute une contribution au Fonds minier, équivalente à 3 % de l’investissement initial, versée avant le début des travaux. Ces ressources servent notamment à financer des projets de développement. Le ministre Carl Andriamparany a également rappelé l’importance de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). A cet effet, tous les détenteurs de permis miniers doivent désormais définir et déposer un budget RSE obligatoire, destiné à soutenir les actions sociales et communautaires. Cette démarche permet aux populations locales de bénéficier directement des retombées des activités minières. Enfin, le ministre a évoqué la présence de l’Etat au niveau des Régions. Il a reconnu le manque de moyens des Bureaux d’administration minière régionaux, qui n’ont reçu aucun poste budgétaire depuis 2022. « Toutefois, les Directions inter-régionales des mines (DIR) demeurent ouvertes et disponibles pour accompagner les élus et les acteurs locaux », a-t-il insisté.
Carinah Mamilalaina
Agée de 25 ans, la jeune artiste malagasy Chloé Soafaniry Ramanankasina offre une lecture inédite de la tresse, symbole fort de son identité et de sa culture. Lauréate du Prix Paritana 2025, elle expose actuellement à la Fondation H de Paris (France) une installation immersive intitulée « Renouer les tresses de son identité », une œuvre qui transcende le simple geste capillaire pour devenir un espace de mémoire, de transmission et de résilience.
Le projet, fruit d’une résidence de trois mois à la Cité internationale des arts, s’inscrit dans une démarche à la fois personnelle et collective. La tresse, dans sa pratique artistique, devient un acte social, un rituel de guérison et un vecteur d’héritage culturel. Selon Hannah Abdullahi, curatrice et chercheuse, l’artiste exploite le moment du tressage pour explorer les liens entre geste, oralité et transmission, en revisitant l’histoire du cheveu malagasy au-delà de ses aspects esthétiques. La tresse devient alors un symbole puissant de mémoire collective, de lien intergénérationnel et d’identité.
L’installation se déploie en trois temps. D’abord, des pans de coton noir brodés de mots évoquent l’intimité, la transmission et la mémoire, invitant les spectateurs à une réflexion sur le temps et le geste. Ensuite, une composition sonore, mêlant témoignages de femmes malagasy issues de différentes Régions, évoque leurs souvenirs d’enfance liés à la coiffure, tissant un récit oral riche de sens. Enfin, une œuvre circulaire posée sur des « tsihy » - ces tapis traditionnels de Madagascar - rassemble des tresses textiles inachevées, invitant le public à prolonger le geste, à participer à la transmission de cet héritage.
Au-delà de l’aspect artistique, « Renouer les tresses de son identité » devient un espace de partage où l’intime se transforme en patrimoine collectif. La participation active du public souligne la dimension vivante de l’œuvre, qui évolue au fil des échanges et des souvenirs. La tresse, ici, n’est plus seulement une coiffure, mais un symbole de résilience, d’histoire et de lien social. Née en 2000 à Toamasina, Chloé Soafaniry Ramanankasina vit et travaille en France. Son parcours, entre design, photographie, vidéo et dessin, témoigne d’une volonté de questionner l’identité et la transmission à travers la culture malagasy. Après l’exposition à Paris, son œuvre sera présentée au deuxième trimestre 2026 à l’Institut français de Madagascar (IFM), poursuivant ainsi son voyage entre deux mondes, entre mémoire et avenir.
Si.R