Depuis 2015, un projet de protection sociale intitulé « Filets sociaux de sécurité » (FSS) est attribué aux ménages les plus vulnérables à Madagascar. Ce projet est financé par la Banque mondiale et coordonné par le ministère de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la femme (MPPSPF). Le Fonds d’intervention pour le développement (FID) assure sa mise en œuvre, notamment les transferts monétaires aux bénéficiaires. Si aux dernières nouvelles, près de 700.000 ménages bénéficiaires sont enregistrés, de nombreuses personnes plus vulnérables se plaignent de temps en temps d’être exclues des divers programmes inscrits dans le cadre dudit projet. « Notre quartier à Andavamamba est toujours victime d’inondation à chaque saison des pluies. Et la situation est encore pire après le passage d’un cyclone. Nous sommes tous des sinistrés. L’eau arrive jusqu’à la hauteur de nos lits respectifs, sans oublier la fissure des murs qui va causer d’importants effondrements des cases d’habitation à défaut de réhabilitation. Si la plupart des riverains perçoivent des aides financières, malheureusement, quelques-uns sont rayés de la liste sans avoir reçu aucune explication. Pourtant, nous connaissons des voisins qui mènent une vie assez confortable et qui profitent encore des appuis venant de l’Etat », a martelé Séraphine R., une femme âgée de 65 ans habitant à Andavamamba. Et effectivement, il ne s’agit pas de la seule plainte connue. Des cas similaires se révèlent de jour en jour.
Questionné à ce sujet, Achille Razakatoanina, l’un des responsables de ces transferts monétaires auprès du FID, a confirmé que des centaines de doléances, allant jusqu’à 500 dossiers par mois, sont effectivement reçues par le Fonds d’intervention pour le développement. « Certes, des gens se plaignent toujours d’être exclus mais en guise de réponse, des explications leur sont apportées. Soit, ils ont manqué la période d’inscription. Soit, ils ne répondent pas aux critères de validation, ou encore leurs noms sont déjà enregistrés dans d’autres Fokontany. Déjà, il faut savoir que nous ne sommes pas en mesure de déterminer le niveau et les conditions de vie de chaque ménage. Cela relève d’une responsabilité partagée, notamment de la communauté qui doit nous signaler en cas de doute et des responsables en charge de la validation communautaire (…) Dans un tel projet communautaire, des erreurs de ciblage, d’inclusion et d’exclusion se présentent toujours. Suivant la norme internationale, si les erreurs sont évaluées à moins de 5 %, elles seront toujours acceptables et c’est le cas à Madagascar. Il faut savoir également que nous opérons dans l’urgence et des cas imprévus pourraient se présenter. Les doléances qui nous sont parvenues sont toutes traitées. Mais de là à dire aussi que toutes les personnes qui en font la demande obtiennent de l’aide est quand même faux. Cependant, les demandes favorables existent bel et bien et elles représentent la majorité des dossiers traités », a-t-il expliqué.

A titre de rappel, un montant de 315 millions de dollars mis à disposition par la Banque mondiale soutient le pays afin de mettre en œuvre un système de protection sociale dans 14 Régions. L’on se souvient du premier projet à hauteur de 40 millions de dollars, financé en 2015 par l'Association internationale de développement (IDA). Cela a été suivi d'un premier crédit supplémentaire d'un montant de 35 millions de dollars en octobre 2016 afin de répondre à la grave sécheresse provoquée par le phénomène El Niño dans le sud de Madagascar, assorti d’un deuxième don supplémentaire de 90 millions de dollars en mars 2019 pour étendre la protection sociale. Et en 2021, la Banque mondiale a approuvé un financement supplémentaire sous forme de dons d’un montant de 150 millions de dollars, en accélérant la riposte en protection sociale face à la pandémie de Covid-19.
K.R.

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jeudi, 12 mai 2022

La une du 13 mai 2022

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jeudi, 12 mai 2022

Agenda du week-end

Vendredi 13 mai
Samoëla
Après avoir fait le plein à Antsahamanitra le week-end dernier avec le groupe Raboussa, Samoëla donne un autre rendez-vous, mais cette fois-ci ce sera en version cabaret. Et oui, les férus et grands amoureux du « vazo miteny » seront bien encore gâtés en venant soutenir leur idole. En matière d'animation, Samoëla et sa bande ne sont plus à présenter. Habituée à se produire ensemble et toujours capable d'offrir et de partager une superbe prestation, la formation parvient à divertir au maximum l'assistance à travers ses magnifiques mélodies. A vos agendas, ce soir, monsieur « Be Mozika » et ses musiciens seront au Piment Café, Behoririka à partir de 21h.
Dat’Kotry & Konny J
L’interprète du fameux tube « Sheila » confirme son retour. Après avoir enflammé la scène du Glacier, Analakely à la fin du mois dernier, Dat’Kotry continue d’arpenter la scène de la Capitale. Ainsi, pour ce soir, il a décidé d’investir la scène de l’Ethnika à Analakely à partir de 21h. Une occasion pour l’artiste et ses inconditionnels de renouer le contact et de se remémorer le bon vieux temps. Doté d'un style de musique varié, dominé largement par du rythme typiquement malagasy, il partagera la scène avec une nouvelle étoile montante de la musique actuel, à savoir Konny J. Ces deux chanteurs sont capables de divertir, de faire bouger au maximum et finalement de satisfaire l’assistance à travers un répertoire qui invite le public à rejoindre la piste sans aucune hésitation. Appréciez à nouveau les tubes de Dat’Kotry qui ont des échos partout, à l’instar de « Mbola ho avy », « Mitsakahoraka », « Mamy ny mody » ou encore « Akory aby ».
Silo
Le fameux vendredi 13 de Silo arrive au bon moment. Bien sûr, pour les superstitieux, cette date porte malheur. Mais pour Silo, cette soirée de vendredi sera synonyme de rencontre avec ses fans pour savourer ensemble un instant de musique.  Et avec Silo, on s’attend toujours à beaucoup de surprises. Quand il se retrouve aux commandes, les tubes, même les plus connus, retrouvent toujours une nouvelle jeunesse et sont revisités de manière originale et singulière. Il fait, à travers sa prestation, voyager le public dans un monde musical inédit. Avec ce concert baptisé « Oay Silo », ce soir à partir de 20h 13au Parvis de la gare de Soarano, il va  encore démontrer son talent de musicien hors pair avec ses camarades de scène Young Square, Donnat Trumpet, Ry Mialy, Quatuor Squad et Dj H-Man.
Wada & Yoongs
Le phénomène « Wada & Yoongs » est devenu populaire depuis plus de deux ans. Les deux chanteurs ne cessent de faire des concerts partout dans la Capitale mais également dans les autres Provinces de Madagascar. Ce soir, ils vont de nouveau créer du délire avec leurs tubes sur la scène du Glacier Analakely à partir de 21h. Quelques tours d’horloge pour faire fredonner avec le public leurs tubes populaire du moment, à l’instar de « Tsangory mivadika », « Odoye » ou encore le fameux « Mon amour taloha ». Les noctambules sont avertis ce soir pour un show enflammé.
13 mai 72
Une liste de programmes et d’activités alléchantes est proposée au public pour commémorer le 50ème anniversaire de l’événement du 13 mai 1972. Ce jour, dès 8 heures du matin, l’esplanade Ankatso accueillera diverses manifestations. A 9h, il y aura du « Kabary » pour l’ouverture de la cérémonie, suivi de différents témoignages à propos de l’événement du 13 mai 72. Et à 11h 30 aura lieu le « Diabe fahatsiarovana », suivi d’un concours prévu à 12h. Ensuite, une exposition de photos aura lieu à 13h 30 à l’Hôtel de ville, suivi d’un débat politique à 14h. Un concert avec le groupe Sakelidalana se tiendra à 15h, suivi d’un spectacle avec Benny, Bebey et Nini à 16h. Une rencontre et un débat avec le groupe Mahaleo sont prévus à 17h. Enfin, la commémoration se clôturera avec un grand concert de « The Dizzy Brains » à l’esplanade d’Ankatso vers 18h.

Samedi 14 mai
Bodo
Plus de trois décennies plus tard, Bodo continue encore d’enchanter ses inconditionnels. Après avoir effectué une série de concerts dans l’Hexagone, Bodo est de retour au pays pour une soirée unique. Demain soir à partir de 21h, c’est à l’Ethnika, Analakely que la diva rencontrera de nouveau le public. Fidèle à son image, Bodo va faire un récital qui devrait ravir ses nombreux admirateurs. Habituée à des scènes restreintes, la chanteuse sera plus près du public, histoire de mettre une ambiance bon enfant.
« Teen Beauty Fashion »
La finale de ce concours de beauté devait avoir eu lieu en janvier dernier. Mais en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus, elle a été reportée. Ainsi, la dernière ligne droite pour les prétendants et prétendantes au Miss et Mister « Teen Beauty Fashion » se tiendra demain dans les enceintes du centre IKM Antsahavola à partir de 14h 30. Parmi les 70 candidats sélectionnés depuis le début de l’aventure, il n’en reste plus que 24 dont 11 jeunes garçons et 13 miss. Ces candidats sont encore en course pour être les heureux élus de ce « Teen Beauty Fashion », 4ème édition. Ces candidats se présenteront devant le public pendant trois heures et demie de spectacle, en basant leurs prestations avec les différents thèmes choisis par les membres du jury. A noter que les billets pour pouvoir assister au show sont encore disponibles à l’IKM.
Steve Madagascariensis
Une soirée plutôt reggae durant un concert enflammé pour rendre hommage au roi de la culture rastafari Bob Marley. A l’affiche, un chanteur à découvrir. Effectivement, pour honorer la mémoire de Bob Marley disparu le 11 mai 1982, Steve Madagascariensis va se produire sur la scène du No Comment Bar à Isoraka, demain soir vers 20 heures. Ainsi, le groupe qu’il a formé fait du reggae et va interpréter les morceaux de cette légende. Steve Madagascariensis est classé dans le rang des artistes de haut niveau, capable de créer une chaude ambiance. Sa performance vocale mélangée à la compétence instrumentale de son effectif soudé et complémentaire fait la différence et le rend unique en son genre.
Sitraka Rakotobe

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Entrée en vigueur à partir du 22 mai. Un nouveau plan de circulation, présenté hier, va être appliqué à Andohan’Analakely à partir de la fin de la semaine prochaine. Ce nouveau plan vise à décongestionner ce point noir, à l’image des aménagements entrepris du côté d’Antanimena. Une intersection sur la place Goulette, place du 19 Mai 1929  sera supprimée. Un rond-point sera créé au niveau du magasin Super Music à Analakely.
Pour aller à Anosy, tous les véhicules en provenance d’Ambohijatovo prendront la rue Andrianampoinimerina devant le bâtiment RM1 et rejoindront ce rond-point, tandis que les voitures qui viennent d’Anosy contourneront la place du 29 Mars 1947 avant de rejoindre Analakely. Quelques arrêts de bus seront supprimés ou déplacés.



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jeudi, 12 mai 2022

Il y a cinquante ans !

13 mai 1972 - 13 mai 2022, il y a cinquante ans ce jour, les contestations populaires balayèrent le régime PSD de feu Philibert Tsiranana.
Tout commençait par une grève anodine des étudiants de l’Ecole de médecine de Befelatànana en début d’année, vers février-mars. Personne ne se doutait guère, surtout les tenants du pouvoir, que cette « petite et modeste » grève à l’intérieur du domaine de l’Ecole à Befelatànana allait basculer jusqu’à la chute finale le tout puissant pouvoir PSD trois mois après.
Soutenus par leurs aînés du SEDODIA en substance, Syndicat des médecins diplômés d’Antananarivo, les médecins de l’A.M. (Assistance médicale), d’obédience AKFM, les étudiants de Befela réclamaient « l’alignement » de la formation médicale de Befelatànana au même titre que celle dispensée à Ankatso. Et par la suite, abolir le système humiliant de deux niveaux de médecin à savoir le « médecin de l’AM » sortant de Befela, hérité du système colonial, et le « médecin diplômé d’Etat », de l’université de Madagasikara ou des universités françaises ou d’autres. Une revendication que le pouvoir en place qualifiait d’inacceptable. Au départ, le mouvement n’avait aucune connotation politique bien que le régime PSD l’accuse d’être infiltré par des éléments des partis d’opposition (AKFM, MONIMA ou autres).
L’opinion publique manifestait une certaine indifférence au début à l’égard de la grève. Le monde scolaire et estudiantin, trop obnubilés par leurs soucis quotidiens, ne croyaient pas nécessaires d’accorder le moindre intérêt. Mais quand le mouvement se radicalise dans la mesure où les étudiants grévistes de Befela n’ont jamais voulu en démordre et que la répression des autorités se durcit, les élèves des lycées et les étudiants ont bien voulu apporter leur soutien. Et on commence à remettre en cause le système de l’éducation à Madagasikara en pointant du doigt l’emprise du système néocolonial. Et par l’effet de domino, on dénonce l’hégémonie de l’ancienne puissance coloniale. Et la grève des étudiants de l’Ecole de médecine de Befelatànana se généralise pour en devenir une contestation populaire contre les barons du régime PSD, taxés d’être de simples marionnettes de l’Elysée, de la « France Afrique ». Les leaders du mouvement n’avaient qu’un seul refrain « la chute du pouvoir PSD ».
Impliqué entièrement dans le mouvement, votre modeste serviteur fut très actif à la lutte. Etant étudiant à l’université, à l’époque des faits, j’étais personnellementengagé avec un certain « Oh lala » dans la direction du mouvement. Au moment où le comité de grève et les délégués réunis à l’amphi des Sciences ont été raflés par les éléments de la FRS et déportés à Nosy Lava, nous avions dû prendre le relais. Et quand les FRS ont tiré sur le tasà balles réellescontre les grévistes, les mains vides, devant l’Hôtel de ville sur l’Avenue de l’Indépendance, baptisée « Place du Treize Mai », ce fut le point de non retour du mouvement qui précipita la chute du régime.
Cinquante ans après, quoiqu’on dise, les contestations de mai 72 illustrent la contradiction entre deux systèmes : le système colonial et néocolonial qui veut par tous les moyens pérenniser leur pouvoir et soutirer le maximum de profits, et les aspirations de la jeunesse des pays nouvellement indépendants qui dénoncent toute mainmise étrangère.
Ndrianaivo

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Le degré d’insécurité est particulièrement alarmant dans la Commune rurale d’Ambavahaditokana-Itaosy. La situation est telle que la Commune et la Gendarmerie se trouvent d’un coup dans un état d’alerte maximale. Et ce n’est pas tout. Une mesure drastique a été prise. Depuis le début de semaine, cette même Commune a décidé d’instaurer le couvre-feu sur place. Ce qui fait que les bars et autres endroits fréquentés par les noctambules doivent fermer à 21h tapantes.
Cette mesure draconienne découle de la décision de la Gendarmerie afin de stopper le phénomène d’insécurité qui se traduit notamment par une explosion des cambriolages. Et les gangs ne font plus aucune distinction de cibles : familles modestes, moyennes ou riches, tout le monde n’est épargné !
A Ambavahaditokana, et pendant un mois d’affilée, il ne se passe pas une seule nuit sans qu’on n’entende parler d’un ou des foyers cambriolés. D’après une résidente que nous avons interrogée, une famille a été la cible de ces bandits pendant trois nuits de suite, donc sans interruption. Le témoignage d’un autre habitant semble confirmer cette gravité de la situation d’insécurité observée dans cette localité de la banlieue ouest de la ville. “Pas plus tard qu’avant-hier soir, l’alerte au cambriolage fut donnée. Là, c’est notre voisin qui en était la cible. Lorsque les riverains étaient sortis voir ce qui se passe, grande fut leur surprise en voyant quatre larrons équipés d’objets tranchants, quitter et sortir précipitamment du domicile des victimes”, relate notre interlocuteur.
Autre objet d’inquiétude et de suspicion des habitants, et qui est susceptible d’apporter une explication à cette soudaine explosion du phénomène de cambriolage dans cette Commune : depuis qu’un ou des malfaiteurs venaient de purger leur peine, l’insécurité bondit. D’où la décision des riverains afin d’interpeller la Gendarmerie pour qu’elle renforce sa mission de surveillance.
Et il y a de quoi à être encore davantage inquiet. Nos sources sur place craignent aussi que ces gangs soient motorisés. Car il y ne devrait avoir aucune autre raison pour expliquer le fait que lorsqu’un gang était passé, autrement dit, cambriolé une maison à Ambavahaditokana, tous les objets ont été emportés de la cuisine. Et il y a pire : les animaux de basse-cour et d’élevage dont les cochons, etc. tout y passe !
Enfin, et devant ce sombre tableau, la crainte de l’opinion locale est loin de se dissiper, malgré notamment le couvre-feu. Elle ignore jusqu’à quand cette mesure va être maintenue. C’est qu’elle redoute simplement que les bandits n’y retournent pour recommencer à sévir, une fois la mesure levée. Un sentiment de peur que les habitants des autres Communes des environs partagent : les premiers s’inquiètent de fort possible déplacement des champs d’action de ces cambrioleurs une fois que l’accès à Ambavahaditokana leur est verrouillé, du moins depuis l’instauration du couvre-feu. Ce qui sous-entend que ces autres Communes s’attendent à ce que les cambrioleurs n’opèrent désormais chez elles.
Franck R.

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Madagascar à la 19ème édition de la Gymnasiade, School Summer Games. La Gymnasiade 2022 est un évènement scolaire et sportif international. Un projet sportif, culturel et éducatif porté par l’Union nationale du sport scolaire (UNSS). Deux ans avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024, la Normandie accueillera cet événement qui a lieu tous les deux ans.
 Cet événement se déroule, en France, du 14 au 22 mai 2022 et réunit 5 000 lycéens âgés de 15 à 18 ans, venus de 80 pays et engagés dans 20 sports différents. Les différentes compétitions seront organisées dans les villes du Havre, de Deauville, Caen et Rouen.
Déjà présent au Maroc pour la première organisation africaine en 2018, Madagascar a de nouveau eu l’accord du Gouvernement pour y participer. La Grande île sera donc représentée par les deux judokas de Saint-Michel, qui ont brillé à la dernière Coupe de Madagascar, il s’agit de Herizo Michael (-73 kg) et Santatra (-48 kg).
Les deux athlètes ont quitté le pays ce jour. La délégation malagasy est sous la houlette du directeur des sports scolaires au sein du ministère de l’Education nationale Njaka Tsirofo Rasoloarison.
 L’ambition de la Gymnasiade 2022 en Normandie est de tisser des liens avec tous les pays membres de la fédération internationale du sport scolaire (ISF). La totalité des épreuves des vingt disciplines proposées seront mixtes, et pour la première fois dans l’histoire de ces Jeux olympiques scolaires, trois d’entre elles sont ouvertes aux personnes à mobilité réduite à savoir l’athlétisme, le judo et la natation.
Recueillis par E.F.

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Au point mort. C’est de cette manière que la cellule dirigeante de Madagascar Oil décrit le contexte de stagnation dans lequel la compagnie s’empêtre jusqu’à présent. « Nous avons atteint le maximum de notre capacité de stockage depuis 2016 avec un peu plus de 157 000 barils disponibles depuis. Ce qui nous a contraint à mettre les processus de production en stand-by jusqu’à présent » a indiqué Scott Andrew Reid, CEO de Madagascar Oil SA (MOSA) à l’occasion d’une présentation des points de situation de la compagnie face aux représentants de la presse hier à Ambatonakanga.
Ainsi, Madagascar Oil est toujours en quête de marché que ce soit local ou international. D’un autre côté, les contrats signés dès 2017 entre la JIRAMA, Madagascar Oil et l’Etat demeurent inutilisés à cause des phases de négociation qui pataugent. « Nous avons mené des tests en 2016 et cette année avec les machines de la JIRAMa avec des résultats concluants. D’ailleurs, la JIRAMA a confirmé l’existence de cet essai probant. La hausse imminente et inévitable du prix du carburant causée par la situation mondiale pousse l’opinion publique à se tourner vers les alternatives de proximité à l’instar de la production locale comme l’huile lourde de Tsimiroro.
Pourquoi la JIRAMA n’utilise-t-elle pas du fuel lourd pour alléger ses dépenses financières dans l’achat de carburant auprès de ses fournisseurs, dont certains lui vendent après de l’électricité à un prix de revient excessif. Pour être revendue à ses abonnés à un prix d’achat en deçà du coût de revient. Plus en détail, le premier responsable de la compagnie pétrolière de Tsimiroro déplore le fait que MOSA enregistre, chaque année, environ cinq à six millions de dollars de manque à gagner à cause du fait que les activités de la compagnie soient encore et toujours au point mort jusqu’à maintenant. Raison pour laquelle la société est présentement en prospection pour de nouveaux actionnaires pour augmenter le capital risque de la compagnie. « C’est uniquement de cette manière que nous pourrons assurer la pérennité des investissements et d’arriver à développer nos activités. Autrement, nous allons continuer à perdre de l’argent si le statu quo reste le même », déplore Scott Andrew Reid.
A rappeler que MOSA est installée dans les Régions de Melaky et Menabe depuis près de deux décennies. Une période durant laquelle, la compagnie a procédé à des phases d’exploration et d’exploitation de l’huile lourde de Tsimiroro sans pour autant pouvoir la commercialiser pour l’instant. « Ces cinq ou six millions de dollars correspondent entre autres à des frais de fonctionnement, de gestion ou encore de stockage. Tant que nous ne vendons pas, on se retrouvera toujours en situation de perte », rajoute le CEO de la compagnie.
Les paramètres de blocage du développement des activités de Madagascar Oil sont nombreux. Notamment sur tout ce qui est infrastructures de transport, que ce soit maritime mais aussi et surtout routier. Comme la localisation de la société se trouve en plein milieu de la Route nationale 1 bis et que cette nationale est certainement une des plus endommagées du réseau routier malagasy, la distribution de la production de MOSA s’en retrouve des plus compliquées. Et encore à condition que le produit trouve preneur.
D’après le CEO de la compagnie, la construction de la route faisait partie des engagements communs des autorités et de la compagnie au tout début des négociations. « En vingt ans, les contextes peuvent changer. Comme la société n’a pas les possibilités d’assurer seule la construction, et que la réhabilitation de la RN1 est quasi inexistante, nous sommes ouverts à toutes propositions de collaboration avec l’Etat pour ces travaux », enchaîne le premier responsable de MOSA. D’un autre côté, l’alternative du pipeline entre Tsimiroro et Maintirano envisagée, il y a quelques années lors de l’aménagement d’un port dans le Chef-lieu du Melaky, ne peut se faire qu’à condition que la production reprenne et ne soit décuplée. Autant dire que Madagascar Oil devra encore déployer beaucoup d’efforts pour passer à la vitesse supérieure.      
Hary Rakoto

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Des améliorations. Le secrétaire d’Etat en charge des Nouvelles villes et de l’Habitat auprès de la Présidence de la République Gérard Andriamanohisoa s’est présenté à la presse hier. L’occasion pour le ministre de présenter les améliorations apportées au nouveau tracé de la ligne Orange du transport par câble. En effet, les emplacements des gares et pylônes ont connu des modifications. Les promoteurs du projet ont pris en considération certaines doléances et les exigences imposées par le cahier de charge élaboré par le comité technique d’évaluation  accompagnant le permis environnemental. L’obtention de ce permis montre que le projet a reçu le feu vert et répond aux critères techniques pour la mise en place du transport par câble à Antananarivo. Ces modifications sont à l’origine du décret, modifiant et complétant certains points du décret du 10 novembre 2021 déclarant d’utilité publique des travaux de construction des infrastructures du transport par câble, pris lors du dernier Conseil des ministres.
Le nouveau tracé doit résoudre les obstacles rencontrés auparavant.  Cette ligne « Orange » permettra toujours de relier Anosy à Ambatobe en passant par Soarano, Ankorondrano, Ivandry, Analamahitsy et Ambatobe. Elle ne devrait cependant plus passer par certains endroits pouvant prêter à polémique. De sa gare à Anosy, la ligne ralliera sa gare à Soarano en passant du côté d’Isoraka. A ce propos, la gare du TPC et celle du train urbain se situeront donc dans le même périmètre, du côté de Petite Vitesse, à l’intérieur de la gare des chemins de fer. 
De Soarano, une bretelle vers Antaninarenina sera mise en place. De cette gare de Soarano, la ligne ira directement du côté de la Chambre de Commerce à Ankorondrano, puis vers une gare implantée du côté de l’ARTEC, ensuite vers le Coliseum d’Analamahitsy. La ligne comptera ainsi 7 gares implantées uniquement sur des terrains étatiques, et 50 pylônes, dont la majorité sera implantée sur des terrains étatiques. Certains pylônes seront placés dans des propriétés privées mais sont néanmoins situées dans des réserves d’emprise de voies publiques telles que celles longeant la route des hydrocarbures. Des discussions seront entreprises avec les propriétaires dont les terrains seront concernés. D’une longueur de 8,8 km, cette ligne sera effectuée en 34 mn. Des enquêtes sur la nature du sol précéderont le début effectif des travaux de construction escomptés à partir du mois de juin. L’objectif sera de rendre opérationnel cette ligne pour les Jeux des iles de l’an prochain. Le décret concernant la ligne verte sera publiée incessamment selon les précisions.
L.A.

 

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Antananarivo
Dans la nuit du 1er au 2 avril 1971, des éléments de la gendarmerie et des miliciens du Parti social démocrate (PSD), parti du président Philibert Tsiranana au pouvoir, avaient réprimé atrocement le mouvement des peuples de l’Extrême-Sud de la Grande île, qui criaient famine. Ces milliers de damnés de la terre étaient sous la houlette du parti MONIMA («Madagasikara otronin’ny Malagasy» ou Madagascar dirigé par les Malagasy) de Monja Jaona. Bilan: 2.000 morts, 5.000 prisonniers, des villages entiers rasés et des militants du parti arrêtés à Antananarivo. Or, à la même époque, entre mars et avril 1971, les étudiants de l’Université étaient aussi en grève dans l’enceinte de l’Université. Ils ne n’étaient plus d’accord pour que les examens soient régis par des décrets du gouvernement français. Il faut se rappeler que l’application de ces décrets découlait des accords de coopération culturelle faisant de l’enseignement à Madagascar une partie intégrante de l’enseignement en France. En septembre 1971, André Resampa, -ministre de l’Intérieur et Secrétaire général du PSD, considéré comme le dauphin du président Tsiranana, est arrêté au sortir d’un conseil de gouvernement. Ce sera l’amorce d’une véritable chasse aux sorcières au sein de ce parti. Des dizaines de « Resampistes » sont arrêtés. Comme si çà ne suffisait pas, d’autres arrestations suivent, en septembre et octobre. Mais cette fois-ci pour cause de « complot ». Il s’agit d’intellectuels d’Antananarivo dont plusieurs chefs d’associations
catholiques… Enfin, sur cette même lancée d’irréalisme socio-politique, le président Tsiranana magnifie littéralement l’alliance de la Grande île avec le régime d’apartheid de l’Union sud-africaine de John Vorster pour « lui montrer que les Noirs étaient très bien capables de se gouverner eux-mêmes » ! Puis, c’est le grand calme avant la tempête.

Le Président Philibert Tsiranana (décédé le 16 avril 1978)
Le 30 janvier 1972, M. Tsiranana est réélu avec près de 98% des voix exprimées… En cette année1972, la population totale de Madagascar est de 7.900.000 habitants dont 360.000 concentrés à Antananarivo, incluant 100.000 étrangers (3.000 indo-pakistanais et chinois, 43.500 comoriens de nationalité française et 31.000 français dont 20.000 résidant dans la Capitale). A cette époque de la centralisation à outrance, la seule université de Madagascar, baptisée «Charles de Gaulle», sise à Ankatso, compte 5.000 étudiants. Durant le calme citée plus haut, cependant, les déçus de ce pouvoir, dont l’organe de presse était le journal « Ny Andry » ou Pilier, avaient commencé à distiller des questionnements sur les faits s’étant produit durant
le second semestre de 1971. La politique «à géométrie variable» de l’AKFM («Antokon’ny kongresin’ny fahaleovantenan’i Madagasikara») ou Parti du congrès de l’indépendance de Madagascar du pasteur Richard Andriamanjato, opposant de première heure, mais qui s’acoquine avec le PSD, est aussi vertement dénoncé par «Ny Andry». Vers la mi-janvier, les quelque 200 étudiants de l’Ecole de Médecine de Befelatànana se mettent grève. Ils revendiquent de meilleures conditions d’internat, une meilleure qualité de la nourriture, une hausse de leur bourse et que le système d’enseignement puisse leur permettre d’accéder à la filière supérieure, n’étant que bacheliers et parce que cette école, à l’époque, ne
formait que des médecins auxiliaires. Mais le pouvoir, trop euphorisé par sa fraîche victoire électorale, ignore totalement le mouvement. Face à ce mépris, cette grève va faire tâche d’huile et sortir du cadre de l’Ecole
de Médecine. Des tracts commencent à être distribués dans les écoles et à l’Université. Revenu de sa surprise, le pouvoir fait fermer l’Ecole de Médecine, mettant à la rue une majorité de Malgaches des côtes qui seront hébergés par des familles d’Antananarivo. Cette gaffe va mettre en scène les dirigeants d’associations dont celle des médecins formés dans cette école, le Syndicat des professeurs de l’Enseignement supérieur, l’Association syndicale des étudiants et surtout l’Association des étudiants de médecine et de pharmacie ou AEMEP. La démarche de médiation de l’AKFM, entre grévistes et pouvoir, est étouffée dans l’oeuf à cause de la position ambiguë de ce parti girouette. Le samedi 22 avril, l’AEMEP est dissoute. Mais il est déjà trop tard. Le mardi 25 avril, élèves, lycéens et étudiants se regroupent au jardin d’Ambohijavoto pour descendre ensemble vers l’Avenue de l’Indépendance. Face à cela, le ministre de l’Éducation nationale et des Affaires culturelles, Laurent Botokeky, décide de rencontrer leurs porte-parole, deux délégués par établissement en grève, le mercredi 26 avril, au stade d’Alarobia. Ce seront près de 30.000 jeunes qui déferleront vers ce stade, avec des banderoles ne prêtant pas à équivoque: condamnation de la dissolution de l’AEMEP, suppression des accords de coopération, départ des coopérants français…Je me souviens parfaitement de cette «rencontre» des plus viles et basses que j’ai jamais vécu de ma vie. La majorité de nous était en tenue très «hippy», moi en sous-vêtement orange et en jeans velours pattes d’éléphant crème. Face à nous, très bien protégés par des éléments armés jusqu’aux dents, le ministre, complet-cravate très européen entouré d’une poigne de membres du PSD
revêtus avec des costumes traditionnels des provinces malgaches. Aïe aïe aïe, la politique de Gallieni personnifiée! Et le ministre va s’y engouffrer encore plus. A toutes nos revendications, il a dit : « Oh lala ». Enfin, il parla : «Retournez dans les écoles ! Vous êtes des privilégiés par rapport aux paysans et aux côtiers!». Nous, on a sifflé, crié et fait entendre les premiers «malagasy protest songs». Puis un de nos porte-parole s’est adressé au ministre, malgré les gardes armés: «Puisque vous ne songez même pas à considérer nos revendications, la grève continuera! ».


Me Willy Razafinjatovo.
Ce dialogue de sourds sera le début de la fin du régime PSD. Tous ceux qui sont scolarisés cesseront d’aller dans un établissement scolaire pour rejoindre le campus d’Ankatso, véritable Q.G. du mouvement. Cela durera trois semaines, avec les premiers concerts au stade où le groupe Mahaleo émergera du lot. Sans oublier les «Oh là là» (pour imiter Botokeky) d’un certain étudiant en droit, animateur des premiers jours, qui deviendra Maître Willy Olala, de son vrai nom William Razafinjatovo. Aucun parent ne pouvait empêcher leurs enfants d’y aller « pour la bonne cause ». Quelle était la structure ? Le mouvement était dirigé par un Conseil permanent composé de deux délégués élus par établissement scolaire, aidés par un comité de grève d’une dizaine de membres. Ceux qui avaient des idées proches de l’opposition politique (AKFM et compagnie) n’avaient plus droit à la parole. Toujours exit la politique politicienne à ce moment-là. Exemple du déroulement d’une journée-type: le matin, on se groupait par établissement dans des commissions pour se pencher sur le système scolaire du moment et élaborer des propositions ; l’après-midi tout le monde se retrouvait au stade du campus. Les directives étaient données, on écoutait les infos de la radio et des journaux ; on les commentait ; des groupes de jeunes chanteurs agrémentaient cette véritable messe. C’est en soirée que le comité permanent, qui comptait quelque 400 membres, siégeait.

Modeste Randrianarisoa, 18 ans, tué le 03 mai 1972 à Ambalavao (Fianarantsoa)
Il existait aussi le collectif d’animation et de propagande chargé de mettre, sous forme de tracts, les idées qui étaient relayées par « Ny Andry », pour les diffuser hors du campus, couvert par la franchise universitaire. C’està-à-dire que les éléments des forces de l’ordre n’avaient aucun droit légal d’y pénétrer. Combien étions-nous à ne plus rentrer chez nous ? C’était la belle vie et la liberté quasi-totale ! Peace and Love plus la vague et la vogue des chansons à texte bien malagasy. Les gens de la ville apportaient leur contribution au mouvement. Tout ce qui venait des politiciens étaient systématiquement refusé. A ce stade des choses, l’objectif réel était l’organisation d’une sorte de forum national où tous les scolaires de la Nation élaboreraient un système d’enseignement qui ne serait plus calqué par un gouvernement considéré comme à la botte de la France, pays colonisateur. Aucun
dialogue n’était envisagé et ne serait possible hors de cet objectif. Que pouvait faire le pouvoir ? Arrêter des centaines de jeunes ? Car tous étaient meneurs grâce au système tournant des délégués. Dans cette guerre des nerfs, le pouvoir qui espérait un relâchement, une lassitude jamais venus, en fut pour ses frais. Ce qui précipita les choses tient son origine de la ville d’Ambositra. Il faut dire que tout le système scolaire de Madagascar commençait à se paralyser.
L’impact des poèmes et des chansons à texte limpides y était pour quelque chose. Le 3 mai, alors qu’ils défilent dans les rues de cette ville de la province de Fianarantsoa, des écoliers sont brutalement dispersés par les FRS (Forces républicaines de sécurité calquées sur les CRS en France). Bilan: il y aurait eu deux morts. Informés de cela, les scolaires de la capitale décident de redescendre dans les rues. Ce sera le samedi 7 mai et on sera 40.000, de 9h à 15h ce jour-là, à sillonner les artères d’Antananarivo. Malgré les piètres dénégations de Monsieur le ministre hué par ses propres pairs du PSD, en public, l’annonce de la mort du jeune Modeste Randrianarisoa est officielle. Et encore une très grave erreur du pouvoir : interdiction aux parents de ramener le corps de Modeste à Ambatolampy, dans son tombeau ancestral, route d’Antsirabe! Vraiment, ces Malgaches au pouvoir sont-ils devenus « vazaha » au point de bafouer les us et coutumes ancestrales ? Ils ne sont plus dignes de nous diriger. Et le mouvement a pris une tournure autre. Le 10 mai, des tracts invitent tous les travailleurs - hors AKFM et pro-gouvernementaux- à se réunir avec les scolaires, le samedi 13 mai à 14 heures au campus. Finalement, c’est l’Avenue de l’Indépendance qui sera choisie par le comité permanent, pour prouver que le mouvement sortait du cadre scolaire uniquement. Pas plus.

La réaction du gouvernement sera imprévisible. Dans la nuit du 12 au 13 mai, des gendarmes et des FRS envahissent le campus et procèdent à l’arrestation des 400 personnes considérées comme les meneurs. Avec d’autres personnes « adultes », tout ce monde sera emmené à l’aéroport d’Arivonimamo, direction le bagne de Nosy Lava. Personnellement je n’y étais pas parce que je m’étais caché chez des copains, comme ma soeur. Notre maman, cette nuit-là avait fait le tour de tous les hôpitaux de la ville à notre recherche. Pauvre maman qui en est tombée malade. Très tôt le matin du fatidique samedi 13 mai 1972, le ministre de l’Intérieur - tiens j’ai oublié son nom (il s’agissait de Barthélémy Johasy)- annonce à la radio (il n’y avait pas encore de télé), que les meneurs avaient tous été arrêtés, qu’ils étaient à Nosy Lava «pour payer leur crime», que la grève était finie et que les écoles rouvriraient le lundi 15 mai. Cause toujours ! Ce samedi-là, ma soeur est moi, nous sommes finalement rentrés vers 7h du matin. Nos parents nous avaient formellement interdit de ressortir. En ce temps-là, nous habitions près du garage provincial à Isotry, en face de l’actuel marché aux bois, dans un appartement jouxtant l’ « Akan’ny Provinsa », lieu de rencontre de Manandafy Rakotonirina et son futur parti MFM. Vers 10h, on entend des coups de tonnerre… On se regarde et on se décide que rien ne pourrait nous empêcher d’aller épauler nos copains. Arrivés à la gare, au milieu des «Avoay ny namanay » (Faites sortir nos copains!), on s’est perdu de vue. Moi, j’ai contourné vers Soarano et j’ai débouché sur le magasin à fleurs, à droite de l’hôtel de ville. Aïe aïe aïe ! C’était noir de monde et de fumée de gaz lacrymogène. Ma parole, c’est toute la ville qui était là ! Et le drame arriva : vers les 11h, se sentant encerclés, les FRS en minorité, dont Roland, le fils du rugbyman Ravolomaso -celui qui sera soupçonné d’attenter à la vie du premier ministre Sylla, et assassiné, en avril 2002, dans l’enceinte du Palais d’Ambohitsorohitra-, se mirent consciencieusement à tirer sur la foule à balles réelles! Horreur! Deux de mes copains se font déchiqueter devant mes yeux, moi, j’ai été sauvé grâce à un pilier d’une arcade. Comme tout le monde, je panique et remonte l’avenue vers le restaurant « Le Glacier » où sont parqués des gendarmes armés comme à la guerre mais qui ne bougent pas d’un pouce. Heureusement… Je me retourne et voilà que les FRS sont submergés et essaient de s’enfuir. C’est le lynchage. Personnellement, j’ai gravi les escaliers menant vers Ambondrona en exhortant tous les gens que je connaissais à ne pas descendre là-bas car il y a des morts. Quelques temps après une fumée noire monte au ciel. C’est vraiment l’Hôtel de ville où siégeait le maire Richard Andriamanjato, fondateur de l’AKFM, qui brûle ! Lentement, je redescends. Les gendarmes n’ont toujours pas bougé et s’apprêtent même à vider les lieux. Et où sont passé les FRS? Je vais aux nouvelles. Ils se sont tous enfuis, laissant quelques morts. Certains s’étant réfugiés dans le bel Hôtel de ville, la foule y ont mis le feu, avec leurs véhicules en prime. Les pompiers n’ont rien pu faire car leur camion-citerne a aussi été incendié. Mais cette journée n’est pas terminée. Les gens vont se diviser en deux groupes à la recherche de ces FRS tueurs. Le premier se dirigea au ministère de l’Intérieur qui était à Antaninarenina. Le second, où je me trouvais, vers la maison de la radio. Dans le but d’alerter les provinces de ce qui se passait. Mais face au barrage infranchissable, on s’est replié vers l’avenue puis derrière les pavillons. En passant, le desk du quotidien « Courrier de Madagascar » -fondé en 1962 et contrôlé par l’ambassade de France- est mis à feu… Toujours à la recherche de FRS, on ne voit pas le temps passer. Tous les quartiers sont passés au peigne fin, même les bus ont été fouillés. Aux informations de 19h, le président Tsiranana sort une bêtise : « tsy maintsy miverina amin’ny laoniny ny fiainana na ho atao tsak, tsak, zato arivo aza !... ». Ce qui signifie: l’ordre sera maintenu même au prix de centaine de morts. Puis le couvre-feu est annoncé. Mais quel couvre-feu? Il y avait des gens partout dans la rue jusqu’au petit matin.
Bilan de ces journées : une quarantaine de tués… Dès le lundi 15 mai, la grève devient générale. Près de 100.000 personnes partent de l’Avenue, où fume encore l’hôtel de ville, pour se rendre au Palais présidentiel d’Andafiavaratra. La foule est stoppée par un imposant bataillon armé juste devant le palais. Le général Gilles Andriamahazo sort, pour déclarer que le président est prêt à recevoir les délégués. « Ils sont à Nosy Lava !», crient la foule à l’unisson. Situation tragi-comique. Ce sont des gens d’église qui iront négocier la libération des déportés du 12 mai. Leur retour est prévu à 13h30, sur l’Avenue. Tout le monde redescend donc. Un podium est dressé, en attendant, qui marquera le début de tous les « 13-mai » suivants. A 20h, toujours rien. Le général Andriamahazo monte sur le podium pour calmer les esprits. Enfin, vers 23h, çà bouge. Mais seulement 12 déportés sont revenus… Tout le monde rentre déçu mais rendezvous est pris le lendemain. Finalement, ce mardi 16 mai 1972, peu après 18h, tous les déportés montent tour à tour sur le podium. Puis, une messe est donnée en mémoire aux victimes des jours précédents. Mais la lutte est loin d’être finie et commence à se politiser. Puisque les FRS ont disparu et que le pouvoir ne l’interdit pas, les scolaires vont se retrouver sur cette place pour écouter des discours aux antipodes de leurs revendications originelles. Parmi les orateurs, le jeune Manandafy Rakotonirina (Décédé le 15 mars 2019) et son parti MFM (« Mitolona ho an’ny Fanjakan’ny madinika ») qui va carrément réclamer la destitution du président Tsiranana ainsi que la malgachisation de l’enseignement. Peu à peu, le mouvement estudiantin va être littéralement englouti par des revendications purement politiques. Un comité central de grève des travailleurs est mis en place.


Un membre des FRS aux alentours du lac Anosy, près de la maison de la radio à Anosy
Je passerai sur les détails mais le jeudi 18 mai 1972, après l’annonce du président Tsiranana disant qu’il donnait les pleins pouvoir au général Gabriel Ramanantsoa, celui-ci se rendit sur la désormais Place du 13-mai et monta sur le podium, entouré d’autres officiers supérieurs. Tout le monde l’acclama et ainsi s’acheva le règne du PSD. Quelles leçons en tirer, lorsque l’on connaît ce qu’a vécu le pays les décennies suivantes ? Jamais je n’oublierai ce samedi 13 mai 1972. Mes camarades sont-ils morts pour rien ? A priori, vu que jusqu’à présent les tenants du pouvoir sont incorrigibles dans leur façon de diriger le pays, je répondrais par un oui franc. Mais à bien y réfléchir, je dirai non car ils ont eu l’espoir et l’espérance en eux. Ils l’ont emmené dans leur tombe. Ce n’étaient pas des héros mais des jeunes pleins de vie qui voulaient un avenir meilleur. En retour, ils ont reçu des balles pour un monde encore plus meilleur, dit-on (personne n’en est jamais revenu). Rien que pour honorer leur mémoire, la date 13 mai 1972 ne devra jamais tomber dans l’oubli. Quant à la politique politicienne, je ne pleurerai jamais ceux qui en sont morts et qui en mourront encore. Tant pis pour ceux qui attraperont cette sale maladie. Et c’est pourquoi, ce 13 mai, à 10h, avec l’autorisation des pouvoirs publics, l’association «génération 72», présidé par Me Willy Olala (Ndlr : décédé le 25 janvier 2022), a déposé une gerbe de fleurs sur la stèle de cette Place du 13-Mai.
Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY

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Editorial

  • Rêve brisé ! 
    Rajaonarimampianina Hery, l’ancien Chef d’Etat, risque de voir partir en fumée son rêve de devenir président de la Commission de l’Union africaine. Un poste prestigieux ayant rang de Chef de Gouvernement voire Chef d’Etat selon les circonstances et les cas de figure. Cette Commission est l’organe exécutif de l’Union africaine. Elle est chargée de la mise en œuvre de la politique générale de l’UA arrêtée au niveau de l’assemblée générale, l’instance suprême de l’Union africaine. Le président de la Commission dirige et coordonne les actions des commissaires de l’UA. Il est responsable devant l’assemblée générale présidée de façon tournante par le Chef d’Etat ou du Gouvernement d’un pays membre. La présidence de la Commission est assurée de façon tournante également mais au niveau de chaque sous-région. Le prochain mandat de président de Commission à partir du début de 2025 revient à l’Afrique de l’Est. Et Madagasikara figure en pole position…

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