
Soixante jours ! Telle est la durée de la consigne (militaire) donnée au Gouvernement nouvellement installé par le Chef de l’Etat, le colonel Michaël Randrianirina, assurément avec le consentement des quatre officiers supérieurs avec rang de Président, Hauts conseillers de la République, le colonel Lucien Rabearimanana, le médecin – colonel Manantenasoa Marcellin Zafitasondry Manuelson, le colonel Solofoniaina Rampanarivo et le lieutenant - colonel Gervais Andriamiarisoa. Aujourd’hui, on entame les trente derniers jours. Dans l’Armée, « on obéit d’abord, on discute après ». Et Dieu seul le sait si on aura le temps de discuter après ! Sous la menace de l’épée de Damoclès, sur leur tête, les ministres risquent fort de travailler et d’agir sous pression.
Pour un membre de Gouvernement nouvellement nommé, qu’est-ce qu’on peut réaliser en soixante jours ? La tradition républicaine universellement admise, du moins dans les pays ayant un solide ancrage de la démocratie, on se donne le timing d’accorder les 100 premiers jours de grâce à un nouveau dirigeant pour qu’il fasse ses preuves. Aucune critique ni remarque négative n’est admise durant cette période de 100 jours. Opposition et opinion publique s’interdisent à émettre quoi que ce soit qui puisse remettre en cause les décisions et actions entreprises. Passé ce délai de grâce, les 100 jours, le nouveau dirigeant doit s’attendre à tout !
La période de test de deux mois passée, le colonel Michaël Randrianirina, Chef de l’Etat, a été net et clair, les ministres vont être évalués selon les résultats de leurs actes. Mais, la pertinente question qui irrite les analystes : « qu’est-ce qu’on peut faire en soixante jours ? » Les dirigeants militaires au sommet de l’Etat auraient dû être beaucoup plus précis à travers cet « ordre » ! La crainte des travaux bâclés ou bachotés hantent les esprits des observateurs.
Certains points incontournables attendent obligatoirement un nouveau ministre qui débarque dans un département donné : la mise en place des proches collaborateurs sans quoi il ne pourrait avoir les coudées franches dans tout ce qu’il entend entreprendre. En même temps, il lui faudra avoir en main l’état exact de la situation du département : des urgences à considérer, les travaux effectués, les nouvelles mesures à prendre, … Continuité oblige ! Le premier mois sera pris pour ces premières dispositions. Il reste le second pour démarrer les actions. Encore faudrait-il avoir les capacités techniques et intellectuelles d’agir efficacement dans la célérité et dans le temps imparti. Ce qu’il fallait démontrer !
On aurait dû accompagner le timing du Chef de l’Etat par des éléments complémentaires permettant aux « candidats » d’avoir une large vision de ce qui les attend. Nous estimons qu’il fallait poser un minimum requis dans les deux mois imposés. Entre autres, les ministres seront jugés par le fait qu’ils ont pu jeter les bases solides des axes du travail s’inscrivant dans la dynamique du renouveau qui reflète le changement tant attendu au pays.
Selon les termes du Chef de l’Etat, le colonel Michaël Randrianirina, tout membre du Gouvernement dont les résultats des tests de deux mois ne donnent pas satisfaction ne fera plus partie de l’équipe pour la prochaine étape. Là encore, les critères du test doivent être clairs et transparents pour tous y comprise l’opinion publique.
Ndrianaivo
Le 8 novembre, au lendemain de sa prise de fonction, le nouveau directeur général du Central intelligence service, le service de renseignement malgache, ́le contrôleur général de police Rufin Tolojara Lebiria, a créé la surprise en s’adressant à la presse. Devant les journalistes, il avait annoncé l’existence d’une tentative supposée de déstabilisation visant la Refondation de la République et son président.
Selon les informations alors communiquées, une perquisition de longue durée avait été menée entre le 7 et le 8 novembre dans une vaste propriété appartenant à l’un des deux suspects interpellés. Les deux personnes arrêtées, toutes deux ressortissantes étrangères installées depuis plusieurs années à Madagascar, avaient été placées en garde à vue. Aucune précision supplémentaire sur leur identité ou leur nationalité n’avait été donnée.
Lors de cette opération, les enquêteurs auraient découvert une somme importante en liquide, évoquée à l’époque comme pouvant atteindre 2 milliards d’ariary, ainsi que plusieurs armes à feu. Des fusils de chasse, des pistolets automatiques et des liasses de billets avaient été brièvement présentés à la presse le jour de l’annonce.
Depuis, plus aucune information n’a été rendue publique. Ni les services de renseignement, ni les autorités ayant procédé aux arrestations, ni le Parquet n’ont communiqué sur l’évolution du dossier. Aucun détail sur les auditions, les suites judiciaires, ni l’éventuelle implication d’autres personnes n’a été transmis.
Plus de trois semaines après la révélation de cette affaire, l’enquête demeure totalement silencieuse. On ignore où en sont les investigations, si d’autres suspects ont été identifiés, ou si des éléments nouveaux ont été découverts.
Pour l’heure, seules restent les déclarations initiales du 8 novembre. Le public, comme les médias, attendent désormais d’éventuelles clarifications sur cette affaire présentée comme sensible, dont plus personne ne parle aujourd’hui.
La Rédaction
Le MTEFoP prolonge à deux ans la validité de l’équivalence administrative des diplômes. Un ouf de soulagement pour les usagers. Par note ministérielle n°293/MTEFoP/SG en date du 25 novembre 2025, le Ministère du travail, de l’emploi, de la fonction publique (MTEFoP) a annoncé une modification de la durée de validité de l’équivalence administrative des titres et diplômes. Désormais, cette équivalence sera valable pour une période de deux ans, contre une année auparavant. Cette mesure concerne l’ensemble des usagers sollicitant une reconnaissance officielle de leurs diplômes en vue d’un recrutement, d’un concours ou d’une régularisation professionnelle. Le MTEFoP précise que les demandes d’équivalence administrative doivent être déposées à son siège, situé à 67 Ha, porte 108. Les personnes intéressées sont invitées à se présenter sur place pour toute nouvelle requête. Cette prolongation de validité s’applique dès à présent, conformément aux dispositions de la note ministérielle.
Les drones pour accélérer la reforestation à Madagascar avec des appareils construits localement. Le ministère de l’Environnement et du développement durable (MEDD) a annoncé la relance du projet d’utilisation de drones pour la reforestation à Madagascar. L’initiative prévoit des essais de semis aériens réalisés à l’aide de drones conçus et fabriqués localement par l’entreprise Arial Metrics, afin de restaurer les forêts dégradées, notamment dans les zones difficiles d’accès. Selon un communiqué du ministère, “un partenariat technique sera prochainement signé” avec Arial Metrics pour lancer les premiers tests dès la prochaine campagne de reboisement. L’entreprise, déjà active dans la livraison médicale et la surveillance environnementale, cumule plus de 10 000 vols depuis 2019. Madagascar a déjà expérimenté cette technologie : en 2020, l’Etat avait annoncé l’acquisition de drones planteurs, et en 2021, des tests avaient été menés pour la plantation de mangroves dans la Région de Boeny. En janvier 2022, le MEDD avait confirmé le succès de ces essais et indiqué que des drones seraient utilisés pour la conservation de la biodiversité et le reboisement intensif.
Thierry Rakotonarivo fait son retour à la vice-présidence de la CENI. Hier matin, au siège de la Cour Suprême à Anosy, Rakotonarivo Thierry a prêté serment en tant que deuxième vice-président du bureau permanent de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Sa nomination, en qualité de représentant de l’Assemblée nationale au sein de cette institution, avait été entérinée le 21 novembre dernier. Ce retour marque une nouvelle étape dans le parcours de celui qui connaît déjà bien les rouages de la CENI. Thierry Rakotonarivo avait en effet occupé le poste de vice-président auparavant, avant de démissionner en 2020. Cette décision avait suivi ses révélations publiques sur l’existence de doublons dans les numéros de cartes d’identité nationale lors de la présidentielle de 2018, une affaire qui avait provoqué de vifs débats sur la transparence du processus électoral. Le vice-président a déclaré que les preuves pouvaient être publiées si nécessaire, afin de confirmer l’existence de noms et de numéros de cartes d’identité nationale en double dans la liste électorale.
L’Assemblée nationale adopte le projet de loi sur la production et la commercialisation du toaka gasy. Précisément, les députés ont adopté le projet de loi encadrant la production et la vente du toaka gasy, présenté par le député Andriamihaja Fanomezantsoa Yves Georges, élu dans le District d’Ambositra. Le texte était examiné en seconde lecture, après les amendements apportés par le Sénat. Les élus l’ont finalement voté sans modification, reprenant intégralement les dispositions issues de la Chambre haute.
Les ajustements validés portent principalement sur le volet fiscal lié à la production et au contrôle du toaka gasy, ainsi que sur l’élargissement du comité chargé de délivrer l’« avis conforme » à l’inclusion du ministère de l’Environnement. Le projet de loi précise également que le non-respect des normes sur le taux d’alcool constitue un motif de suspension de production.
Pour renforcer les contrôles, le texte prévoit la mise en place de l’ACSQDA, une structure dédiée à la sécurité sanitaire et à la qualité des produits, en coopération avec le ministère de la Santé publique. Il introduit aussi l’utilisation d’un manuel de procédure scientifique standardisé destiné à accompagner les producteurs dans l’application des normes.
L’objectif affiché est de protéger la santé publique, d’améliorer la qualité des produits et de formaliser la filière du toaka gasy, un secteur ancré dans la culture malgache et contribuant aux revenus des producteurs ruraux.
Lundi soir dernier, un grave accident de la circulation s'est produit à Soavimasoandro, près du terminus des taxis-be de la ligne 120, sur la nouvelle route d'Ivato. Un conducteur au volant d’une Peugeot 405 a heurté un groupe d'écoliers, provoquant une vive indignation au sein de la communauté.
L'accident est survenu en fin d’après-midi lorsque la voiture, conduite par un homme de 42 ans demeurant à Talatamaty, a percuté plusieurs enfants au niveau d’un passage piéton. Le chauffeur du véhicule, qui circulait en état d'ivresse, revenait du rond-point d'Alarobia en direction de Mamamba. Les jeunes victimes, dont les âges varient de 6 à 13 ans, ont été projetées sur plusieurs mètres suite au choc violent.
Les enfants ont été transportés d'urgence à l'Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA), sis à Ampefiloha, où ils reçoivent actuellement des soins d’urgence. Lors d'un contrôle, la Police a mesuré un taux d’alcoolémie de 138 mg/ml chez le conducteur, confirmant ainsi son état d’ivresse. Il a depuis été placé en garde à vue pour permettre une enquête approfondie avant son prochain déferrement.
Cependant, des questions persistent concernant l'implication d’un véhicule pick-up 4x4 qui roulait en contre-sens et s'est immobilisé au milieu de la voie. Ce véhicule, dont l’arrêt à cet endroit a visiblement altéré la visibilité, pourrait avoir contribué à la confusion des jeunes piétons, qui hésitaient à traverser la route. Le tragique incident s'est produit alors que les enfants sont apparus derrière le 4x4, ce qui a entraîné une catastrophe évitable.
Franck R.
Un étudiant malagasy bientôt sur la scène scientifique internationale. Fetratiana Rakotomanga, étudiant en Master de la mention « Ecologie et Gestion de l’environnement » à l’université d’Antananarivo, a été sélectionné pour présenter ses travaux de recherche lors de la prestigieuse « Student Conference on Conservation Science » (SCCS 2026). Sa présentation se tiendra à l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, du 31 mars au 2 avril 2026.
Fetratiana présentera à cette occasion les résultats de ses recherches concernant la restauration des écosystèmes. « L’effet du couvert végétal au sol sur le recrutement des arbres, ainsi que la régénération naturelle dans les paysages post-agricoles et les forêts naturelles », tels seront les thèmes abordés. Les résultats mettront en lumière le double rôle joué par ce couvert. Il peut faciliter l’émergence des jeunes plants, mais aussi la limiter, selon les conditions locales. Fetratiana donnera ainsi des recommandations en matière de restauration écologique qui en découlent, utiles aussi bien pour des initiatives passives qu’actives.
Pour cet étudiant, participer à cet événement constitue une étape déterminante dans son parcours. « Ce sera ma première conférence scientifique internationale. Je suis fier de pouvoir partager les efforts et les défis de Madagascar en matière de restauration devant un public venu du monde entier », a-t-il confié.
Au-delà de la présentation de ses travaux, cette conférence est une grande opportunité pour les jeunes chercheurs en quête de collaboration. C’est aussi une occasion de rencontrer des experts de renommée internationale et de renforcer les perspectives de carrière dans le domaine de la conservation.
La participation à cette conférence nécessite cependant un budget de 3.000 euros, incluant le transport international, le visa, l’hébergement et le frais de conférence. Par conséquent, Fetraniaina Rakotomanga s’active actuellement pour réunir les fonds nécessaires et représenter Madagascar dans cette vitrine mondiale de la conservation.
Anatra R.
Animatrice radio et journaliste depuis une dizaine d’années, Ihony Rasolomalala a récemment fondé et préside l’Alliance des femmes handicapées de Madagascar (ALFHAM). En cette Journée mondiale des personnes en situation de handicap, célébrée chaque 3 décembre, cette mère de deux enfants nous raconte son choix d’être ligaturée. Il s’agit d’une décision mûrie, personnelle et étroitement liée à son handicap.
Des grossesses éprouvantes
Ihony a dû faire face à des difficultés physiques lourdes durant ses 2 grossesses. « La première fois, j’ai dû demander des semaines de disponibilité à six mois de grossesse. Je travaillais à l’époque dans un quotidien national en tant que journaliste. Ce métier inclut de nombreux déplacements et descentes sur terrain. A un moment, je ne pouvais plus suivre », explique-t-elle. Elle a vécu les mêmes difficultés durant sa deuxième grossesse, raison pour laquelle son gynécologue lui a conseillé une ligature.
« Je suis plus ou moins autonome au quotidien. Mais quand j’étais enceinte, je devais marcher avec des béquilles puisque mon corps devenait trop lourd pour moi. Une des raisons pour laquelle j’ai accepté sans hésiter la proposition de mon gynéco de me faire ligaturer », se souvient-elle. « Cependant, on a dû convaincre mon mari, qui était réticent puisqu’il avait peur que j’en subisse des effets indésirables. Après avoir été rassuré, il a finalement accepté et m’a soutenue », ajoute notre interlocutrice.
Pour Ihony, le choix de la ligature n’est ni un renoncement ni une contrainte. C’est une décision réfléchie, liée à son état de santé et à sa volonté de vivre pleinement sa vie de femme, de mère et de militante. Aujourd’hui, elle dit vivre avec plus de sérénité et d’épanouissement, sans inquiétude de tomber enceinte.
Un long chemin vers l’acceptation
Ce choix intime d’Ihony s’inscrit dans un parcours plus large qu’est l’acceptation de son handicap. Elle a pendant longtemps avancé sans faire de bruit. « On m’a déjà proposé de faire mon portrait en tant que femme handicapée, mère de famille et journaliste, mais j’ai toujours refusé », raconte-t-elle. Ce refus d’être mise en avant a commencé à son adolescence, pendant laquelle elle a décliné l’invitation d’intégrer une association de personnes en situation de handicap (PSH). Les doutes se sont intensifiés après sa contamination au Covid-19 en 2021. Paralysée, clouée au lit pendant plusieurs semaines et confrontée à la douleur des nerfs sciatiques, elle a traversé une crise existentielle. « Je me suis posé beaucoup de questions sur ma raison d’être. Je me suis dite qu’il y a sûrement des missions que je dois accomplir », confie la jeune femme leader. C’est cette introspection qui l’amène à s’engager davantage dans l’humanitaire, en tant que bénévole, et dans la vie associative. Au fil de ses émissions radio, elle a rencontré des femmes engagées, des actrices du changement, qui l’encouragent. L’idée d’une association dédiée aux femmes handicapées naît, puis se concrétise et l’ALFHAM a récemment été créée.
« Je peux enfin dire que je suis bien dans ma peau », affirme-t-elle. Son parcours, marqué par les épreuves et le travail sur soi, fait d’elle l’une de ces voix rares qui parlent sans détour de la maternité, du handicap et du droit de choisir.
P.R.
La campagne nationale de l’eau et de l’électricité de Madagascar (JIRAMA) fait face à de nombreuses fraudes, à la fois internes et externes. Certains salariés profitent de leur position pour détourner les paiements des clients. Une mère de famille, souhaitant rester anonyme, explique : « Chez nous, un employé de la JIRAMA fournit l’électricité à plusieurs foyers. Les habitants ne paient pas leurs factures à l’entreprise, mais à lui ». Une autre personne raconte : « Une de notre voisine utilise plusieurs machines à coudre et consomme beaucoup d’électricité. Elle ne paie pas ses factures à la JIRAMA mais chez un employé. Il y a des manipulations sur le compteur. Lorsque l’entreprise a fait une inspection à domicile, ils ont affirmé que nous, la communauté, avions porté plainte, alors que nous n’avions rien fait. Selon les experts, ce type d’abus est l’une des causes des délestages dans le pays. Pour y remédier, la société a renforcé la lutte contre le vol et les fraudes. En effet, un de ses collaborateurs à Fianarantsoa a été pris en flagrant délit de détournement de fonds. « Lors d’un audit, il a été constaté qu’une partie des sommes versées par les clients n’était pas arrivée ou avait été versée en retard sur le compte de l’entreprise. Les preuves recueillies ont permis de porter l’affaire devant la Justice », selon le communiqué officiel.
Mesures
Le Pôle anti-corruption (PAC) de Fianarantsoa a rendu son verdict. Le collaborateur a été condamné à cinq ans de travaux forcés et à une amende de 40 millions d’ariary. Une somme d’environ 28,8 millions d’ariary a été confisquée sur ses biens et son compte bancaire. Le jugement ordonne également l’affichage de la décision à la Commune de Manandriana et le paiement de 30 millions d’ariary à la JIRAMA au titre de dommages et intérêts. La compagnie rappelle qu’elle ne tolérera aucune fraude. « Ces infractions causent d’énormes pertes et affectent la qualité du service pour tous les clients », a ajouté la source. L’entreprise encourage l’usage des modes de paiement numériques. Les virements bancaires et le mobile money, comme MVola, Orange Money ou Airtel Money, permettent d’éviter les longues files d’attente et réduisent les risques de fraudes. Selon un responsable au sein de l’entreprise, « en adoptant ces méthodes, les clients assurent un paiement sécurisé et direct ». La société appelle chacun à respecter les procédures officielles et à signaler toute irrégularité.
Carinah Mamilalaina
Sahy Ratianarinaivo, un ténor malagasy en pleine ascension, se voit attribuer le rôle-titre dans la production de « Robinson Crusoé » au Théâtre des Champs-Elysées, situé à Paris (France), programmée du 3 au 14 décembre dans le cadre de la séquence « Fééries Montaigne ». Ce rôle-titre a été initialement prévu pour être interprété par Lawrence Brownlee, mais le célèbre ténor américain a dû renoncer pour des « raisons personnelles » afin de rejoindre une nouvelle production des « Puritains » au Metropolitan Opera de New York (Etats-Unis).
Face à ce désistement, la direction du théâtre a placé sa confiance en Sahy Ratia, un jeune artiste dont le nom commence à résonner dans l'univers de l'opéra français. Agé de 34 ans, Ratia s’impose comme l’une des plus belles promesses de la scène lyrique française. Né à Madagascar, il a découvert par hasard sa vocation à l’âge de 18 ans lors de master classes dirigées par Pierre Catala. Passionné à l’origine par le rock et membre d’une chorale dirigée par son père, Sahy Ratia a été surpris par ses capacités vocales dévoilées lors de ces ateliers. Cet éveil l’a conduit à envisager une carrière dans l’opéra. A 20 ans, il quitte la Grande île pour Paris, où il étudie d’abord au conservatoire du 16ème Arrondissement de Paris avant d’intégrer le Conservatoire national supérieur de musique. Son talent, combiné à son engagement, lui ont permis de t se démarquer rapidement.
Son ascension se poursuit avec des prestations remarquées, notamment dans « Giuditta » à l’Opéra national du Rhin (Allemagne) en mai dernier, où il a brillamment démontré un équilibre entre énergie et sensibilité. Ratia se distingue particulièrement dans le répertoire français et l’opéra-comique- un genre d'opéra où les scènes chantées alternent avec des dialogues parlés -dont il explore toute la richesse dramatique et musicale pour y exprimer son talent d’acteur lyrique. Sa voix, puissante et pleine de nuances, promet d’insuffler une nouvelle vitalité à cette œuvre rare d’Offenbach, rarement jouée sur scène.
Ce remplacement inattendu représente pour Sahy Ratia une occasion précieuse de se produire sur une grande scène et de confirmer son statut croissant d’étoile montante. Son parcours, marqué par une découverte tardive mais passionnée du chant lyrique et par une détermination sans relâche, met en lumière le potentiel des talents malagasy, souvent méconnus dans ce milieu. Avec « Robinson Crusoé », il s’apprête à offrir une prestation emplie de sincérité et d’émotion, dans un registre qui lui est cher. Une opportunité exceptionnelle pour ce jeune ténor de marquer durablement le cœur du public parisien et même au-delà.
Si.R
