Hier à la mi-journée, le Général Zafisambo Ruphin, nouveau Premier ministre, a effectué sa première apparition publique. Il a choisi pour cela le parvis de l’Hôtel de ville d’Analakely, où étaient déployées des troupes pour assurer le maintien de l’ordre face aux manifestations quotidiennes de jeunes dans le centre-ville. L’occasion pour lui de clarifier la politique du Gouvernement et de rappeler les principes de discipline et de respect à observer dans ce contexte sensible. Le Premier ministre a d’abord souligné que la présence des Forces de l’ordre dans des lieux stratégiques tels qu’Analakely ou Ambohimanambola est « une obligation » pour permettre à la population de vaquer à ses occupations et garantir la sécurité des citoyens. Selon lui, la mesure ne relève pas d’un caprice, mais d’une nécessité pour montrer le travail des autorités et maintenir le moral des équipes déployées. « Il s’agit aussi de rappeler les responsabilités et les compétences requises pour toute action de maintien de l’ordre », a-t-il précisé.
Une lueur nouvelle éclaire le campus universitaire de Vontovorona avec le ronronnement des nouveaux générateurs. Les groupes électrogènes (deux) promis par le Président de la République viennent d’être installés sur les lieux, marquant une étape décisive dans la lutte contre les coupures d’électricité qui perturbaient depuis des mois la vie estudiantine. Comme annoncé avec enthousiasme sur ses plateformes Facebook et X du Chef de l'Etat, le dispositif sera bientôt déployé dans d'autres universités, notamment à Ankatso, pour garantir un accès continu à l'énergie.
Nos confrères et consœurs qui font et refont le tour de la ville afin de glaner des informations vraies et en direct ont fait de l’amer constat : il n’y a plus de loi à Antananarivo, pas de code d’hygiène, pas de code la route. Il n’y a que la loi de la rue qui tient ! La population vit sous la loi des barrages. En effet, les barrages font la loi partout ! Des barrages érigés par les Forces de l’ordre afin de limiter strictement l’accès sur certains sites jugés hautement sensibles, interdits au public comme celui de la Place de l’indépendance populairement nommé « Place du 13 mai ». L’objectif évident étant pour les FDS de garantir au mieux l’ordre public et pour les tenants du régime en place de s’assurer le maximum de sureté pour la stabilité. Pour leur part, les grévistes et les manifestants de rue érigent également des barrages afin d’empêcher les gendarmes et policiers de faire leur travail de dispersion. Au final, à chaque camp son barrage ! Conséquences, les habitants de la ville des mille ont du mal à se faufiler entre les barrages. Les véhicules des particuliers n’en peuvent plus autant. Mais le plus navrant et le plus stressant dans tout ce bric-à-brac, c’est le mouvement des taxis-be, seuls moyens de transport de la grande majorité des gens. Déjà, en période « normale », sans mouvement de grève, ils ne font qu’à leurs têtes, qu’à leur loi. Les barrages partout dans la ville leur facilitent la tâche. Les itinéraires prévus dans les cahiers de charge sont ignorés. Les usagers, l’éternelle victime, peinent à suivre le rythme !
En réalité, l’abracadabrant vécu en ce moment n’est que le prolongement de l’anarchie et de la gabegie qui règnent depuis toujours dans la Capitale. L’équipe dirigeante qui se succédait à l’Hôtel de ville d’Analakely n’a pas pu faire autrement que montrer son impuissance à juguler le mal. Les plus perdants dans cette foire sont les contribuables qui, en fait, paient de leur sueur l’argent pour faire tourner la lourde machine de la Commune mais en retour ils subissent les impacts négatifs et déconcertants de l’anarchie.
Au moins deux facteurs expliquent ce chaos. D’abord, le manque de rigueur des dirigeants. Apparemment, on a l’impression qu’on laisse faire ! Tout observateur de la vie publique constate facilement le laxisme et se demande pourquoi on n’ose pas faire appliquer la discipline à Antananarivo. Les agents de police nationale ou communale se contentent de faire « chanter » leurs sifflets sans aucune prise de mesures coercitives. Sous d’autres cieux, les agents de police ne plaisantent point sur le respect de la discipline, du code de la route. A Paris tout comme à Londres, à Dakar ou à Port-Louis, on ne badine pas avec le respect du code la route. Dans la Capitale malagasy, chacun fait sa loi. Taxis-be, taxis-motos, taxis-bicyclettes, les charrettes à bœufs et à main circulent dans tous les sens selon le code la …rue. Quel gâchis ! Deuxième facteur, la corruption généralisée. Il suffit pour le chauffeur verbalisé de « s’acquitter » d’une certaine somme d’argent, souvent dérisoire, pour récupérer les papiers du véhicule confisqués. Le statu quo en dépit des beaux discours.
Ndrianaivo
Pas d’inquiétude pour la sécurité des prisons à Madagascar. La directrice générale de l’administration pénitentiaire, Volazara Sakina Mohamady, a tenu à rassurer l’opinion publique : la sécurité des établissements pénitentiaires à travers le pays ne présente, pour l’heure, aucune inquiétude. S’exprimant à ce sujet, elle a tenu à rectifier certaines rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, précisant que la situation reste sous contrôle. Selon elle, les syndicats du personnel pénitentiaire disposent d’un espace pour exprimer leurs revendications et évoquer les difficultés rencontrées dans leur travail. Les discussions se poursuivent au niveau du ministère de la Justice afin de trouver des solutions adaptées. Elle a également souligné que, malgré les revendications en cours, la protection et la stabilité au sein des prisons continueront d’être assurées. En cas de demandes dépassant les compétences de la direction générale, des consultations seront menées autour d’une table de dialogue. Les syndicats, de leur côté, demeurent libres de manifester leurs opinions dans le respect des procédures établies.
Le couvre-feu levé dans plusieurs villes. Un souffle de liberté pour les nuits malgaches. Après des longues nuits de restriction, la vie nocturne malgache reprend des couleurs. A la suite des directives du Président de la République, depuis hier, le couvre-feu est officiellement levé à Mahajanga, Toliara, Toamasina et Antsirabe. Une annonce accueillie avec enthousiasme par les habitants et, plus particulièrement, par les acteurs du secteur touristique et de la restauration. Cette décision marque un tournant vers un retour progressif à la normale. Les terrasses pourront désormais rouvrir jusqu’à tard dans la nuit, les hôtels relancer leurs activités à plein régime et les travailleurs de l’hôtellerie retrouver un rythme plus stable. Pour beaucoup, il s’agit d’une véritable bouffée d’oxygène après une période économiquement éprouvante. Concernant les Régions d’Analamanga et de Vakinankaratra, la suppression de cette mesure n’est pas encore actée jusqu’ici vu l’évolution de la situation de la sécurité dans ces deux localités hier. Le Gouvernement souligne toutefois que cette levée du couvre-feu ne signifie pas la fin des précautions. Les autorités appellent la population à maintenir la vigilance, notamment en respectant les gestes de sécurité de base car bien que « La situation soit maîtrisée, la prudence reste de mise ». Du côté des professionnels, la Fédération des hôteliers et restaurateurs de Madagascar (FOHRM) salue une mesure longtemps attendue. L’organisation avait en effet plaidé pour un assouplissement, soulignant l’impact considérable des restrictions nocturnes sur l’emploi et la survie des petites entreprises du secteur.
« Aucun étudiant emprisonné, seulement des cambrioleurs et des vandales »
Face aux rumeurs persistantes concernant les détentions suite au mouvement de contestation de la « génération Z », initié le 25 septembre, le ministère de la Justice a indiqué via un communiqué visant à établir une distinction claire entre les manifestants et les individus poursuivis pour délit. « Aucun étudiant n'a été emprisonné, mais des cambrioleurs et des vandales ». Selon le ministère, les mesures prises à l’encontre des manifestants sont majoritairement clémentes ou de nature préventive. De ce fait, « certains étudiants et citoyens (simples travailleurs) ont été libérés et certains sont sous surveillance judiciaire, conformément aux dispositions légales ». En revanche, le ministère justifie la détention de cinq individus par leur participation à des crimes de droit commun. L'administration souligne que « les personnes impliquées dans les pillages et les incendies de biens sont condamnées par la loi. Des mesures strictes ont donc été prises à leur encontre et ils sont actuellement en détention ».
Sec et sans détour. « Les personnes qui m’ont brossé dans le sens du poil, ceux qui m’ont toujours dit que tout allait bien, que tout avançait dans la bonne direction, ce sont eux précisément qui ont conduit le pays à la situation actuelle », a lâché Andry Rajoelina devant les représentants des forces vives, lors d’un échange qu’il voulait franc et sans filtre, avant-hier à Iavoloha. Une déclaration lourde de sens, qui sonne comme un aveu et, surtout, comme un avertissement.
Le Président semble désormais conscient que les problèmes du pays ne viennent pas uniquement des ministres ou des élus, mais aussi de son entourage immédiat. Le Gouvernement a déjà été dissout, le Premier ministre et ses ministres remerciés. Mais autour de lui, au cœur même du Palais d’Iavoloha, gravitent toujours des collaborateurs, dont certains auraient, selon plusieurs observateurs et aujourd’hui le Chef de l’Etat, contribué à entretenir une vision faussée de la réalité.
Depuis quelques temps déjà, des voix s’élèvent pour dénoncer un cercle fermé, où la flatterie aurait pris le pas sur la franchise. Beaucoup de ceux qui approchent le Chef de l’Etat au quotidien lui auraient vendu une image trop lisse, préférant plaire plutôt que de lui présenter la réalité crue. Cela a pour conséquence des annonces et des décisions peut être mal ajustées ou des signaux non parvenus au sommet.
Aujourd’hui, le Président a ouvert les yeux sur ce constat. « Ceux qui me disaient que tout allait bien »… L’expression laisse entendre qu’il y a eu aveuglement, ou peut-être manipulation. Certains à Iavoloha n’auraient-ils donc eu pour seul but que de préserver leur place plutôt que de servir l’intérêt national ? La question mérite d’être posée.
En tout cas, le discours du Président marque peut-être le début d’un nouveau virage. Si le remaniement gouvernemental a été une première étape, un grand ménage au sein de la Présidence pourrait en être la suite logique. Les observateurs sont nombreux à estimer que c’est désormais à Iavoloha que le Président doit faire le tri, au plus près de lui.
Beaucoup attendent ainsi un geste fort, une purge assumée, un signal clair que le changement ne se limite pas aux ministères. De l’avis de beaucoup, c’est maintenant ou jamais.
L.R.
La méfiance d’un simple vendeur de bœufs a permis de déjouer une tentative d’escroquerie dans la Commune rurale d’Analavory, District de Miarinarivo, Région d’Itasy. Le 7 octobre dernier, un homme âgé de 37 ans s’est présenté pour acheter des bovidés, avec sur lui une somme de 1,7 million d’ariary. A première vue, rien d’anormal. Mais en y regardant de plus près, les billets qu’il proposait n’étaient que de grossières imitations.
L’acheteur, loin d’être dupe, a aussitôt flairé l’arnaque. Sans perdre de temps, il a prévenu la Police d’Analavory, qui est intervenue rapidement. Pris de court, le suspect n’a même pas eu le temps de tenter la moindre fuite. Il a été arrêté sur place et conduit au Commissariat de Miarinarivo pour les besoins de l’enquête.
Les policiers cherchent désormais à déterminer l’origine de ces fausses coupures et à savoir si l’homme faisait partie d’un réseau plus vaste. Les investigations se poursuivent pour retrouver d’éventuels complices et identifier le véritable cerveau de cette affaire de faux billets.
Franck R.
« Aidez-nous à rentrer chez nous ! ». Tels sont les cris lancés par les 21 Malagasy bloqués au Cambodge depuis trois mois. Ils ont quitté le pays après un éventuel recrutement, proposant des soi-disant emplois stables. Mais la situation a pris une autre tournure. « Dès notre arrivée, nos passeports nous ont été confisqués. Nous avons été enfermés et forcés à travailler comme des esclaves. Nos journées de travail dépassent les 12 heures, avec à peine de quoi manger, sans soins médicaux, sans repos », se plaint ce groupe de personnes. Face à cette situation, ces ressortissants malagasy lancent un appel à l’aide auprès des autorités malagasy, du ministère des Affaires étrangères et des organisations internationales. Ils demandent une intervention urgente pour leur permettre de rentrer au pays. Certains d’entre eux sont déjà gravement malades.
Toutes les procédures administratives sont déjà faites. On n’attend plus que leur rapatriement. Selon un communiqué de l’ambassade de Madagascar à Pékin (Chine), ces ressortissants malagasy sont actuellement retenus dans un centre de détention de la Police locale, situé à Siem Reap, au Cambodge. Ces jeunes étaient entre les mains d'organisations criminelles qui les avaient forcés à commettre des escroqueries en ligne. Certains d’entre eux ont été battus, enfermés dans des pièces froides et privés de nourriture pendant trois mois.
Ils ont été ensuite libérés grâce à l’intervention de l’Organisation internationale pour les migrations. Cependant, ils n’ont pas pu récupérer leurs affaires, diplômes, effets personnels, salaires, et même leurs vêtements. « Dans le cadre de sa mission de protection et d’assistance aux ressortissants malagasy en détresse, l'ambassade malagasy en Chine maintient un contact permanent avec les autorités cambodgiennes afin de clarifier le statut de ces migrants et de garantir leur prise en charge dans le respect de leurs droits et leur dignité. Dès que leur situation sera régularisée, les démarches appropriées seront engagées afin de faciliter leur retour au pays », indique-t-on.
Ainsi, les autorités appellent les Malagasy à être vigilants face à la croissance des offres d’emploi à l’étranger ainsi que des agences de placement.
Anatra R.
« Nous n’en pouvons plus !». Bon nombre de commerçants du marché d’Alakamisy situé à Mahamasina-Anosy ont haussé le ton hier. « Cela fait 3 jeudis de suite que nous n’avons pas pu s’exercer librement à cause des manifestations. Les affrontements entre les jeunes manifestants et les éléments des Forces de l’ordre, ainsi que les barrages érigés par les deux entités dans divers coins constituent des obstacles pour notre gagne-pain », ont-ils déploré. En fait, une grande partie des marchands ont installé leurs étals très tôt le matin, sans pour autant sortir tous les articles au cas où les tensions montent, ainsi que pour éviter les éventuels pillages. C’était surtout le cas du côté du Gymnase couvert jusqu’au devant du stade Barea, ainsi que du côté du bord du lac Anosy. Les marchands ont aussitôt plié bagages vers 9h et 10h, dès que les Forces de défense et de sécurité et les manifestants étaient sur place.
Ce n’était pourtant pas le cas du côté du Gerb’or et Palais des Sports, où les marchands de légumes et fruits ont pu exercer librement, malgré leur crainte de débordement. « Le marché devient de plus en plus morose puisque les clients hésitent à se déplacer, sauf ceux qui sont à la recherche d’un article particulier. Dans une telle situation de crise, les défavorisés en paient toujours le prix fort », se désole un marchand de légumes venant d’Ambatofotsy. Dans tous les cas, ce ne sont pas seulement les marchands d’Alakamisy qui en paient le prix fort, mais également les commerçants aux environs. Ces derniers ont dû fermer leurs boutiques par mesure de sécurité et pour éviter les impacts du gaz lacrymogène...
P.R.
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La Maternité de Befelatanana accueille la vie et la protège. Mais avec les affrontements quasi journaliers qui ont lieu aux alentours de cet établissement hospitalier, les nouveau-nés et leurs mères sont en danger. A plusieurs reprises, cet hôpital a été victime des affrontements entre les Forces de l’ordre et les manifestants. Les échauffourées répétées mettent en danger la sécurité des patients, celle de leurs accompagnateurs et du personnel médical.
Hier encore, le pire est arrivé. Des projectiles ont touché la Maternité de Befelatanana. Les balles ont laissé une marque sur le mur, provoquant une panique. Le gaz lacrymogène s’est infiltré dans les chambres. Les bébés suffoquaient, alors que les nouveau-nés sont les plus sensibles aux problèmes respiratoires, selon une infirmière.
Face à cette situation, le personnel médical dénonce une situation insoutenable. « Nous essayons d’assurer nos services, mais nous travaillons dans la peur permanente », confie un médecin. Les soignants craignent que ces incidents ne reproduisent, mettant encore davantage en péril la santé des mères et des nourrissons. Ils exhortent les autorités à protéger les établissements de santé, qui devraient rester des zones neutres en toutes circonstances. D’ailleurs, plusieurs associations de défense des droits humains demandent également que les affrontements soient éloignés des structures sanitaires. Les hôpitaux ne doivent jamais devenir des lieux de bataille.
Anatra R.